Objectifs
Connaître les principes de la législation française vis-à-vis de la compensation du handicap et de l’accessibilité (loi du 11 février 2005), et leurs conséquences sur les pratiques médicales (voir item 54).
Évaluer au plan clinique et fonctionnel une incapacité ou un handicap d’origine motrice, cognitive, sensorielle, viscérale ou génito-sphinctérienne (déficit, limitation d’activité et de participation). Analyser les principales situations de handicap par l’examen clinique, les questionnaires, les échelles génériques ou spécifiques, et les principales techniques instrumentales utilisées en pratique courante. Acquérir les bases d’évaluation du pronostic et du traitement d’une affection incapacitante sur la base des notions générales de plasticité sous-tendant la récupération fonctionnelle. Savoir organiser le retour ou le maintien à domicile d’une personne handicapée. Connaître les principales aides humaines professionnelles pouvant intervenir au domicile de la personne handicapée. Analyser les implications du handicap en matière d’orientation professionnelle et son retentissement social.
Favoriser le maintien au travail : connaître les bases de l’organisation de la formation professionnelle et de maintien à l’emploi des personnes handicapées (maisons départementales des personnes handicapées [MDPH], Association de gestion du fonds pour l’insertion professionnelle des personnes handicapées [AGEFIPH], Fonds pour l’insertion professionnelle des personnes handicapées dans la fonction publique [FIPHFP], Pôle emploi).
Dans le monde, plus de 1 milliard de personnes vivraient avec un handicap, dont 3,8 % jugé comme sévère. En France, il ressort des enquêtes nationales que 40 % de la population se déclare en situation de handicap dans un des gestes de la vie quotidienne, avec une limitation jugée comme forte pour 10 % d’entre eux, à cause d’une maladie caractérisée comme chronique pour la majorité des patients. Ceci reflète une prévalence majeure des conséquences des déficiences de toutes causes dans notre population, assortie d’une fréquence qui s’accroît nettement avec l’âge (seuil basculant à partir de 65 ans).

Principes de la législation française et leurs conséquences sur les pratiques médicales

Définition du handicap

Le handicap est défini par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) comme « une limitation du fonctionnement humain. Il résulte d’une interaction complexe entre la maladie, les capacités du sujet et la participation de cette personne à la vie sociale avec l’accès à ses différents environnements ». Il est caractérisé selon le modèle de la Classification internationale du fonctionnement (CIF), qui permet de tenir compte de tous les aspects de la maladie. L’environnement est aussi important à considérer que la maladie dans la genèse du handicap, on parle donc de « personne en situation de handicap » (PSH).

Cadre historique de la législation

Inscrit au dictionnaire de l’Académie française en 1913, le terme « handicap » englobe tous les termes employés usuellement jusqu’alors et connotés négativement (débile, bossu, cul-de- jatte, mongolien, trisomique, etc.). Il remplace le terme « invalide » dans les textes officiels, pour une approche plus positive. La législation de 1957 puis celle de 1975 renforcent l’emploi de ce terme sous la forme de « personne handicapée », mais elle reste trop circonstanciée à l’approche médicale et aux conséquences de la maladie sans suffisamment prendre en compte le statut social de la PSH.

Que dit la loi actuelle ?

La loi pour « l’égalité des droits et des chances » de 2005 transforme l’approche du handicap en France en stipulant, dès son article 2, que « toute limitation d’activité ou restriction de participation à la vie en société subie dans son environnement par une personne en raison d’une altération substantielle, durable ou définitive d’une ou plusieurs fonctions physiques, sensorielles, mentales, cognitives ou psychiques, d’un polyhandicap ou d’un trouble de santé invalidant » constitue une source de handicap. Cette nouvelle législation transforme ainsi le statut de la personne en situation de handicap et lui donne accès à de nouveaux droits, parmi lesquels le droit à la compensation. Elle inscrit l’utilisation de la CIF comme modèle d’évaluation du handicap.

Conséquences de la loi du 11 février 2005

La loi donne accès à toute personne concernée au droit à la compensation, quels que soient son âge, son mode de vie ou l’origine de son handicap. Cela se traduit par des obligations d’accessibilité aux bâtiments et aux transports, d’intégration des enfants à la scolarisation et des travailleurs handicapés à l’emploi en milieu ordinaire et de versement d’une prestation de compensation du handicap (PCH), non soumise à condition de ressources. Ces contributions sont placées sous la responsabilité des maisons départementales des personnes handicapées (MDPH) créées par cette même loi ; au niveau national, c’est la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA) qui gère la part sociale de la prestation. Les MDPH constituent un guichet unique pour l’information, l’aide et l’attribution des droits des personnes en situation de handicap et de leurs proches via la Commission des droits et de l’autonomie des personnes handicapées (CDAPH). Cette commission propose, sur la base de l’évaluation multidisciplinaire réalisée par la MDPH, un plan personnalisé de compensation du handicap (PPC) qui permet l’octroi de la PCH et statue sur l’allocation adulte handicapée (AAH) et la carte mobilité inclusion (CMI, ancienne « carte d’invalidité »). La PCH donne accès à cinq grands types d’aides : les aides humaines, les aides techniques et animalières, les aides pour l’aménagement du logement ou du véhicule, la prise en charge du surcoût du transport, et les aides spécifiques ou exceptionnelles.
La réponse aux besoins des personnes en situation de handicap est complexe, associant à cette contribution sociale un volet sanitaire (soins médicaux, paramédicaux, aides techniques et autres dispositifs médicaux, etc.). Ce dernier est assumé par la Caisse primaire d’assurance maladie dans le cadre des prestations de soins garanties aux assurés, à des conditions variables selon les statuts (régime général, accident du travail, bénéficiaire de l’AAH), et plus ou moins complété par les mutuelles ou assurances privées. Toutes ces prestations et aides pour la personne en situation de handicap dépendent de l’âge du bénéficiaire : au-delà de 60 ans, le financement de la dépendance n’est pas conditionné par la PCH mais par l’allocation personnalisée d’autonomie (APA).
Les aides et ressources sont indispensables pour permettre le retour et/ou le maintien à domicile des personnes en situation de handicap. La législation permet ainsi la reconnaissance du statut de personne en situation de handicap et facilite l’application des droits pour favoriser insertion et participation.

Évaluation clinique et fonctionnelle

L’évaluation du fonctionnement des individus (versant positif du handicap) repose sur le modèle de la CIF selon trois principales dimensions (fig. 1) :
  • le corps de l’individu, comprenant les fonctions organiques et les structures anatomiques dont l’état détermine la présence d’une déficience ;
  • l’individu, avec les activités qu’il réalise et qui peuvent faire l’objet d’une limitation ;
  • la société, avec l’implication d’une personne dans une situation de vie réelle (participation) pouvant faire l’objet d’une restriction.
Il faut noter l’importance des facteurs environnementaux et des facteurs personnels qui influencent la participation.
Plusieurs termes sont essentiels à comprendre pour analyser le fonctionnement et déterminer le handicap : les structures anatomiques désignent les parties anatomiques du corps, telles que les organes, les membres et leurs composantes ; les fonctions organiques désignent les fonctions physiologiques des systèmes organiques (y compris les fonctions psychologiques).
Les déficiences désignent des problèmes dans la fonction organique ou la structure anatomique, tels qu’un écart ou une perte importante.
L’activité désigne l’exécution d’une tâche ou d’une action par une personne.
Les limitations d’activité désignent les difficultés que rencontre une personne dans l’exécution d’activités.
La participation désigne l’implication d’une personne dans une situation de vie réelle.
Les restrictions de participation désignent les problèmes qu’une personne peut rencontrer dans son implication dans une situation de vie réelle (vie personnelle, familiale, professionnelle, etc.).
Les facteurs environnementaux désignent l’environnement physique, social et attitudinal dans lequel les gens vivent et mènent leur vie (v. Focus).
L’évaluation fonctionnelle, qui peut être clinique (aidée ou non d’échelles d’évaluation générique ou spécifique) ou paraclinique, se décline pour les différentes déficiences (v. Focus).

Analyse des principales situations de handicap

Plusieurs dimensions du handicap peuvent être évaluées, parmi lesquelles figure en premier lieu la limitation d’activité. L’évaluation de la restriction de participation est également nécessaire ; elle permet d’apprécier le retentissement social de la pathologie et s’intéresse au projet de vie de l’individu. La qualité de vie est importante à évaluer chez des patients présentant des déficiences avec un retentissement sur leurs activités ou sur leur intégration fonctionnelle et sociétale. De nombreux questionnaires/échelles, qu’ils soient génériques (test SF36) ou spécifiques, existent désormais.

Examen clinique

L’examen clinique, comportant un interrogatoire et un examen physique, reste au premier plan de l’évaluation et est à réaliser de manière systématique. Il permet non seulement d’évaluer les déficiences mais également leur impact fonctionnel sur les limitations d’activités et situationnelles (impact à domicile, lors des loisirs, lors de l’activité professionnelle) et sur les restrictions de participation.

Échelles

L’utilisation d’échelles ou de questionnaires valides et fiables est une autre source d’information, surtout si le clinicien cherche à comparer son évaluation à une situation initiale (dans le cadre de sa pratique ou d’une recherche clinique). Les échelles dites « génériques » peuvent s’appliquer à l’ensemble des pathologies et explorent le plus souvent une limitation d’activité. Elles se distinguent des échelles dites « spécifiques », qui ne s’appliquent qu’à une population donnée et ne peuvent pas être utilisées dans d'autres situations, sauf validation appropriée. Les échelles génériques les plus employées sont, par exemple l’échelle de Rankin (séquelles d’accident vasculaire cérébral [AVC]), l’indice de Barthel (pathologies neurologiques), la mesure de l’indépendance fonctionnelle (MIF), validée dans de nombreuses pathologies, l’échelle d’activités instrumentales de la vie courante (Instrumental Activities of Daily living, de Lawton [IADL]), et la grille AGGIR (autonomie gérontologie groupes iso-ressources).

Évaluation instrumentale

Enfin, l’analyse instrumentale (analyse quantifiée de la marche, électromyogramme, bilan urodynamique) permet d’apporter une évaluation spécifique et quantifiable.

Bases d’évaluation du pronostic et du traitement

L’exemple spécifique de l’AVC est utilisé dans ce chapitre.
Avec 152 635 cas annuels en France (Prado 2017, bases PMSI MCO et SSR), l’AVC est la première cause de handicap non traumatique de l’adulte (25 % de séquelles invalidantes), la deuxième cause de trouble neurocognitif majeur et la troisième cause de mortalité de l’adulte (25 % de décès).

Définition de la plasticité

Le système nerveux central (SNC) a besoin d’être adaptable pour répondre à de nouveaux environnements, apprendre de nouveaux comportements et compenser d’éventuelles lésions. Selon Ridding et Rothwell, « la plasticité est la capacité du SNC à modifier l’efficacité de la transmission au sein des réseaux neuronaux ». Dans le cadre des lésions cérébrales acquises, la plasticité cérébrale concerne l’ensemble des modifications durables de la connectivité cérébrale, permettant la récupération de la fonction.

Mécanismes de récupération après un AVC


Restitution ad integrum

Autour de la zone d’infarctus cérébral, il existe une zone de souffrance cérébrale plus large (modification temporaire du débit sanguin et du métabolisme cérébral) mais dont le tissu neuronal a été préservé : c’est la zone de pénombre ischémique. Cette zone est susceptible de fonctionner comme avant et dans un court délai, ou d’évoluer vers l’infarctus. L’objectif des traitements de la phase aiguë (équilibres tensionnel, glycémique et thermique ; thrombolyse) est de limiter l’apparition de lésions secondaires (neuroprotection).

Substitution

Il s’agit de la récupération de la même fonction grâce à la plasticité neuronale.
Reprise du fonctionnement neuronal
La réparation repose sur des mécanismes spontanés tels que la résolution du diaschisis (phénomène d'inhibition fonctionnelle soudaine d’une partie du cerveau située à distance d’une lésion cérébrale mais qui possède des liens anatomiques et physiologiques directs ou indirects avec la zone lésée). La régression pourrait s’expliquer par la pousse de nouvelles terminaisons axonales ou par la multiplication de récepteurs post-synaptiques.
Reprise de fonction par une autre zone ou une autre voie
Il s’agit du phénomène de vicariance, qui est la capacité d’une région cérébrale à assurer la fonction d’une autre, par la réorganisation des projections neuronales, l’hyper­excitabilité, le démasquage de réseaux existant initialement inhibés. Pour exemples, citons l’utilisation de la voie pyramidale directe dans la récupération de l’hémiplégie, ou l’utilisation de l’hémisphère droit (qui participe physiologiquement au langage) dans la récupération du langage.
Réorganisation de l’activité cérébrale
Une réorganisation locale homolatérale à la lésion et périlésionnelle ainsi que des aires motrices secondaires et bi-hémisphérique entre en jeu. Il existe une inhibition réciproque d’un hémisphère sur l’autre (plus importante de l’hémisphère dominant sur l’hémisphère non dominant).
Multiplication cellulaire
Elle n’est pas clairement démontrée dans la récupération et est limitée à quelques zones cérébrales (hippocampe, bulbe olfactif).

Compensation

En cas de récupération incomplète, une plasticité mal­adaptative peut se développer et être à l’origine d’épilepsie, de syncinésies et d’une spasticité. Une amélioration fonctionnelle est possible par compensation : aménagement de l’environnement, instauration d’aides techniques appropriées.

Modalités de récupération et facteurs pronostiques

À la suite d’un AVC, de nombreux facteurs de bon pronostic sont retrouvés dans la littérature, mais il n’existe pas de consensus. La récupération se fait habituellement selon un gradient proximo-distal et va de la synergie à la sélectivité, principalement dans les trois premiers mois mais se poursuit jusqu’à six mois.

Modalités de récupération en fonction de la déficience

Membre supérieur
La récupération est souvent incomplète, non fonctionnelle (80 % de déficit persistant à 6 mois). Les possibilités d’une abduction de l’épaule 72 heures après l’AVC, d’une extension des doigts à une semaine après la lésion seraient des facteurs de bon pronostic.
Marche
Quatre-vingts pour cent des patients retrouvent la marche avec ou sans aide technique.
Langage
Il est difficile de prédire la récupération. On estime la persistance d’une aphasie sévère à 35 % des cas à cinq ans. La répétition précoce de mots semble être un facteur prédictif de récupération.

Facteurs pronostiques de récupération connus

La récupération d’un AVC à six mois dépend de plusieurs critères, cliniques ou paracliniques.
Facteurs cliniques
Liés à l’AVC
Ils sont appréciés à l’aide du National Institutes of Health Stroke Score (NIHSS) initial : plus le score est élevé, moins le pronostic est bon. La présence de troubles de la déglutition et d’une incontinence urinaire est également associée à un mauvais pronostic fonctionnel.
Liés au patient
L’âge, la présence d’une multimorbidité, d’un isolement social et d’un faible niveau socioéconomique sont des facteurs de mauvais pronostic. L’état post-lésionnel, avec la présence de déficits spécifiques (postural, atteinte complète du membre supérieur, troubles cognitifs notamment négligence spatiale unilatérale et dépression), est aussi un élément pronostique important.
Facteurs paracliniques
Ils sont appréciés à l’aide de l’imagerie encéphalique : type de lésion (hématome de moins bon pronostic), volume lésionnel (plus le volume est important moins le pronostic est bon), localisation et lésions préexistantes (leuco-encéphalopathie, micro-saignements).

Facteurs liés à la rééducation

Une rééducation précoce et intensive est favorable à la récupération neurologique.

Retour ou maintien à domicile

Aides et financements

L’évaluation de la nature des déficiences et de leurs retentissements mais aussi du contexte (environnement, entourage, etc.), par le médecin référent de la personne en situation de handicap, est une étape indispensable pour définir les aides nécessaires lors d’un retour à domicile. L’attribution d’une compensation à la personne en situation de handicap repose sur une évaluation multidisciplinaire réalisée par la MDPH, se fondant sur un certificat médical rendant compte de l’évaluation par le médecin référent. Les différentes aides et leurs modalités de financement sont résumées dans la fig. 2.
Différents types d’aide humaine peuvent être nécessaires en fonction du handicap :
  • infirmier diplômé d’État (IDE)/aide-soignant : soins à domicile, aide à la prise des traitements, à la toilette et à l’habillage ;
  • hospitalisation à domicile : soins complexes ;
  • auxiliaire de vie : aide pour les actes de la vie quotidienne (toilette, habillage, prise des repas) ;
  • aide ménagère : entretien, courses, repas ;
  • portage des repas à domicile (financé par la prestation de compensation du handicap ou l’allocation personnalisée d’autonomie, dans certains cas).

Logement

L’accessibilité du logement en intérieur et en extérieur doit être évaluée en fonction des modalités de déplacement de la personne en situation de handicap. En cas de nécessité d’aménagement spécifique, un financement est possible par la Commission des droits et de l’autonomie des personnes handicapées (CDAPH).
Lorsque le maintien ou le retour à domicile n’est pas possible, l’orientation vers un établissement spécifique pour l’hébergement est décidée par la CDAPH pour les adultes de moins de 60 ans, en fonction de leur niveau de dépendance.
Pour les adultes de plus de 60 ans, des structures spécifiques telles que foyer logement ou établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) peuvent être proposées, avec une charge financière personnelle souvent plus importante pour la personne en situation de handicap.

Conduite automobile

Certaines situations de handicap entraînent l’impossibilité de conduire, ou la nécessité d’une évaluation spécifique pour la délivrance d’un permis à durée limitée. Une évaluation par la commission départementale du permis de conduire ou par un médecin agréé permet de valider l’aptitude ou de proposer des aménagements du véhicule nécessaires pour la reprise/poursuite de la conduite. Une aide financière est possible par la MDPH ou des organismes spécifiques d’aide à la réinsertion professionnelle.

Implications du handicap en matière d’orientation professionnelle et retentissement social

Cadre général

Le maintien d’une personne en situation de handicap sur le marché du travail recouvre schématiquement deux cas de figure temporels, qui peuvent parfois se succéder chez une même personne :
  • un maintien dans l’emploi, avec une décroissance de l’activité professionnelle et la mise en place d’aménagements (exemple de la maladie neurodégénérative entraînant une aggravation du handicap, ou de la maladie chronique [tumeur cérébrale, myopathie, etc.]) ;
  • un retour à l’emploi après un arrêt de travail prolongé (par exemple, période de soins médicaux et de rééducation post-lésion cérébrale acquise [AVC, traumatisme crânien, etc.]). La reprise de l’activité professionnelle peut alors être réalisée au sein du même milieu professionnel ou succéder à une nouvelle formation ou recherche d’emploi (via le Cap Emploi ou via un accompagnement spécifique, par exemple par des unités d’évaluation de réentraînement et d’orientation sociale et professionnelle [UEROS]).
Dans ces deux cas, le maintien dans l’activité professionnelle peut nécessiter des aménagements grâce à la médecine du travail et au soutien de dispositifs (tels que COMETE ou le Service d’appui au maintien dans l’emploi des travailleurs handicapés [SAMETH]) : ces aménagements portent sur le temps de travail (par exemple, reprise du travail à temps partiel avec une possibilité de mi-temps thérapeutique cofinancé par la Sécurité sociale et l’employeur durant une année au maximum) et sur le contenu du poste de travail (restrictions d’activités par préconisations des médecins spécialistes et par la médecine du travail, aménagement du poste grâce à l’intervention d’ergonomes, etc.). En cas de perte d’emploi, la réinsertion professionnelle peut nécessiter le financement d’une nouvelle formation.

Facteurs de maintien dans l’emploi

Le maintien dans l’emploi dépend de nombreux facteurs, notamment :
  • les caractéristiques « prélésionnelles » de la personne et de son environnement de travail antérieur : niveau de formation (diplôme), contenu du poste de travail (multi- ou mono-tâches) ; régime privé ou public (il existe des règles spécifiques pour la reprise du travail chez les fonctionnaires), type d’entreprise (une entreprise de grande taille disposant d’une mission/cellule handicap est plus favorable pour un reclassement professionnel), délai de trajet domicile-travail ;
  • la pathologie et le profil évolutif du handicap : il s’agit des réponses et aménagements apportés en termes d’accessibilité face aux limitations motrices (par exemple en cas de fauteuil roulant) et face aux troubles cognitivo-comportementaux, souvent qualifiés de « handicap invisible » (troubles dysexécutifs, anosognosie, ralentissement psychomoteur, etc.), auxquels peuvent s’ajouter des facteurs défavorisant le retour au travail (alcoolisme, addictions, antécédents psychiatriques, etc.) ;
  • le projet personnel de la personne en situation de handicap, qui inclut ses besoins en termes de ressources financières, sa situation administrative (patient classé en invalidité par la Sécurité sociale) et ses besoins et aspirations personnels et familiaux (le travail permettant l’estime de soi, la réalisation de soi, etc.) ;
  • l’accompagnement précoce (COMETE) et au long cours (par la MDPH et les dispositifs d’accompagnement dans l’emploi qui en découlent) pour le maintien dans le travail.

Évaluation de l’aptitude au travail

L’aptitude au travail est souvent évaluée de façon pluriprofessionnelle, lors d’entretiens, d’évaluations psychométriques (par exemple sur les dispositifs UEROS) ou lors de mises en situation lors de stages (en entreprise ordinaire ou adaptée, ou en établissement et service d’aide par le travail [ESAT]).

Partenaires institutionnels à connaître


MDPH et CDAPH

La MDPH du lieu de résidence de la personne en situation de handicap conseille et oriente les personnes dans le maintien et le retour à l’emploi. La commission des droits de la personne handicapée de la MDPH organise cet accompagnement lors de l’instruction du dossier MDPH : elle se prononce sur l’aptitude au travail (au regard des renseignements médicaux portés dans le certificat médical et du projet professionnel formulé par la personne dans la partie administrative) ; elle oriente la personne en situation de handicap vers le milieu ordinaire de travail ou vers le milieu protégé, ou propose un dispositif de formation ; elle attribue des notifications et droits en lien avec le travail, notamment :
  • la reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé (RQTH) qui permet à la personne d’accéder au Cap emploi (équivalent de Pôle emploi pour les personnes en situation de handicap), d’accéder à un emploi protégé (notification ESAT, par exemple), d’accéder à un recrutement contractuel spécifique dans la fonction publique. Il n’y a pas d’obligation de déclarer la RQTH à son employeur ;
  • l’orientation vers un dispositif particulier d’aide au maintien dans l’emploi (UEROS, SAMETH) ;
  • l’orientation vers une formation en centre de rééducation professionnelle ;
  • l’allocation aux adultes handicapés (AAH), si la CDAPH estime que la personne en situation de handicap n’est pas en capacité de travailler.

AGEFIPH et le FIPHFP

Les entreprises privées ou publiques de plus de 20 salariés (agents) doivent inclure une proportion de 6 % de travailleurs ayant la reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé (RQTH) dans leurs effectifs. Dans le cas contraire, elles doivent verser une contribution annuelle à l’Association de gestion du fonds pour l’insertion des personnes handicapées (AGEFIPH) ou au Fonds pour l’insertion des personnes handicapées dans la fonction publique (FIPHFP).
L’AGEFIPH réinvestit cette contribution des employeurs pour faciliter l’insertion professionnelle en milieu ordinaire de travail, ainsi que le maintien dans l’emploi des personnes handicapées dans les entreprises privées.
Le FIPHFP a pour mission de favoriser l’insertion et le maintien dans l’emploi des travailleurs handicapés dans les trois versants de la fonction publique (territoriale, hospitalière, d’État).

Pôle emploi, Cap emploi

Pôle emploi est un établissement public administratif issu de la fusion en 2008 de l’Agence nationale pour l’emploi (ANPE) et du réseau des Associations pour l’emploi dans l’industrie et le commerce (ASSEDIC). Il a pour mission d’accompagner tous les demandeurs d’emploi dans leur recherche jusqu’au placement, assurer le versement des allocations aux demandeurs indemnisés, aider les entreprises dans leurs recrutements et recouvrer les cotisations.
Les Cap emploi sont des organismes exerçant une mission de service public visant à accompagner le maintien dans l’emploi des personnes handicapées. Ils accueillent et accompagnent plus de 100 000 personnes handicapées chaque année.
Points forts
La personne handicapée : bases de l’évaluation fonctionnelle et thérapeutique

POINTS FORTS À RETENIR

Le handicap est caractérisé selon le modèle de la Classification Internationale du Fonctionnement (CIF) qui permet de tenir compte de tous les aspects de la maladie : déficiences (corps), limitations (activités) et restrictions (participations dans la société).

L'environnement joue un rôle essentiel dans la génèse du handicap. On parle de « personne en situation de handicap » (PSH).

La loi donne accès au droit à la compensation à toute PSH, quel que soit son âge, son mode de vie ou l’origine de son handicap : accessibilité, scolarisation, emploi en milieu ordinaire et versement d’une PCH. Ces contributions sont placées sous la responsabilité des MDPH.

L'évaluation des déficiences, de leurs retentissements et du contexte par le médecin référent de la personne en situation de handicap, est une étape indispensable pour définir les aides nécessaires lors d’un retour à domicile.

Message auteur

La personne handicapée : bases de l’évaluation fonctionnelle et thérapeutique

L’ouvrage de référence, comme pour toutes les spécialités, est le référentiel du Collège français des enseignants universitaires de médecine physique et de réadaptation. Pour toute question concernant cet item, n’hésitez pas à vous y référer !

Cet item est de prime abord assez aride. Mais ne le laissez pas pour la fin de votre programme !

Pour l’examen dématérialisé national, on pourrait facilement imaginer plusieurs courts dossiers progressifs mêlant questions isolées (QI) de sémiologie neurologique ou rhumatologique, QI diagnostiques et thérapeutiques transversales (kinésithérapie, urologie, rhumatologie, neurologie, etc.) et QI plus générales de médecine physique et de réadaptation (MPR) sur la compensation du handicap, l’organisation d’un retour au domicile ou l’orientation professionnelle.

La MPR se prête particulièrement bien à l’exercice des examens cliniques objectifs structurés (ECOS) puisqu’il s’agit d’une spécialité très clinique avec de nombreux items d’examen physique et de relation de soin.

Le handicap est fréquent en population générale, et il est très probable que vous soyez amené à prendre en charge des personnes en situation de handicap. Il sera de votre rôle de les aider à y voir plus clair dans leur parcours administratif et à bénéficier des prestations auxquelles elles ont droit. Le handicap a des implications sur l’ensemble des pans de la vie quotidienne : professionnelle et de formation, amoureuse, parentale (il existe des aides à la parentalité), etc.