La lecture dans les pensées serait-elle en train de devenir réalité ? C’est ce que semble suggérer un récent article de chercheurs texans publié dans Nature Neuroscience. Depuis quelques années, les interfaces cerveau-machine permettent, après un long entraînement, de retranscrire les pensées humaines une lettre ou un mot à la fois – mais au prix d’un dispositif invasif, à l’image de ces électrodes intracrâniennes qui, implantées récemment chez un patient américain paralytique incapable de parler, lui ont permis d’améliorer sa communication.
Afin de se passer d’opérations potentiellement risquées, des chercheurs texans ont développé une interface cerveau-machine non invasive. Leur méthode se fonde sur l’entraînement personnalisé d’un algorithme déduisant une suite de mots pensés à partir d’une image d’IRM fonctionnelle. Pour prédire avec précision les pensées des cobayes de l’expérience (trois sujets sains), chacun d’entre eux a suivi un entraînement de 16 heures durant lequel il écoutait des histoires tout en subissant une IRM fonctionnelle, afin d’associer une chaîne de mots connue à un signal d’IRM fonctionnelle. Cet entraînement avait pour but de distinguer le mieux possible différents ensembles de mots, puisque la résolution temporelle de l’IRM fonctionnelle n’est que de 10 secondes – ce qui signifie qu’une image d’IRM cérébrale peut correspondre à 20 mots.
À l’issue de cet entraînement, les chercheurs ont essayé leur décodeur sur une « histoire test » de 1 839 mots, différente de celles utilisées à l’entraînement. Malgré des erreurs d’interprétation, le décodeur affichait un score de similarité sémantique entre l’histoire et les séquences décodées qui était significativement supérieur à ce qui était attendu avec le hasard. Les auteurs en concluent que leur algorithme montre qu’il est possible de décoder le langage continu de nos pensées de manière non-invasive grâce à l’IRM fonctionnelle. Toutefois, ils soulignent des dangers potentiellement associés au développement de cette technologie comme l’atteinte à la vie privée – écueils qui nécessitent d’adopter des politiques de protection des personnes en conséquence.