La science ouverte a pour mission de donner à chacun la possibilité d’avoir accès au domaine de la science, tout devant pouvoir être accessible à tous. Trois idées sont essentielles : un accès libre aux publications, une ouverture des données permettant un libre accès aux données numériques et leur diffusion de manière structurée, un accès libre aux données sources : codes de calcul et algo­rithmes. Les principaux problèmes relatifs aux données sont : le manque de reproductibilité des résultats (25 % de données reproductibles en médecine) ; la perte des données (17 % par an) ; la faible accessibilité aux données des revues (9 % des articles) ; les pertes, vols ou bugs de données sensibles ; l’économie de la pu­blication scientifique et de la conserva­tion des données. Les attendus de la science ouverte sont le partage de la connaissance, la démocratisation du savoir, la mise à disposition des proto­coles de recherche, la réutilisation des données, l’accroissement de la reproduc­tibilité, l’attribution d’une découverte et la consultation des données en cas d’allégation d’inconduite scientifique. Ainsi, il est nécessaire de développer un modèle économique associant un libre accès aux publications et une réduction du coût des publications ; onze agences de moyens se sont fixé pour objectif de pro­mouvoir ce modèle (plan S). Un entrepôt de données doit être ouvert au public, préserver éthique et dignité et répondre à une demande sociétale : le site Clinical­Trials.gov a été créé sous la pression du public, 208 pays ayant inclus 280 000pro­tocoles y participent actuellement. 

L’analyse SWOT illustre parfaitement la situation actuelle de la science ouverte : 

– ses forces (Strengths) : partage et démo­cratisation de la connaissance, référence pour demande de contrat ou thèse, dialogue accéléré entre équipes, limitation de la re­dondance des travaux, accroissement de la reproductibilité, conservation et réutilisa­tion des données, attribution d’une décou­verte, diminution des fraudes et du plagiat ; 
– ses faiblesses (Weaknesses) : archives ouvertes et absence de reviewing, infla­tion possible des préprints, modalités floues d’application du plan S, motivation des équipes, coût global ; 
– ses opportunités (Opportunities) : volon­té politique, outils numériques et réseaux sociaux, partage de protocoles et codes sources, création d’archives ouvertes, aide à la recherche participative, aug­mentation de la confiance dans la science ; 
– ses craintes (Threats) : multiplication des serveurs d’archives ouvertes, détour­nement de données à visée commerciale ou idéologique, exploitation rapide des données dans des pays à fort potentiel d’applications industrielles, ouverture aveugle et non contrôlée, protection des données personnelles, affrontement avec les multinationales de l’édition, revues prédatrices. 

En conclusion, la science ouverte est une façon de lutter contre l’érosion de la confiance dans la science, substantiée par les sondages d’opinion. 

Pierre Corvol, Académie nationale de médecine, président de l’Académie des sciences

1er octobre 2019