Lister les différents types de produits qui sont l’objet d’une vigilance réglementée.
Discuter une situation où la vigilance pourrait être déficitaire pour chacun de ces produits.
Préciser les grandes missions de Santé publique France et de l’ANSM.
Système national de veille et de surveillance sanitaire1
Veille sanitaire, premier axe de la politique de santé
Organisation du système français
À l’échelle nationale, le ministère chargé de la santé, et plus particulièrement la Direction générale de la santé, assure la coordination entre les différents acteurs impliqués dans la veille sanitaire : l’agence nationale de santé publique, appelée Santé publique France, les agences régionales de santé (ARS), ainsi que chaque professionnel de santé.
Santé publique France est un établissement public de l’État à caractère administratif, placé sous la tutelle du ministre chargé de la Santé, qui a remplacé en 2016 l’Institut de veille sanitaire, créé par la réforme de 1998 relative au renforcement de la veille sanitaire. Les missions de Santé publique France sont les suivantes :
- l’observation épidémiologique et la surveillance de l’état de santé des populations, ainsi que la veille sur les risques sanitaires menaçant les populations, dans le respect des missions dévolues aux agences régionales de santé ;
- la promotion de la santé et la réduction des risques pour la santé, ainsi que le développement de la prévention et de l’éducation pour la santé ;
- la participation à la gestion des crises sanitaires :
. préparation et réponse aux menaces sanitaires ; à ce titre, elle assure, pour le compte de l’État, la gestion administrative, financière et logistique de la réserve sanitaire ainsi que des stocks de produits, équipements et matériels nécessaires à la protection des populations face aux menaces sanitaires graves.
Santé publique France est donc une agence d’expertise scientifique fondée sur le continuum entre la connaissance et l’intervention, avec les missions suivantes : anticiper, comprendre et agir.
Pour sa collecte systématique et continue des données, Santé publique France dispose d’un réseau d’antennes en région, les cellules d’intervention en région (15 CIRE en métropole et 2 en outre-mer) qui siègent au sein des ARS.
La veille sanitaire repose aussi fondamentalement sur la mobilisation de tous les professionnels de santé. D’après le code de la santé publique (art. L4001-1 CSP), les obligations déclaratives constituent la première mission de santé publique des membres des professions de santé. Elles concernent :
- les maladies qui nécessitent une intervention urgente ou dont la surveillance est nécessaire à la conduite et à l’évaluation de la politique de santé publique ;
- les infections et événements indésirables graves associés à des soins ;
- les menaces imminentes pour la santé de la population.
Principaux systèmes de surveillance
Systèmes fondés sur une obligation réglementaire
Maladies à déclaration obligatoire (tableau )
Le dispositif le plus ancien concerne les maladies à déclaration obligatoire (MDO). La liste, définie par décret sur avis du Haut Conseil de la santé publique, est réactualisée régulièrement. Elle compte une trentaine de maladies dont deux non infectieuses.Devant un cas, le médecin doit transmettre les données individuelles au médecin de l’ARS afin de contrôler un risque de diffusion de la maladie, conduire ou évaluer une politique de santé publique. Deux procédures de déclaration sont prévues :
- le signalement à l’ARS pour les MDO qui nécessitent une intervention urgente5 ; des mesures de protection individuelle et collective peuvent ainsi être prises rapidement et donner lieu, le cas échéant, à des investigations complémentaires ;
- la notification à l’ARS, obligatoire pour toutes les MDO : transmission des données cliniques, épidémiologiques et biologiques ; celles-ci, après anonymisation, sont envoyées à Santé publique France.
Certificats médicaux de décès
Les médecins qui ont constaté un décès doivent le déclarer par voie électronique.On distingue les certificats généraux de décès et les certificats néonatals. Les causes de décès sont codifiées conformément à la Classification internationale des maladies. Ces données sont ensuite exploitées à des fins statistiques par le Centre d’épidémiologie sur les causes médicales de décès de l’Inserm et par Santé publique France.
Certificats de santé des enfants
Les certificats de santé des 8e jour, 9e et 24e mois ont une double vocation : repérage par les centres de protection maternelle et infantile (PMI) des familles susceptibles de recevoir une aide personnalisée, traitement statistique des données anonymes au niveau national.Déclaration obligatoire des infections associées aux soins et des événements indésirables graves associés à des soins
Depuis 2002, le code de la santé publique prévoit que tout professionnel de santé, établissement de santé ou établissement et service médico-social déclare au directeur de l’ARS :- tout événement indésirable grave associé à des soins, défini comme un événement inattendu au regard de l’état de santé et de la pathologie de la personne, et dont les conséquences sont le décès, la mise en jeu du pronostic vital, la survenue probable d’un déficit fonctionnel permanent, y compris une anomalie ou une malformation congénitale ;
- les infections associées aux soins (dont les infections nosocomiales) répondant aux critères suivants :
. l’infection associée aux soins survient sous forme de cas groupés ;
. l’infection associée aux soins a provoqué un décès ;
. l’infection associée aux soins relève d’une transmission obligatoire de données individuelles à l’autorité sanitaire.
Les événements indésirables graves et infections associées aux soins peuvent survenir dans le cadre de soins réalisés lors d’investigations, de traitements, d’actes médicaux, y compris à visée esthétique, ou d’actions de prévention.
Il est prévu que les professionnels de santé concernés analysent les causes de ces infections et événements indésirables ; ils peuvent être assistés dans cette mission d’analyse par deux structures régionales distinctes :
- pour les déclarations d’événements indésirables graves : par la structure régionale d’appui à la qualité des soins et à la sécurité des patients ;
- pour les infections associées aux soins : par le centre d’appui pour la prévention des infections associées aux soins (CPIAS).
Systèmes fondés sur des échantillons et des réseaux de services ou de professionnels
- un réseau de laboratoires pour le suivi d’agents bactériens responsables d’infections invasives ;
- un réseau hospitalier de surveillance des syndromes hémolytiques et urémiques ;
- un réseau de santé au travail pour le suivi de maladies professionnelles ;
- le réseau Sentinelles de médecins généralistes et pédiatres libéraux pour le suivi de plusieurs indicateurs de santé, actualisés chaque année en partenariat avec Santé publique France6.
Surveillance d’événements de santé par les registres
Il existe une cinquantaine de registres pour la surveillance de maladies (cancer, maladies cardiovasculaires, maladies inflammatoires chroniques de l’intestin [MICI], maladies rares…), de problèmes de santé (malformations, handicaps, grossesse extra-utérine [GEU]…) ou des accidents de la route. Le seul registre d’envergure nationale concerne les cancers de l’enfant.
Surveillance par enquêtes transversales périodiques
- population générale ;
- malades hospitalisés, pour les enquêtes relatives aux infections nosocomiales ;
- enfants scolarisés, pour mesurer la couverture vaccinale, la prévalence de l’obésité, etc. ;
- groupes vulnérables, comme les usagers de drogues, les sans domicile fixe, les bénéficiaires de l’aide alimentaire ;
- patients atteints d’une maladie donnée, comme le diabète, etc.
Surveillance non spécifique ou syndromique
Apport du suivi de cohortes et des bases de données médico-administratives
Enfin, les progrès de l’intelligence artificielle et des sciences du big data ouvrent de nouvelles perspectives pour l’exploitation des informations mises à disposition par le Système national des données de santé, notamment les bases de données médico-administratives (PMSI pour les établissements de santé, Système national d’information inter-régimes de l’Assurance maladie [SNIIRAM] pour les recours aux soins en ambulatoire).
La sécurité sanitaire des produits destinés à l’homme La veille sanitaire (voir item 325)
Cet item transversal peut faire l’objet de questions à choix simple ou multiple, dans le cadre d’un dossier ou sous forme d’une question isolée de connaissance générale. Par exemple, la question suivante peut être envisageable :
Parmi les propositions suivantes, laquelle(lesquelles) est(sont) exacte(s) ?
A. L’ensemble des dispositifs de veille sanitaire ont pour finalité principale la recherche.
B. Santé publique France a à la fois des missions d’observation épidémiologique de l’état de santé des populations, de prévention et d’éducation pour la santé, et de participation à la gestion des crises sanitaires.
C. Toutes les maladies à déclaration obligatoire font l’objet d’une procédure de signalement à l’ARS.
D. Les maladies à déclaration obligatoire sont toujours des maladies infectieuses.
E. Un événement indésirable grave survenant au cours d’une hospitalisation doit faire l’objet d’une déclaration auprès du directeur général de l’ARS.
POINTS FORTS À RETENIR
Connaître les obligations réglementaires de déclarations par les professionnels de santé dans le cadre de la veille sanitaire : maladies à déclaration obligatoire, certificats médicaux de décès, certificats de santé des enfants, déclaration obligatoire des infections associées aux soins et des événements indésirables graves associés à des soins.
Connaître les principales structures impliquées dans la veille sanitaire en France : Direction générale de la santé, Santé publique France, agences régionales de santé, cellules interrégionales d’épidémiologie.
Connaître des exemples de systèmes de surveillance utilisés dans le cadre de la veille sanitaire : réseaux, registres, enquêtes, surveillance syndromique, suivi de cohortes et bases de données médico-administratives.