Selon un rapport d’Épiphare, alors que les stérilisations féminines baissent drastiquement, les vasectomies ont été multipliées par 15 en 12 ans. Le pays semble ainsi combler son retard par rapport aux pays anglosaxons leaders en matière de contraception définitive masculine… Quelles informations donner aux patients souhaitant bénéficier de cette opération ?

Les stérilisations masculines désormais plus nombreuses que les féminines

Les actes remboursés de stérilisations réalisés en France auprès d’hommes et de femmes âgés de 18 à 70 ans ont été identifiés dans le Système national des données de santé (SNDS). Au total, 109 544 vasectomies et 398 080 stérilisations féminines ont été identifiées entre 2010 et 2022.

Le nombre de vasectomies a été multiplié par 15, passant de 1 940 en 2010 à 30 288 en 2022.L’incidence de cet acte est ainsi passée de 9,8 pour 100 000 hommes âgés de 20 à 70 ans en 2010 à 149,5 pour 100 000 hommes en 2022.

En 2021 et en 2022, il y a eu davantage de stérilisations masculines que féminines pour la première fois dans le pays. Pour ces dernières, le nombre a été divisé par deux entre 2013 et 2022 (respectivement 45 138 et 20 325 stérilisations). Ceci s’explique non seulement par la forte augmentation de la vasectomie en France, mais aussi par une baisse des demandes de stérilisation féminine, notamment après l’arrêt de commercialisation des implants Essure en 2017.

Quels profils ?

La moyenne d’âge des hommes lors de la vasectomie a diminué progressivement entre 2010 et 2022, passant de 44 à 41 ans. Les hommes ayant recours à la vasectomie vivaient majoritairement dans les communes les plus favorisées socialement ; seuls 3,4 % étaient affiliés à la C2S (ex-CMUc).

Les régions où le plus de vasectomies ont été réalisées, rapportées à la population d’hommes âgés de 20 à 70 ans, sont : les Pays de la Loire (331,3 pour 100 000 hommes) et la Bretagne (271,5 pour 100 000). À l’inverse, Provence-Alpes-Côte d’Azur (130,4), Hauts-de-France (127,4), Corse (59,2) et Île-de-France (58,0) avaient les taux les plus faibles.

Les données du SNDS n’ont pas permis d’avoir des renseignements sur le statut conjugal des patients (existence d’une partenaire, démarches d’AMP, existence d’enfant(s) issu(s) de ce couple) ni sur leur parité (naissances ou adoptions), ce qui limite l’évaluation sur leurs profils.

Conservations du sperme, suites opératoires…

Les chercheurs ont également évalué les suites opératoires et les éventuelles complications, ainsi que le nombre d’actes de cryoconservation de sperme et l’incidence des actes de réversion de vasectomie et de prélèvement de spermatozoïdes par ponction après vasectomie en vue d’une AMP.

Seuls 6,8 % des hommes ont eu recours à la cryoconservation du sperme (n = 7 503) avant la vasectomie. Quant à la vasovasostomie (ré-anastomose des canaux déférents), elle a concerné 207 hommes dans les 5 ans suivants, soit une incidence de réversion de la vasectomie de 0,56 pour 1 000 personnes-années. En ce qui concerne la ponction de gamètes, 125 sur 109 944 hommes ont demandé un prélèvement en vue d’une potentielle AMP, soit une incidence de 0,34 pour 1 000 personnes-années.

Enfin, alors que la réalisation d’un spermogramme de contrôle à 3 mois est recommandée, celui-ci a été réalisé seulement chez 64,7 % des hommes.

Les complications dans l’année post-opératoire ont été étudiées sur une sous-cohorte (N = 79 256). Rares, elles concernaient environ 1 homme sur 100 ; parmi elles : 0,2 % de complications type hématome local, 0,4 % d’infections locales, 0,2 % de kystes ou d’hydrocèles. Enfin, 44,5 % hommes ont eu recours à une délivrance d’anesthésiques locaux dans les 3 à 12 mois suivant la vasectomie et 9,4 % ont utilisé des antalgiques oraux dans la même période. En excluant les hommes qui avaient déjà recours à ces antalgiques dans les 12 mois précédant la vasectomie, le pourcentage était de 3,4 %.

Que dire aux patients ?

Certaines informations pratiques peuvent être délivrées par le médecin généraliste aux patients souhaitant effectuer cette procédure :

  • Il existe actuellement en France un délai légal de réflexion de 4 mois entre la première consultation et celle qui fixe les modalités de l’acte opératoire ;
  • L’intervention, d’une durée inférieure à 30 minutes, est effectuée en ambulatoire  ; elle peut être réalisée sous anesthésie locale, locorégionale (rachianesthésie), parfois sous anesthésie générale ;
  • Même si elle ne peut pas être considérée stricto sensu comme une méthode de contraception (notion d’irréversibilité), elle est efficace, simple, rapide, sans contre-indication, avec un taux d’échec de moins de 1 %, et un indice de Pearl théorique de 0,1 % (contre 0,5 % pour la ligature des trompes) ;
  • en postopératoire, la contraception du couple est poursuivie ; un spermogramme est réalisé à 3 mois et la contraception associée peut être arrêtée en l’absence de spermatozoïdes (azoospermie) ou si le dosage est inférieur à 100 000 spermatozoïdes non mobiles/mL.

L’Association française d’urologie a mis à disposition une fiche « Info patient » sur la vasectomie (à télécharger sur ce lien).

Pour en savoir plus
Épi-phare. La vasectomie en France entre 2010 et 2022. 12 février 2024.
À lire aussi :
Martin Agudelo L, Nobile C. Entretien avec le Dr Antoine Faix. Fertilité et contraception masculines : la reproduction n’est pas que l’affaire des femmes !  Rev Prat (en ligne) 23 janvier 2024.
Priam A, Saint F. Vasectomie : informer les patients.   Rev Prat Med Gen 2022;36(1064);63.

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