Le larmoiement est un symptôme fréquent chez l’enfant. Est-il aigu ou chronique ? Quelles sont les causes ? Quand adresser en urgence vers l’ophtalmologiste ? Dans quels cas, au contraire, la consultation spécialisée peut-elle être réalisée dans des délais « raisonnables » ? Quels sont les traitements ? Par Bruno Fayet et coll, services d’ophtalmologie, AP-HP, centre Cochin-Necker, université de Paris.
On distingue deux types de larmoiements : aigus ou chroniques.
Dans les larmoiements aigus, l’hyperproduction des larmes est réflexe, liée à une stimulation trigéminale. Elle sature les capacités d’élimination des larmes, dont l’excès déborde sur la joue. On parle de larmoiement par hypersécrétion. Cet écoulement anormal et abondant de larmes, volontiers bilatéral, est contingent et disparaît avec l’élimination de sa cause. L’exploration instrumentale des voies lacrymales est inutile (examen normal). Ces larmoiements aigus sont rarement isolés et s’associent le plus souvent à d’autres symptômes, signes de gravité :
– altération sévère de l’état général (évoquer une ethmoïdite suppurée) ;
– exophtalmie aiguë (évoquer une ethmoïdite suppurée ou une tumeur intra-orbitaire) ;
– rougeur oculaire périkératique (chercher un corps étranger, un ulcère de cornée, une uvéite, etc.).
La consultation ophtalmologique est dans ces cas une urgence absolue !
Les larmoiements chroniques proviennent souvent d’une anomalie palpébrale ou lacrymale qui empêche l’évacuation complète des larmes vers la fosse nasale. Un larmoiement chronique observé dans les premières semaines de vie signe une origine congénitale ; au-delà de 12 mois, il est plus vraisemblablement acquis (morsure canine, infection virale,…). Une orientation vers le spécialiste est alors nécessaire, dans des délais raisonnables. Cependant, la « mucocèle congénitale bilatérale » est une urgence car elle peut entraîner des complications respiratoires du nouveau-né.
À lire ici : Fayet B, Racy E, Bremond-Gignac D. Larmoiement de l’enfant. Rev Prat Med Gen 2021;35(1059);327-30.