Le ganglion sentinelle est le premier ganglion lymphatique atteint par les cellules métastatiques d’une tumeur primitive. Son exérèse, technique peu morbide, permet d’établir le statut ganglionnaire d’un cancer du sein avec fiabilité. Ainsi, cette exérèse sélectionne les patientes qui, ayant des métastases ganglionnaires occultes au regard de l’évaluation clinico-radiologique, pourraient bénéficier d’un traitement régional ou systémique adjuvant. Pour extraire ce ganglion, les premières techniques étaient fondées sur des modèles anatomiques standard et n’ont jamais remplacé les lymphadénectomies classiques. Le développement de techniques plus fonctionnelles, de cartographies lymphatiques pré- et peropératoires, dans les années 1990, a ensuite permis de valider le concept de ganglion sentinelle en tant qu’alternative au curage. L’hypothèse de la dissémination tumorale séquentielle et la notion de premier filtre ont été validées par de nombreuses études de biopsie du ganglion sentinelle avec curage ganglionnaire régional à visée confirmatoire. Ainsi, la technique du ganglion a transformé la prise en charge de certains cancers. Elle est en adéquation avec l’ensemble des théories de la dissémination métastatique lymphatique. Elle permet de concentrer les efforts d’analyse et devrait permettre à terme de mieux comprendre, appréhender et utiliser la relation tumeur-hôte à des fins théranostiques (démarche combinée diagnostique et thérapeutique permettant une médecine personnalisée). La faisabilité et l’intérêt de cette technique, clairement établis pour le cancer du sein ou le mélanome, restent à démontrer pour de nombreuses autres tumeurs. Des études randomisées sont en cours pour certaines d’entre elles, dont la dissémination lymphatique est bien systématisée, comme le cancer du col de l’utérus.

Roman Rouzier, département de chirurgie, institut Curie, Saint-Cloud, université Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines, France

26 octobre 2021