Publier est un impératif pour un scientifique. Le cheminement d’un manuscrit jusqu’à sa publication dans une revue de qualité est long et difficile. En utilisant l’accès libre qui fait payer aux auteurs les charges de publication, des éditeurs sans objectifs scientifiques se sont emparés d’une partie de ce marché très lucratif. Ils sollicitent continuel­lement les auteurs pour leur proposer une publication rapide. Leur finalité commerciale exclusive les conduit à accepter pratiquement tous les manuscrits soumis sans révision, et donc sans contrôle du contenu. Cette absence de sélection en fait de véritables prédateurs du monde scientifique, et ces revues déconsidèrent les auteurs, à qui on peut reprocher de tricher pour obtenir indûment des crédits de recherche. L’institution du chercheur n’est pas épargnée, elle est accusée de couvrir une insuffisance de travail, voire d’être complice de publication de faux. La nuisance de ces fausses publications peut retentir sur l’ensemble de la recherche scientifique. Les auteurs de ces publications commencent à être pénalisés par leurs universités, qui les incitent à publier dans des revues présumées non prédatrices.

Pr Jacques Belghiti, membre de l’Académie nationale de médecine, professeur émérite Paris-Cité, France

12 avril 2022