Les médecins sont, de nos jours, confrontés à la prise en charge de pathologies chroniques liées au mode de vie, la « malbouffe » et la sédentarité jouant un rôle de tout premier plan. En France, la prévalence de l’obésité était estimée à 17 % en 2020, celle du diabète de type 2 à environ 5 %, et l’on comptait environ 120 000 cas d’infarctus du myocarde par an. Les bénéfices des modifications thérapeutiques du mode de vie sur la prévention et la prise en charge de ces pathologies ont été démontrés. Pourtant, modifier dura­blement le comportement d’un individu en matière d’alimentation et d’activité physique ne se réduit pas « simplement » à prescrire un régime « type » et à délivrer quelques conseils sur l’exercice physique ou la lutte contre la sédentarité.
Les régimes alimentaires, qui établissent des règles aussi bien qualitatives que quantitatives sur la manière de manger, visent à encadrer l’alimentation des personnes. Si leur finalité semble pertinente (réduction pondérale, amélioration de l’équilibre du diabète, de la pression artérielle et/ou du profil lipidique, etc.), ils présentent néanmoins de multiples risques tels que le rebond pondéral, les troubles du comportement alimentaire, les carences nutritionnelles ou encore les conséquences psychosociales. À titre d’exemple, on estime que près de 80 à 95 % des personnes en situation d’obésité soumises à un régime restrictif reviennent à leur poids initial, voire atteignent un poids supérieur, une fois le régime terminé. La communauté scientifique reconnaît désormais que la prescription de régimes peut être nocive en engendrant des frustrations, des troubles du comportement alimentaire, et un effet négatif sur le poids. Ainsi, la Haute Autorité de santé recommande aux médecins de mettre en garde les patients contre les régimes successifs, à l’origine de fluctuations pondérales potentiellement dangereuses pour la santé.
Un nouveau type de prise en charge se dessine, avec les modifications thérapeutiques du mode de vie dont les changements durables dans le temps en matière d’alimentation et d’activité physique constituent l’une des principales cibles. Induire le changement nécessite plusieurs conditions : la motivation pour le changement, une évaluation complète du mode de vie (notamment du comportement alimentaire et de l’activité physique) et la mise en place d’une stratégie conjointe soignant-­soigné sur le changement. Cette approche peut paraître plus complexe qu’une simple prescription de type régime et/ou activité physique, mais est certainement bien plus profitable pour la personne soignée à long terme.
Les modifications thérapeutiques du mode de vie nécessitent une approche empathique centrée sur la personne, prenant en compte les stades de motivation au changement et fondée sur les principes de l’éducation thérapeutique. Cette méthode doit également s’adapter aux comorbidités de la personne. Tous ces éléments sont détaillés dans l’item 249.