Pour déterminer si le sémaglutide peut baisser le sur-risque d’événements graves cardiovasculaires chez des patients obèses déjà atteints de maladies cardiovasculaires, une équipe internationale de chercheurs a mené un essai multicentrique en double aveugle contre placebo. Cet agoniste des récepteurs du GLP- 1 est déjà indiqué en France dans le diabète de type 2, et son efficacité sur la perte de poids chez les patients obèses non diabétiques a été montrée dans des études internationales.Dans cette nouvelle étude, publiée mi-novembre dans le NEJM ont été inclus, puis randomisés, 17 604 patients adultes de plus de 45 ans ayant une artériopathie oblitérante symptomatique des membres inférieurs, un antécédent personnel d’accident vasculaire cérébral (AVC) ou d’infarctus du myocarde et un indice de masse corporelle (IMC) supérieur ou égal à 27 kg/m².Parmi eux, 8 803 patients ont reçu une injection sous-cutanée hebdomadaire de 2,4 mg de sémaglutide, tandis que les 8 801 autres ont eu une injection hebdomadaire de placebo. Les deux groupes avaient des caractéristiques démographiques similaires. Le critère de jugement principal était une mesure composite regroupant différents événements graves cardiovasculaires, dont l’infarctus du myocarde non fatal et le décès par cause cardiovasculaire.Les résultats soulignent l’avantage du sémaglutide par rapport au placebo en prévention secondaire des événements cardiovasculaires chez les patients obèses. Un événement cardiovasculaire grave (décès par cause cardiovasculaire, infarctus non fatal, AVC) est survenu chez 569 patients du groupe traité (6,5 %), contre 701 patients du groupe placebo (8 %). La différence est significative, avec un hazard ratio de 0,80 (IC95 % : 0,72 - 0,90). Toutefois, davantage de patients ont quitté l’essai dans le groupe recevant du sémaglutide en raison de ses effets indésirables (16,6 % du groupe traité vs 8,2 % du groupe placebo) : troubles gastrointestinaux, neurologiques ou métaboliques notamment.D’après les auteurs, l’efficacité ne semblait pas expliquée uniquement par la perte de poids (de 9 %).Ainsi, cette étude révèle un nouvel effet intéressant du sémaglutide, qui pourrait avoir une place comme traitement additionnel chez les patients obèses en post-infarctus, d’autant plus qu’ils avaient déjà un autre traitement (statine, aspirine, inhibiteur de l’enzyme de conversion…).
Références
N Engl J Med 11 novembre 2023. Lincoff AM, Brown-Frandsen K, Colhoun HM, et al. Semaglutide and cardiovascular outcomes in obesity without diabetes.PMID : 37952131