Le syndrome de renutrition est un syndrome potentiellement mortel qui est sous-diagnostiqué. Il s’agit de l’ensemble des symptômes cliniques et biologiques pouvant survenir lors de la renutrition d’un sujet dénutri. Il peut survenir quel que soit la prise en charge nutritionnelle mise en place, y compris lors d’une réalimentation uniquement orale.

Physiopathologie

Chez des sujets dénutris et a fortiori en jeûne prolongé, il existe un hypométabolisme adaptatif. Lors de l’augmentation des apports caloriques, il existe une réactivation du métabolisme glucidique à l’origine d’une hyperinsulinémie et d’une augmentation des besoins en thiamine à l’origine de perturbations biologiques et cliniques (v. figure).

Signes cliniques et biologiques

Les principales caractéristiques biologiques sont une hypophosphatémie, qui est un signe majeur du syndrome de renutrition, une hypomagnésémie, une hypokaliémie, une carence en thiamine, des perturbations du bilan hépatique, des hypo- ou hyperglycémies survenant en général les 3 premiers jours d’une renutrition. Sur le plan clinique, il peut exister des œdèmes, des défaillances d’organe (cardiaque, respiratoire, hépatique notamment), une atteinte neurologique, en particulier dans le cas d’une carence en thiamine (encéphalopathie de Gayet-Wernicke, neuropathie périphérique).

Situations à risque

Les situations à risque de syndrome de renutrition sont la dénutrition en général et plus particulièrement un contexte d’anorexie mentale, d’insuffisance d’organe, d’alcoolisme chronique, de chirurgie bariatrique avec perte de poids importante et/ou rapide et/ou vomissements. La grève de la faim et toute situation de jeûne de plus de 5 jours sont également particulièrement à risque.
Les critères ci-après (v. tableau) ont été émis par le National Institute of Health and Clinical Excellence en 2006 pour permettre d’identifier les patients susceptibles de présenter des complications liées à un syndrome de renutrition.

Prévention et prise en charge

Il est impératif de prévenir la survenue du syndrome de renutrition en conduisant une renutrition de manière progressive et prudente. Il n’y a jamais d’urgence à re-nourrir un sujet. Les apports glucidiques doivent être modérés. Les apports en phosphore et en magnésium doivent être systématiques ainsi que des apports en vitamines, en particulier en thiamine qui doit être débutée avant tout apport calorique. Les apports hydrosodés doivent être modérés. Le suivi des patients à risque doit comporter de manière quotidienne (au moins les 3 premiers jours) un examen clinique à la recherche d’œdème et un ionogramme sanguin avec mesure de la phosphatèmie et de la magnésèmie. En cas de syndrome de renutrition avérée, un monitoring cardiaque et/ou un électrocardiogramme (ECG) quotidien s’imposent. La prise en charge repose sur la stabilisation ou la diminution des apports caloriques associés à une supplémentation en électro­lytes pour corriger les carences.•
Message auteur

Message de l'auteur

Cet item est avant tout un item transversal et pourra faire l’objet de questions à choix multiple dans de nombreux dossiers de pathologies chroniques et/ou oncologiques.

En gériatrie, on pourra vous demander quels sont les facteurs de risque de dénutrition (ne pas oublier la polymédication et l’absence d’appareil dentaire !).

Dans un dossier de pédiatrie, on pourra vous demander d’interpréter une courbe de croissance et de rechercher une cassure de celle-ci.

Dans un dossier sur l’anorexie mentale ou sur des complications de chirurgie bariatrique, on pourra vous demander de prévenir et/ou diagnostiquer un syndrome de renutrition.

Dans un dossier clinique progressif de maladie inflammatoire chronique intestinale ou de maladie cœliaque avec tableau de malabsorption au premier plan, on pourra vous demander d’évaluer l’état nutritionnel du patient, les signes cliniques de la dénutrition, les signes biologiques d’une dénutrition et/ou malabsorption, et la prise en charge de la dénutrition.

Dans cet article

Ce contenu est exclusivement réservé aux abonnés