La cigarette électronique contient moins de substances nocives qu’une cigarette classique et son usage est même recommandé comme moyen de sevrage. Toutefois, ses risques sont peu connus, faute de recul suffisant. Une étude de cohorte française sur plus de 200 000 adultes a comparé les symptômes respiratoires chez les vapoteurs versus les non-fumeurs…

Comparée à la cigarette classique à combustion, la cigarette électronique, disponible sur le marché français depuis 2010, fait figure de moindre mal : son usage est même recommandé dans certains cas pour aider les fumeurs de cigarettes classiques à se sevrer. Toutefois, les effets néfastes causés par son usage sont moins connus que pour la cigarette classique, faute de recul similaire et de suffisamment de cohortes suivies longitudinalement à ce sujet. Afin de consolider les données scientifiques concernant les risques associés à l’usage de la cigarette électronique, des chercheurs français ont analysé les données de la cohorte française Constances. Leurs résultats ont été publiés en décembre dans Respiratory Medicine.

Entre 2012 et 2019, Constances a inclus 202 768 adultes de moins de 69 ans, invités aléatoirement à participer. Ces derniers ont dû renseigner leur usage de la cigarette électronique et leur santé pulmonaire dans plusieurs questionnaires au fil de leur participation, et ont eu un examen médical poussé (spirométrie, électrocardiogramme, prise de sang, etc.).

En tout, 136 276 participants ont renseigné leur usage ou non de la cigarette électronique. Dans cet échantillon, la prévalence d’usage de cette dernière a été estimée à 11,3 %. Presque tous fumaient encore des cigarettes classiques (98,3 %) ; 306 sujets ont rapporté fumer des cigarettes électroniques tout en n’ayant jamais fumé de cigarettes à combustion.

Les fréquences des symptômes respiratoires (asthme et bronchite chronique) étaient plus élevées chez les personnes fumant des cigarettes électroniques que chez ceux n’en ayant pas fumé (ratio moyen ajusté du score des symptômes de l’asthme de 1,34 [1,28 ; 1,41] par rapport au ratio de 1 chez ceux n’ayant pas fumé, et ratio de prévalence ajusté de 1,27 [1,19 ; 1,36] pour la bronchite chronique ; p-value < 0,001). Des résultats similaires ont été trouvés chez les anciens fumeurs de cigarettes électroniques. Ces associations sont restées statistiquement significatives même après ajustement pour le tabagisme classique, l’usage de cannabis, le sexe, l’âge, le niveau d’éducation et l’IMC. Enfin, parmi ceux n’ayant jamais fumé de cigarettes classiques, le fait d’avoir fumé des cigarettes électroniques était associé à un score plus élevé de symptômes asthmatiques, mais pas clairement avec une prévalence plus élevée de la bronchite chronique.

Pour les auteurs, ces résultats indiquent que l’usage de la cigarette électronique, indépendamment du tabagisme classique, est associé avec les symptômes de l’asthme et de la bronchite chronique. Le fait que ces associations se retrouvent même chez les personnes n’ayant jamais fumé de cigarette classique fortifie à leurs yeux le niveau de preuves des effets délétères de la cigarette électronique sur la santé respiratoire.

Pour en savoir plus
Delmas MC, Pasquereau A, Renuy A, et al. Electronic cigarette use and respiratory symptoms in the French population-based Constances cohort.  Respir Med 2023;221:107496.