Y aurait-il un moment idéal dans la journée pour administrer les traitements contre le cancer ? C’est ce que suggèrent plusieurs articles récents. Une étude longitudinale parue fin 2021 dans The Lancet Oncology a montré qu’avoir au moins 20 % des séances d’immunothérapie en fin de journée était associé à une survie plus courte chez des patients atteints de mélanome.Dans un article de Nature, des chercheurs suisses se sont attachés à éclaircir l’origine de ces variations journalières dans différents modèles de souris. Ils ont d’abord injecté des mélanomes dans des souris d’une lignée saine à six moments de la journée en environnement contrôlé (12 heures d’obscurité, 12 heures de lumière). Les auteurs ont alors constaté que les tumeurs grossissaient significativement plus vite lorsque les animaux avaient été injectés la nuit plutôt que le jour. Pour déterminer l’origine de cette différence, ils ont reproduit l’expérience dans une lignée de souris immunodéficientes, sans retrouver ces écarts de développement entre tumeurs greffées à des heures différentes. En se penchant sur les différences immunitaires entre souris saines injectées la nuit et le jour, les scientifiques ont repéré que les lymphocytes T cytotoxiques étaient plus nombreux autour des tumeurs greffées le jour. Or, pour remplir leur rôle d’immunosurveillance, ces cellules cytotoxiques doivent être activées par les cellules dendritiques, dont l’activité varie en fonction du moment de la journée. L’immunothérapie ainsi que les vaccins anticancers pourraient bénéficier de cette variation journalière de l’immunosurveillance en étant injectés de concert avec le pic d’efficacité du système immunitaire.

Références
NATURE 2023;614(7946):136-43. Wang C, Barnoud C, Cenerenti M, et al. Dendritic cells direct circadian anti-tumor immune responses.PMID : 36470303