La psychose est la troisième comorbidité psychiatrique associée à l’épilepsie, avec une prévalence estimée à 5,6 %. On classe les psychoses de l’épilepsie selon leur survenue par rapport aux crises avec une situation paradoxale, où l’excès des crises comitiales (psychose postictale), mais aussi l’arrêt des crises, peuvent générer des épisodes psychotiques aigusDifférentes hypothèses ont été proposées pour expliquer ces tableaux cliniques :– l’hypothèse neuro-oscillatoire : une activité neuronale inhabituelle produirait une désynchronisation des réseaux corticaux, perturbant les entrées sensorielles et conduisant à l’émergence de symptômes psychotiques résolutifs à la disparition de ces oscillations neuronales inhabituelles ;– l’hypothèse dopaminergique : la libération de dopamine en rapport avec la recrudescence des crises induirait les symptômes psychotiques ou, à l’inverse, provoquerait à la fois la cessation des crises et la production des symptômes psychotiques dans un modèle dit de normalisation forcée. La normalisation forcée ou psychose alternative s’observe dans un contexte de diminution importante de la fréquence des crises, voire de leur disparition. Après une phase initiale à type d’insomnie, d’anxiété et de retrait des activités, on voit apparaître un tableau de psychose paranoïaque évoluant en pleine conscience, avec des hallucinations et des symptômes thymiques ;– l’hypothèse de la perfusion cérébrale : l’hypoperfusion de certaines régions cérébrales entraînerait leur désorganisation fonctionnelle et la psychose postictale.L’épilepsie peut donc représenter un modèle expérimental permettant de mieux appréhender les mécanismes physiopathologiques sous-tendant la psychose.

Sophie Dupont, unité d’épileptologie, clinique Paul-Castaigne, hôpital La Pitié-Salpêtrière, AP-HP, Sorbonne Université, CRICM 47, Paris, France

31 janvier 2023