Le secret de la longévité se nicherait-il en partie dans le microbiote intestinal ? C’est ce que suggère une étude menée par une équipe internationale de chercheurs parue le 15 mai dans Nature Microbiology. Les auteurs sont partis d’un constat de la littérature : le microbiote intestinal des centenaires est particulièrement riche en bactéries. Mais quid des virus, et de l’impact de ces derniers sur la santé intestinale des centenaires ? Pour répondre à ces questions, les chercheurs ont analysé le virome – l’ensemble des séquences génomiques virales – de l’intestin de 195 centenaires japonais et sardes qu’ils ont ensuite comparé au virome intestinal de nourrissons, de jeunes adultes et de personnes âgées non centenaires, d’âge compris entre 60 ans et 100 ans.En analysant les lignées de virus trouvées dans les intestins centenaires, les chercheurs ont constaté que ces dernières étaient plus nombreuses et phylogénétiquement diverses que dans les intestins des adultes plus jeunes. Par ailleurs, comme nombre de ces virus sont bactériophages, le ratio de virus par rapport aux bactéries était plus élevé chez les centenaires, où il atteignait presque celui observé chez… les nourrissons ! Enfin, les centenaires japonais de l’étude (n = 176 sujets) avaient une proportion accrue de gènes viraux et bactériens impliqués dans la conversion du sulfate et de la taurine en sulfure d’hydrogène, ce qui pourrait promouvoir la protection des muqueuses et la résistance face aux bactéries pathogènes aérobies.Cependant, pour mieux comprendre le lien entre virome et santé des centenaires, des efforts supplémentaires de séquençage et d’annotation des génomes viraux sont nécessaires, soulignent les auteurs, puisque 75 % des séquences protéiques codées par les virus demeurent inconnues.
Références
Nat Microbiol 2023;8(6):1064-1078. Johansen J, Atarashi K, Arai Y, et al. Centenarians have a diverse gut virome with the potential to modulate metabolism and promote healthy lifespan. PMID : 37188814