Les troubles anxiodépressifs, les problèmes scolaires et/ou de comportement à type d’hyperactivité représentent une porte d’entrée vers la découverte d’un haut potentiel intellectuel chez certains enfants adressés aux consultations des centres médico-psychologiques. Toutefois, si ces difficultés existent, elles ne sont pas systématiques : tous les enfants à haut potentiel n’y sont heureusement pas sujets. à l’inverse, les enfants en échec scolaire ou ayant des troubles psychoaffectifs ou comportementaux ne sont pas forcément à haut potentiel !
Une question de terminologie
Le terme de haut potentiel intellectuel rend compte des capacités cognitives, mais aussi du fait que le potentiel (comme son nom l’indique) peut s’exprimer ou au contraire être inhibé par des difficultés psychoaffectives et comportementales d’une part, par des facteurs d’environnement (familial, scolaire et/ou sociétal) d’autre part.
Le concept de haut potentiel met en exergue la différence entre une aptitude ou une capacité (pouvant s’exprimer ou non en fonction de l’environnement) et une performance, qui est la concrétisation d’une aptitude dans la réalisation d’une activité.1 Le terme de haut potentiel intellectuel permet de conforter une posture clinique qui renvoie à l’enfant et sa famille une définition de lui-même ne se limitant pas à la seule « surdouance ».
Son domaine d’expression peut être différent et varié (intellectuel, créatif, social, physique…). Sternberg et Lubart2 considèrent ainsi qu’un niveau exceptionnel de créativité observé chez certaines personnes pourrait être appréhendé comme une forme particulière d’expression d’un haut potentiel, en lien avec les capacités créatives, et différente du haut potentiel intellectuel. Certains théoriciens envisagent d’ailleurs la créativité comme une dimension de l’intelligence susceptible de compléter la mesure du quotient intellectuel (QI) dans l’identification des personnes à haut potentiel.3, 4
Le concept de haut potentiel met en exergue la différence entre une aptitude ou une capacité (pouvant s’exprimer ou non en fonction de l’environnement) et une performance, qui est la concrétisation d’une aptitude dans la réalisation d’une activité.1 Le terme de haut potentiel intellectuel permet de conforter une posture clinique qui renvoie à l’enfant et sa famille une définition de lui-même ne se limitant pas à la seule « surdouance ».
Son domaine d’expression peut être différent et varié (intellectuel, créatif, social, physique…). Sternberg et Lubart2 considèrent ainsi qu’un niveau exceptionnel de créativité observé chez certaines personnes pourrait être appréhendé comme une forme particulière d’expression d’un haut potentiel, en lien avec les capacités créatives, et différente du haut potentiel intellectuel. Certains théoriciens envisagent d’ailleurs la créativité comme une dimension de l’intelligence susceptible de compléter la mesure du quotient intellectuel (QI) dans l’identification des personnes à haut potentiel.3, 4
Quelles évaluations ?
Le centre national d’aide aux enfants et adolescents à haut potentiel (CNAHP) a été créé en 2005 dans le cadre d’un service public de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent.
Ce centre référent les accueille lorsqu’ils sont en difficulté psychologique et ce sur l’ensemble du territoire français. Il répond à 3 missions, à savoir une mission d’évaluation, de prise en charge thérapeutique, et de formation et de recherche.
Quand des signes évoquent l’existence d’un haut potentiel intellectuel chez un enfant ou adolescent en difficulté psychologique et/ou scolaire, il apparaît nécessaire d’évaluer son fonctionnement cognitif, mais aussi ses difficultés psychoaffectives, comportementales et scolaires dans une approche intégrée et globale prenant en compte son développement cognitif, socio‑affectif et psychique.
Le bilan réalisé au CNAHP5 porte sur des évaluations cognitives (test d’intelligence, de créativité et évaluation des capacités attentionnelles), psychoaffectives et comportementales (anxiété, dépression, estime de soi, comportements d’hyperactivité), scolaires (entretien avec un enseignant travaillant au CNAHP avec évaluation de l’investissement scolaire), et enfin d’autres évaluations, comme celles portant sur l’image du corps (dessin du bonhomme et figure de Rey).
L’existence de profils psychologiques multidimensionnels susceptibles de caractériser plusieurs formes d’expression du haut potentiel (notamment ici, intellectuel et/ou créatif) est mise en évidence par ce bilan. Il semble important de rappeler que les échelles du fonctionnement cognitif, quelles qu’elles soient, ne mesurent pas directement le potentiel réel d’une personne, mais seulement son expression, ses fruits, à savoir les compétences observées qui dépendent aussi des facteurs d’environnement et de la motivation de l’enfant.
Ces échelles, incluant celles de mesure de QI, sont et doivent rester des outils, certes précieux, mais dont les scores sont à replacer, à partir d’un travail de clinicien, dans le contexte global du sujet et de son histoire personnelle. Il est essentiel de souligner l’importance de différences interindividuelles au sein même de ces populations, alors que la littérature grand public sur le thème tend à réduire ces enfants à une liste de spécificités plaquées, au risque de les enfermer dans une représentation et une typologie standardisées dangereuses et non représentatives de leur diversité et singularité.
Enfin, le bilan cognitif, selon les professionnels du CNAHP, ne devrait pas relever d’un dépistage et d’une identification systématiques qui risqueraient de créer ou de renforcer la construction d’une identité de « surdoué », avec de possibles effets délétères à long terme.
Cette position n’est cependant pas celle adoptée par tous les auteurs, car certains considèrent qu’un dépistage systématique du haut potentiel intellectuel peut contribuer à la mise en place d’une prévention efficace des problèmes qui y sont possiblement associés.
Le plus important reste probablement la posture clinique avec laquelle on restitue les résultats d’identification d’un haut potentiel intellectuel à un enfant et sa famille, plutôt que les résultats en eux-mêmes.
Ce centre référent les accueille lorsqu’ils sont en difficulté psychologique et ce sur l’ensemble du territoire français. Il répond à 3 missions, à savoir une mission d’évaluation, de prise en charge thérapeutique, et de formation et de recherche.
Quand des signes évoquent l’existence d’un haut potentiel intellectuel chez un enfant ou adolescent en difficulté psychologique et/ou scolaire, il apparaît nécessaire d’évaluer son fonctionnement cognitif, mais aussi ses difficultés psychoaffectives, comportementales et scolaires dans une approche intégrée et globale prenant en compte son développement cognitif, socio‑affectif et psychique.
Le bilan réalisé au CNAHP5 porte sur des évaluations cognitives (test d’intelligence, de créativité et évaluation des capacités attentionnelles), psychoaffectives et comportementales (anxiété, dépression, estime de soi, comportements d’hyperactivité), scolaires (entretien avec un enseignant travaillant au CNAHP avec évaluation de l’investissement scolaire), et enfin d’autres évaluations, comme celles portant sur l’image du corps (dessin du bonhomme et figure de Rey).
L’existence de profils psychologiques multidimensionnels susceptibles de caractériser plusieurs formes d’expression du haut potentiel (notamment ici, intellectuel et/ou créatif) est mise en évidence par ce bilan. Il semble important de rappeler que les échelles du fonctionnement cognitif, quelles qu’elles soient, ne mesurent pas directement le potentiel réel d’une personne, mais seulement son expression, ses fruits, à savoir les compétences observées qui dépendent aussi des facteurs d’environnement et de la motivation de l’enfant.
Ces échelles, incluant celles de mesure de QI, sont et doivent rester des outils, certes précieux, mais dont les scores sont à replacer, à partir d’un travail de clinicien, dans le contexte global du sujet et de son histoire personnelle. Il est essentiel de souligner l’importance de différences interindividuelles au sein même de ces populations, alors que la littérature grand public sur le thème tend à réduire ces enfants à une liste de spécificités plaquées, au risque de les enfermer dans une représentation et une typologie standardisées dangereuses et non représentatives de leur diversité et singularité.
Enfin, le bilan cognitif, selon les professionnels du CNAHP, ne devrait pas relever d’un dépistage et d’une identification systématiques qui risqueraient de créer ou de renforcer la construction d’une identité de « surdoué », avec de possibles effets délétères à long terme.
Cette position n’est cependant pas celle adoptée par tous les auteurs, car certains considèrent qu’un dépistage systématique du haut potentiel intellectuel peut contribuer à la mise en place d’une prévention efficace des problèmes qui y sont possiblement associés.
Le plus important reste probablement la posture clinique avec laquelle on restitue les résultats d’identification d’un haut potentiel intellectuel à un enfant et sa famille, plutôt que les résultats en eux-mêmes.
Développement du potentiel de l’enfant et environnement
Replacer le sujet dans son contexte situationnel global est primordial afin de mieux comprendre ses difficultés, de l’aider et de faciliter l’expression de son haut potentiel à partir d’une levée des inhibitions.
La créativité pourrait être valorisée et stimulée dans l’intérêt des enfants, quel que soit leur potentiel, et préférée au conformisme et à la non prise de risque.
De même, souligner les compétences plutôt que les manquements aide à renforcer l’estime de soi et la solidité des assises narcissiques. Ces dernières favorisent à leur tour la progression de l’effort, de la persévérance et des capacités de résilience et aident à dépasser les défaillances et les difficultés familiales, sociales ou scolaires, en ne construisant pas son identité sur l’échec (« je suis nul »).
Les principaux facteurs d’environnement influençant l’épanouissement du potentiel de l’enfant peuvent être décrits comme suit (figure ) :
– la motivation (étayée et stimulée chez l’enfant à partir des représentations de la réussite dans son entourage) ;
– l’enrichissement du milieu familial (livres, musique…), scolaire (apprentissage et pratique avec maîtrise des techniques) et sociétal (facteurs socioculturels d’ouverture et de changement à partir de voyages, d’immersion dans des milieux différents, d’expériences d’un ailleurs) ;
– l’effort (valorisé en procurant à l’enfant un niveau adapté de challenge à partir d’activités prenant aussi en considération ses centres d’intérêts) ;
– le soutien de l’enfant (affectif, psychologique et/ou financier).
La créativité pourrait être valorisée et stimulée dans l’intérêt des enfants, quel que soit leur potentiel, et préférée au conformisme et à la non prise de risque.
De même, souligner les compétences plutôt que les manquements aide à renforcer l’estime de soi et la solidité des assises narcissiques. Ces dernières favorisent à leur tour la progression de l’effort, de la persévérance et des capacités de résilience et aident à dépasser les défaillances et les difficultés familiales, sociales ou scolaires, en ne construisant pas son identité sur l’échec (« je suis nul »).
Les principaux facteurs d’environnement influençant l’épanouissement du potentiel de l’enfant peuvent être décrits comme suit (
– la motivation (étayée et stimulée chez l’enfant à partir des représentations de la réussite dans son entourage) ;
– l’enrichissement du milieu familial (livres, musique…), scolaire (apprentissage et pratique avec maîtrise des techniques) et sociétal (facteurs socioculturels d’ouverture et de changement à partir de voyages, d’immersion dans des milieux différents, d’expériences d’un ailleurs) ;
– l’effort (valorisé en procurant à l’enfant un niveau adapté de challenge à partir d’activités prenant aussi en considération ses centres d’intérêts) ;
– le soutien de l’enfant (affectif, psychologique et/ou financier).
Travail sur les liens et en réseau
Dans cette approche globale du sujet, il est important de travailler sur les liens. Ceux existant entre l’intellect et le corps doivent être explorés afin de s’assurer de la cohésion émotionnelle et corporelle. L’enfant à haut potentiel peut en effet présenter une problématique de liens impliquant un clivage entre un hyper-investissement intellectuel et une inhibition corporelle conduisant à des problèmes de régulation des émotions. D’autre part, des troubles relationnels sont parfois constatés. Ils peuvent être illustrés, entre autres, par la non-utilisation de ses grandes compétences langagières à visée de communication sociale.
C’est dire l’intérêt, dans le cadre des projets thérapeutiques et pédagogiques, d’un travail en réseau. Tisser des liens entre des institutions, équipes et professionnels, dans le respect des spécificités et des fonctions de chacun, concourt à décloisonner et améliorer la communication entre les environnements familial, scolaire et sociétal, qui comme nous l’avons vu, peuvent nourrir et soutenir le développement et l’expression d’un haut potentiel.
C’est dire l’intérêt, dans le cadre des projets thérapeutiques et pédagogiques, d’un travail en réseau. Tisser des liens entre des institutions, équipes et professionnels, dans le respect des spécificités et des fonctions de chacun, concourt à décloisonner et améliorer la communication entre les environnements familial, scolaire et sociétal, qui comme nous l’avons vu, peuvent nourrir et soutenir le développement et l’expression d’un haut potentiel.
Références
1. Lubart T, Jouffray C. Concepts, définitions et théories. In: Lubart T. (éd.). Enfants exceptionnels, précocité intellectuelle, haut potentiel et talent. Levallois-Perret: Bréal; 2006: 12-35.
2. Sternberg RJ, Lubart T. Creative giftedness: a multivariate investment approach. Gifted Child Quaterly 1993;37:7-15.
3. Naglieri JA, Kaufman JC. Understanding intelligence, giftedness and creativity using PASS theory. Roeper Review 2001;23:151-6.
4. Treffinger DJ. The progress and peril of identifying creative talent among gifted and talented students. J Creative Behav 1980;14:20-34.
5. Kermarrec S, Tordjman S. Enfants à haut potentiel. Faire de la différence une source d’épanouissement et non d’isolement. Rev Prat Med Gen 2012;26:874-7.
2. Sternberg RJ, Lubart T. Creative giftedness: a multivariate investment approach. Gifted Child Quaterly 1993;37:7-15.
3. Naglieri JA, Kaufman JC. Understanding intelligence, giftedness and creativity using PASS theory. Roeper Review 2001;23:151-6.
4. Treffinger DJ. The progress and peril of identifying creative talent among gifted and talented students. J Creative Behav 1980;14:20-34.
5. Kermarrec S, Tordjman S. Enfants à haut potentiel. Faire de la différence une source d’épanouissement et non d’isolement. Rev Prat Med Gen 2012;26:874-7.