FOCUS
Un des principaux enjeux diag­nostiques des fractures de l’extrémité inférieure du radius est l’interprétation radiographique précise des lésions. Plusieurs notions clés méritent d’être précisées.
Le premier élément crucial est l’interprétation correcte du sens du déplacement du fragment distal, déterminant le sens de la fameuse « bascule ». Cette dernière est déterminée sur une radiographie de poignet de profil strict. Le sens de la bascule correspond à la direction vers laquelle la glène radiale fracturée va regarder : soit la zone dite « antérieure » (vers l’avant ou ventrale) ou « postérieure » (vers l’arrière ou dorsale). Il faut enfin savoir que la zone antérieure est toujours du côté du pouce, et qu’à l’inverse la zone postérieure est opposée au côté du pouce.
Deuxièmement, il faut garder en mémoire que le caractère extra-articulaire strict des lésions fracturaires de l’extrémité inférieure du radius est rare. Il existe en effet très fréquemment des refends qui se prolongent soit dans l’articulation radio-ulnaire distale, soit dans l’articulation radio-carpienne. Ainsi, la classique fracture extra-articulaire de Pouteau-Colles est moins fréquente que les fractures métaphysaires à bascule postérieure avec refend articulaire intéressant l’articulation radio-ulnaire distale, même non déplacées.
Par ailleurs, les fractures de l’extrémité inférieure du radius sont aussi caractérisées par des complications fréquentes et variées.
Les plus communes sont des douleurs chroniques qui intéressent en priorité le versant ulnaire, avec des répercussions potentielles sur les mobilités en pronosupination, éventuellement potentialisées par un cal vicieux intéressant l’articulation radio-ulnaire distale. Une autre complication fréquente à connaître est le syndrome algo­neurodystrophique ou syndrome douloureux régional complexe de type 1, qui peut atteindre 20 à 30 % des cas suivant les séries, et semblant être favorisé par un fixateur externe mis en distraction.
La rupture du tendon de l’extensor pollicis longus est également une complication classique des fractures de l’extrémité inférieure du radius. Cette rupture peut être d’origine ischémique en cas de fracture peu ou pas déplacée et/ou favorisée par l’effraction du tendon sur une extrémité de broche. Les patients se plaignent d’une impossibilité à porter le pouce en rétropulsion, avec comme conséquence des difficultés à saisir des objets volumineux. La prise en charge de référence est chirurgicale, par le transfert de l’extensor indicis proprius sur le moignon distal du tendon de l’extensor pollicis longus.
Enfin, l’arthrose radio-carpienne et/ou radio-ulnaire distale post-traumatique est fréquente mais souvent assez bien tolérée. Elle peut en revanche favoriser l’installation d’un syndrome du canal carpien. Les patients se plaignent alors d’apparition progressive d’acroparesthésies distales, surtout au niveau du pouce, de l’index et du majeur, à recrudescence nocturne, invalidantes et d’aggravation rapide. Une décompression du nerf médian par section du ligament annulaire antérieur du carpe se justifie alors après confirmation de la neuropathie compressive localisée au canal carpien par un examen électro­myographique.