L e 21 octobre, l’ARS d’Île-de-France décidait d’annuler le choix des internes de médecine générale (IMG) pour leur semestre de stages hospitaliers débutant le 4 novembre ! Certains postes en pédiatrie ouverts dans les hôpitaux périphériques n’ayant pas été pourvus, une vingtaine des chefs de service concernés par ces « non-choix » s’inquiétaient des répercussions sur le fonctionnement de leurs urgences pédiatriques, craignant même une « crise sanitaire » pour cet hiver !
La ministre s’est offusquée de ce dysfonctionnement en rejetant plus ou moins à juste titre la responsabilité sur les enseignants de médecine générale et proposant aussitôt, pour calmer les esprits, une prime de 500 euros mensuels aux étudiants qui accepteraient de changer leurs lieux de formation (c’est-à-dire de lâcher Paris pour rejoindre la petite et la grande couronne). L’ARS d’Île-de-France, pourtant principale responsable de l’organisation du choix des stages hospitaliers pour chaque filière du 3e cycle, ne savait pas comment trouver d’issue à ce problème. Elle a finalement prétexté une « atteinte au principe d’égalité » pour invalider les choix de ces 490 internes, décision très mal reçue par les IMG concernés qui ont dénoncé en bloc le « manque de respect », « du grand n'importe quoi » ou encore « une honte ».
Cette annulation est en effet la marque d’un certain mépris surtout vis-à-vis des IMG mais aussi des enseignants de médecine générale alors que ceux-ci œuvrent depuis plusieurs décennies pour faire de la filière médecine générale – l’oubliée de la loi Debré de 1954 – une filière d’exception. Il est crucial de donner aux IMG toutes les compétences pour répondre à la complexité et aux exigences de leur future profession.
La vraie question est de savoir pourquoi ces stages en pédiatrie n’ont pas été choisis car ils font partie du 3e cycle de médecine générale. Si la maquette vise l’acquisition des compétences professionnelles attendues, la respecter n’est pas suffisant pour valider les apprentissages en l’absence d’un encadrement adéquat. La méthode pédagogique privilégiée pour cela est l’autoformation mais cela suppose une autonomie et une supervision adaptées aux niveaux et aux progrès de l’apprenant sous la responsabilité des seniors. C’est bien ce que les IMG ont dénoncé en ne choisissant pas ces stages, les considérant comme insuffisants sur le plan pédagogique.
Alors « crise sanitaire » ou « crise de formation » ? Même si les IMG sont rémunérés pour contribuer au fonctionnement des services qu’ils ont choisis, ils ne sont pas des variables d’ajustement qui pallieraient les carences de la démographie médicale hospitalière, mais d’abord des praticiens en formation requérant un encadrement pédagogique adapté, et notamment davantage de maîtres de stage universitaire. La crainte tout à fait justifiée de nos futurs confrères – et que nous devons partager – est « internes mal formés = patients mal soignés » !