Plus que de mémoires oubliées il faudrait parler de mémoires méconnues. Il importe de rappeler les travaux de Serge Brion, Jean Delay, Jean Cambier, Bernard Lechevalier et de l’École de Caen. Il y a plusieurs types de dissociations des mémoires : la première est clinique entre la mémoire antérograde avec l’apprentissage de nouvelles informations (rôle de l’hippocampe) et rétrograde avec le rappel de souvenirs antérieurs au début de la maladie (stockés dans le néocortex associatif), la seconde entre la mémoire à court terme (de travail) inférieure à 2 minutes et celle à long terme (enregistrement et récupération des souvenirs sur des années). D’autres dissociations sont méconnues : la mémoire implicite (inconsciente) comprend surtout la mémoire procédurale (mémoire du faire, des gestes) mais aussi l’acquisition de réflexes ou la mémorisation d’images subliminales en opposition à la mémoire explicite (consciente et déclarative) ; dans cette dernière une dissociation singulière est décrite depuis les années 1990 entre la mémoire épisodique (mémoire du fait unique que l’on peut revivre dans sa précision sensorielle initiale) et la mémoire sémantique (mémoire-savoir décontextualisée) qui ne nécessite pas le rappel de la situation d’apprentissage. La conservation sémantique avec abolition de l’épisodique caractérise une amnésie développementale singulière par anoxie des hippocampes à la naissance où les enfants acquièrent des connaissances scolaires générales tout en n’ayant aucune mémoire épisodique.

Séance organisée par Bernard Laurent, service de neurologie, hôpital Nord, CHU de Saint-Étienne

24 novembre 2020