L'hypertension artérielle (HTA) est un facteur majeur de risque cardiovasculaire, et en particulier d’accident vasculaire cérébral. Sa prévalence mondiale est estimée à 30 % au moins de la population adulte, voire à 60 % après 60 ans. Environ 10 millions de décès par an seraient liés à ce fléau.
La France compte, quant à elle, 15 millions d’hypertendus, dont la moitié l’ignore.1 Et, aveu d’échec de notre préoccupation sur le sujet, seule la moitié des hypertendus connus ont une pression artérielle normalisée.1 Les femmes ne sont pas à l’abri : après la ménopause, le risque d’HTA augmente, pour rejoindre rapidement celui des hommes et même le dépasser à partir de la septième décennie.
Ainsi, La Revue du Praticien-Médecine générale a-t-elle fait le choix, ces derniers mois et pour plusieurs numéros à venir, de consacrer une nouvelle série d’articles à ce problème de santé publique, pour faire le point sur les connaissances acquises ou nouvelles. Le médecin de premier recours est, en effet, celui qui doit repérer, traiter et surveiller cette pathologie initialement asymptomatique.
Certes, la prise tensionnelle est un passage obligé de la consultation en médecine générale. Car l’oublier, c’est s’exposer à une possible critique acerbe du patient… « Il ne m’a même pas pris la tension ! » Or il est désormais démontré que, pour poser le diagnostic d’HTA et en surveiller le contrôle, il est bien plus efficace de se fier à une automesure à domicile (3 mesures le matin, 3 mesures le soir, pendant 3 jours d’affilée) ou à une mesure ambulatoire automatisée.
Une fois repérée, l’HTA doit être classée. Si elle est le plus souvent « essentielle » (voir le dossier « HTA essentielle » du n° 1059 de La Revue du Praticien-Médecine générale), il ne faut cependant pas négliger les 10 à 15 % de formes secondaires que l’on peut soigner et qu’il faut donc rechercher : causes endocrine, rénovasculaire, toxique ou iatrogène (voir l’article « HTA secondaire » du n° 1060 de La Revue du Praticien-Médecine générale).
Dans ce numéro, message contre-intuitif, nous apprenons qu’une bithérapie antihypertensive d’emblée est plus efficace et favorise l’observance, sans augmenter les effets indésirables. L’observance, justement, car l’HTA est une pathologie chronique où l’implication du patient est l’un des principaux critères d’amélioration : automesures, modération dans la consommation de sel et d’alcool, activité physique régulière, maîtrise des autres facteurs de risque cardiovasculaires, adhésion au traitement… Chaque consultation doit être l’occasion de rappeler l’ensemble des objectifs et de rechercher d’éventuels effets indésirables dus aux molécules prescrites.
La télémédecine (consultations et surveillance à l’aide d’outils connectés) trouve logiquement sa place pour la prise en charge de certains types d’HTA, dans des contextes bien définis.
Enfin, au plus proche du patient, le suivi est individualisé : patient diabétique, insuffisant rénal, insuffisant cardiaque... Dans cette perspective, un consensus d’experts « HTA, hormones et femmes » (issu du partenariat entre la Société française d’hypertension artérielle [SFHTA] et le fonds de dotation Agir pour le cœur des femmes) a publié quinze recommandations pour optimiser le repérage et le suivi des femmes hypertendues2, plaçant le médecin traitant en coordonnateur des soins. Un autre groupe d’experts s’est constitué pour défendre la nécessité de dépister l’HTA de l’enfant et de l’adolescent, dont la prévalence augmente (mesure tensionnelle auscultatoire systématique dès 3 ans).3
Une série d’articles, donc, sur une pathologie chronique largement répandue, qui promet – hélas ! – de le rester, en raison du vieillissement de la population et de l’évolution des modes de vie.
1. Vallée A, Gabet A, Grave C, et al. Patterns of hypertension management in France in 2015: The ESTEBAN survey. J Clin Hypertens 2020;22(4):663-72.
2. SFHTA. HTA, hormones et femme. Consensus d’experts. Décembre 2018.
3. SFHTA de l'enfant et de l'adolescent