Témoignages
C’est par ces mots que Véronique Lemaître, présidente de l’Association nationale de patients touchés par l’hypercholestérolémie familiale (Aneth.f), commence son plaidoyer pour une meilleure connaissance et sensibilisation de tous à cette maladie.
Beaucoup de patients témoignent avoir souffert d’une errance médicale. Il y a dix ans, peu de médecins connaissaient la conduite à tenir et peu adressaient leurs patients à un endocrinologue ou un centre référent ou à un cardiologue, comme le montre ce témoignage d’une maman bien désemparée.
Témoignage de Marie, mère de 6 enfants
Où est la médecine préventive dans tout cela ?
Un risque cardiovasculaire multiplié par 13
Le risque cardiovasculaire est multiplié par 13. En l’absence de traitement, l’état des artères d’un patient de 40 ans équivaut à celui d’une personne de 80 ans.
L’impact des traitements
Certaines formes rares (hypercholestérolémie familiale homozygote ou hétérozygote sévère non contrôlée par le traitement médicamenteux avec un LDL-cholestérol > 3 g/L en l’absence de maladie cardiovasculaire ou > 2 g/L avec maladie cardiovasculaire), peuvent justifier un traitement par LDL-aphérèse. Ce traitement lourd, de dernier recours, se fait en milieu hospitalier tous les 15 jours et permet l’épuration sanguine du LDL-cholestérol. Le contrôle des facteurs de risques associés s’ils existent est essentiel (sevrage tabagique et/ou cannabique, contrôle du diabète, de l’hypertension artérielle...) car l’association des facteurs de risque est multiplicative. De nouveaux médicaments (inhibiteur de PCSK9) sont commercialisés dans de nombreux pays, et sont réservés en France aux hypercholestérolémies familiales.***
Une maladie méconnue qui veut sortir de l’ombre grâce à l’association de patients ANHET.F
La volonté de l’association est d’agrandir la communauté de patients afin de se faire entendre des instances de santé et de faire en sorte qu’ils ne connaissent plus l’errance médicale et qu’ils soient bien orientés dès la découverte de la maladie. , clame sa présidente, Véronique Lemaître, d’où l’importance d’informer le corps médical et d’aller à la recherche des 90 % des patients non diagnostiqués.
Informer, dépister, accompagner
L’association a entrepris un tour de France pour aller à la rencontre des patients. Elle est déjà allée dans de nombreuses villes comme Paris, Lyon, Rennes, Toulouse, Nantes, Lille, Reims.
Elle organise une journée nationale qui a eu lieu cette année à Marseille le 21 septembre 2019.
Deux objectifs
L’association se bat pour porter la voix du patient et se donne deux objectifs : faciliter l’accès aux nouveaux traitements et la mise en place d’un dépistage pédiatrique organisé et soutenu par les instances de santé et le corps médical.
Le dépistage pourrait être généralisé en profitant d’une visite obligatoire entre 3 et 9 ans pour faire un dosage du cholestérol. Il doit aussi être ciblé, en posant les questions : « Y a-t-il du cholestérol dans votre famille ? », « Y a-t-il eu des accidents cardiovasculaires chez un de vos parents, frères, sœurs, oncles ou tantes ? ». Une réponse positive à l’une de ces deux questions justifie la prescription d’un dosage du cholestérol.
Dans les deux situations, si le LDL-cholestérol est supérieur à 1,6 g/L, une enquête familiale peut commencer ainsi qu’une prise en charge approfondie de l’enfant (habitude alimentaire, antécédents, dépistage génétique…).
Propositions pour agir
Mettre en place une formation continue des professionnels de santé sur l’hypercholestérolémie familiale.
Informer les médecins traitants des risques d’une hypercholestérolémie familiale non diagnostiquée afin de les sensibiliser à un dépistage ciblé systématique, en cascade.
Encourager le dépistage afin d’améliorer la prise en charge et réduire les coûts sociétaux.
Intégrer la recherche de pathologies silencieuses dans le cadre d’une médecine préventive et prédictive.
Ajouter dans le carnet de santé à la page relative aux antécédents familiaux la mention de l’hypercholestérolémie familiale.
Identifier les patients à risque en remontant leur arbre généalogique.
Inciter les médecins à pratiquer des examens cliniques détaillés.
Privilégier pour le dépistage généralisé un dépistage biologique du fait de son rapport coût-efficacité reconnu.
Demander aux biologistes d’indiquer sur la feuille de résultats « Attention ! risque d’hypercholestérolémie familiale » en cas de LDL-cholestérol anormalement élevé.
Mettre en place une classification dans le programme médicalisé des systèmes d’information (PMSI) qui permette d’identifier les patients atteints d’hypercholestérolémie familiale.
Reconnaître la consultation de prévention comme un acte médical, rémunéré à sa juste valeur.
Ajouter l’hypercholestérolémie familiale dans les rémunérations sur objectif de santé publique (ROSP).
Favoriser le développement du dossier médical personnel (DMP).
Développer l’accompagnement dans la durée des familles atteintes d’hypercholestérolémie familiale en leur proposant des consultations régulières tous les ans ou tous les deux ans.
S’engager dans la prévention en y consacrant plus de 10 % des dépenses de santé.