Le cancer du pancréas est souvent découvert à un stade trop tardif, les symptômes étant peu spécifiques. Des chercheurs ont développé un programme de « deep learning » pour détecter les patients à haut risque jusqu’à trois ans avant le diagnostic. Leurs résultats sont parus dans Nature Medicine.

Le cancer du pancréas augmente en incidence en France, passant de 6 000 nouveaux cas par an en 2006 à plus de 14 000 nouveaux cas par an en 2019. Ce cancer de mauvais pronostic est souvent découvert tardivement, et près de 80 % des patients ont, au moment du diagnostic, un cancer avancé voire métastatique, ce qui explique en partie son faible taux de survie à 5 ans (2 à 9 %). Pourtant, cela n’est pas une fatalité : aux États-Unis, les 13 % de patients diagnostiqués de manière précoce – avec une tumeur localisée – ont un taux de survie à 5 ans de 42 %. Toutefois, peu de facteurs de risque fiables sont connus pour ce cancer.

Dans cette étude publiée en mai 2023 dans Nature Medicine, des chercheurs danois et américains ont entraîné un algorithme à calculer ce risque en prenant en compte les données cliniques des dossiers médicaux numérisés de deux cohortes : des patients danois suivis entre 1977 et 2018, soit 41 ans (8,1 millions de patients, 49,7 % d’hommes), et des anciens combattants américains suivis entre 1999 et 2020 (3,0 millions de patients, 85,7 % d’hommes). Parmi les patients danois, 23 985 ont reçu au cours du suivi un diagnostic de cancer du pancréas (49,5 % d’hommes, 70,0 ans d’âge médian au diagnostic), contre 3 869 des Américains (96,7 % d’hommes, 68,0 ans d’âge médian au diagnostic).

Les chercheurs ont testé différentes versions des modèles d’IA pour prédire le risque à différents moments – six mois, un an, deux ans et trois ans avant le diagnostic.

Les résultats sont encourageants : au cours de l’entraînement, l’algorithme a identifié des trajectoires cliniques (le patient avait certaines conditions qui se sont produites dans une certaine séquence au fil du temps) prédictives du risque. Par exemple, calculs biliaires, anémie, diabète de type 2 et autres problèmes gastro-intestinaux étaient associés à un risque accru de cancer du pancréas dans les trois ans. Sans surprise, une pancréatite chronique, facteur de risque connu, était fortement prédictive de son apparition dans un laps de temps plus court (un an).

Les auteurs en concluent que le dépistage de la population fondé sur l’IA, associé à une surveillance rapprochée des personnes détectées comme étant à haut risque, pourrait améliorer le diagnostic précoce et donc la prise en charge du cancer du pancréas en vie réelle.

Pour en savoir plus
Placido D, Yuan B, Hjaltelin JX, et al. A deep learning algorithm to predict risk of pancreatic cancer from disease trajectories.  Nature Medicine 2023;29:1113-22.