L’observation d’une augmentation de l’incidence des AVC chez les jeunes en Angleterre, en France et plus largement dans le monde repose en majorité sur la collecte de données administratives prélevées lors de décès ou d’hospitalisations, une méthode qui peut causer des biais notamment par le changement de codage administratif de certains diagnostics avec l’évolution des pratiques.
Pour pallier ce problème, des chercheurs anglais ont utilisé les données de l’Oxford Vascular Study (OXVASC), une étude de cohorte prospective qui vise à déterminer l’évolution de l’incidence et de l’issue de plusieurs événements cardiovasculaires graves dans la population du comté d’Oxford (Royaume-Uni). Récoltées entre 2002 et 2018, ces informations concernent 94 567 habitants du comté britannique (près d’un sixième de la population). En tout, 2 429 AVC ont été répertoriés sur la durée de l’étude ; leur incidence calculée par classe d’âge, dévoilée dans le JAMA, confirme les tendances observées dans la littérature.
En parallèle d’un déclin modéré, de 15 %, de l’incidence des AVC chez les plus de 55 ans entre les périodes 2002-2010 et 2010-2018, probablement en raison d’une meilleure prise en charge (incidence rate ratio (IRR) = 0,85 ; IC95 % = [0,78 ; 0,92]), l’incidence des AVC a augmenté significativement chez les moins de 55 ans, de 67 %, entre ces deux périodes (IRR = 1,67 ; IC 95 % = [1,31 ; 2,14]). Cette augmentation est indépendante du sexe et de la sévérité de l’AVC, et elle reste significative même en retirant les facteurs de risque connus (diabète, tabagisme, hypertension, obésité). Elle n’a pas été observée pour d’autres événements cardiovasculaires étudiés, hormis les accidents ischémiques transitoires.
Les auteurs rejettent les explications liées à une meilleure reconnaissance des AVC, insuffisantes pour expliquer les résultats obtenus. S’ils soulignent le besoin de recherches plus poussées pour saisir les causes du phénomène, ils suggèrent un impact du stress au travail, sur des plages horaires longues associées à une moindre activité physique. De fait, l’incidence la plus grande de ces AVC « précoces » concerne les personnes occupant des emplois managériaux (IRR = 2,52 ; IC95 % = [1,75 ; 3,62]).