Depuis plus d’une dizaine d’années, des maisons de santé pluri-professionnelles (MSP) voient le jour, regroupant au moins deux médecins et un autre professionnel de santé.1 Ces soignants travaillent ensemble souvent dans un même lieu, ce qui favorise la coordination et la création de projet de soins.
Si les MSP permettent d’améliorer la qualité d’exercice et de soins, elles sont aussi un lieu de formation pour les étudiants.
En effet, le cahier des charges pour la labélisation « MSP » par l’agence régionale de santé (ARS) précise que « la MSP s’engage à accueillir et à encadrer des professionnels de santé en formation ». Ainsi, ces structures sont des lieux propices à la formation des étudiants en médecine en 2e cycle (externes) ou en 3e cycle (internes), ainsi que des étudiants d’autres professions de santé.
Dans la continuité de cet objectif de formation et de développement de la recherche en soins primaires, la notion de maison de santé pluriprofessionnelle universitaire (MSP-U) a vu le jour. Celle-ci est cadrée par un arrêté du 18 octobre 2017,2 qui concerne également les centres de santé et précise les modalités de création d’une convention tripartite entre la MSP, l’université et l’ARS.
Les critères pour devenir MSP-U sont les suivants :
– avoir un projet de santé et une labélisation MSP par l’ARS ;
– avoir signé l’accord conventionnel interprofessionnel ;
– obtenir les avis favorables du doyen de la faculté et du directeur du département universitaire de médecine générale (DUMG) ;
– avoir une majorité de professionnels maîtres de stage des universités agréés et accueillir de façon régulière un étudiant du deuxième cycle, deux du troisième cycle et des étudiants d’autres professions de santé (ou envisager de le faire) ;
– réaliser des travaux en soins primaires, notamment avec la formalisation d’un programme de participation à des travaux de recherche liés aux activités de la structure, le cas échéant avec l’UFR* de médecine ; de plus, les professionnels de la MSP-U doivent participer à la rédaction de revues bibliographiques et d’analyses d’articles ;
– avoir un enseignant titulaire ou associé universitaire de médecine générale et un chef de clinique de médecine générale (ou ancien chef de clinique). Les deux doivent travailler au sein de la maison de santé pluriprofessionnelle.
Cette convention a une durée de 5 ans. Une évaluation des actions de recherche et d’enseignement est menée par l’ARS et la faculté de médecine afin de renouveler la qualification universitaire du centre ou de la maison de santé.
Les critères étant difficiles à valider pour obtenir cette labélisation, peu de MSP peuvent prétendre devenir MSP-U. Par exemple, on en compte seulement 3 dans le Grand Est, labélisées récemment, en novembre 2019.
La vocation des MSP-U est de créer des projets innovants dans l’enseignement et de recherche en soins primaires, en lien avec la faculté de médecine. Ces structures peuvent créer une dynamique de terrain et doivent être moteurs pour les MSP et communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS).
Toutefois, pour cela, des aides humaines et financières sont indispensables (coordinateur, attaché de recherche clinique, agent du département d’information médicale [DIM], diplômé de santé publique…).
Les MSP-U permettent de décentraliser l’université dans les territoires afin d’être au plus près de la population et du terrain, tout en développant la recherche en soins primaires et l’enseignement en lien avec celle-ci !
* Unité de formation et de recherche.
1. Code de la santé publique. Article L6323-3.
2. Arrêté du 18 octobre 2017 fixant les modalités de fonctionnement, d’organisation et d’évaluation des centres de santé pluriprofessionnels universitaires et des maisons de santé pluriprofessionnelles universitaires.