Certaines maladies inflammatoires – polyarthrite rhumatoïde, psoriasis, lupus – sont connues pour être associées à un sur-risque d’événements cardiovasculaires. Cependant, en raison d’études limitées en taille de cohorte, cette association est mal établie pour d’autres maladies auto-immunes, limitant la prévention CV ciblée chez ces patients potentiellement à risque.
Afin de combler ce manque de données, des chercheurs anglais ont mené une étude sur la base des données de santé de plus de 22 millions de Britanniques. Objectif : connaître l’association de 19 maladies auto-immunes parmi les plus courantes avec différents types d’événements CV. Dans cet océan de sujets, les auteurs ont sélectionné 446 449 adultes nouvellement diagnostiqués d’une maladie auto-immune entre 2000 et 2017 (âge moyen au diagnostic : 46 ± 2 ans) et exempts de maladie cardiovasculaire jusqu’à un an après leur diagnostic, ainsi que 2 102 830 individus pour former un contrôle représentatif. Les deux groupes ont été suivis pour 12 sortes d’événements cardiovasculaires (AVC, fibrillation atriale, infarctus du myocarde, mais aussi myocardite et endocardite… ; hospitalisation et mortalité pour cause cardiovasculaire étaient également évaluées) jusqu’en juin 2019, soit un suivi médian de 6,2 ans.
Les résultats de la comparaison entre les deux groupes ont été publiés dans The Lancet. Le taux d’incidence global des événements cardiovasculaires était significativement supérieur dans le groupe « maladies auto-immunes » que dans le groupe contrôle : 23,3 vs 15,0 pour 1 000 personnes-années, soit un risque augmenté de 1,4 à 3,6 selon la pathologie. Une augmentation comparable donc à celle associée au diabète de type 2. Le risque était accru pour chaque type d’événement cardiovasculaire, et l’excès de risque était particulièrement élevé chez les plus jeunes (< 45 ans), et ce indépendamment des facteurs de risque CV traditionnels (âge, sexe, statut socio-économique, PA, IMC, tabagisme, diabète de type 2, cholestérol). De plus, le risque augmentait avec le nombre de maladies auto-immunes.
Parmi les pathologies étudiées, la sclérodermie systémique, la maladie d’Addison,le lupus et le diabète de type 1 étaient celles avec le plus grande risque CV global.
Les raisons de ce sur-risque ne sont pas bien élucidées, mais l’inflammation chronique pourrait jouer un rôle important. Cette étude n’a toutefois pas évalué l’effet (positif ou négatif) des thérapies médicamenteuses.
Les auteurs en concluent qu’une maladie auto-immune devrait être considérée comme un facteur de risque indépendant supplémentaire et qu’un suivi ciblé de ces patients, notamment les plus jeunes, pourrait améliorer leur espérance de vie.