Les anticorps monoclonaux dirigés contre le peptide bêta-amyloïde ont pour objectif de ralentir la progression de la maladie d’Alzheimer. L’accumulation de ces agrégats est en effet un signe caractéristique et une possible cause de la maladie d’Alzheimer (malgré les controverses récentes sur ses mécanismes physiopathologiques). L’aducanumab a déjà reçu une AMM de la Food and Drug Administration (FDA) en 2021. Après une étude de phase II concluante, l’anticorps monoclonal lécanémab a fait l’objet d’un nouvel essai randomisé de phase III, dont les résultats sont parus en janvier dans le NEJM.Une équipe internationale de chercheurs a randomisé 1 795 adultes de 50 à 90 ans souffrant d’un déclin cognitif léger lié à la maladie d’Alzheimer, en deux bras : un groupe a reçu une injection de 10 mg/kg de lécanémab toutes les deux semaines pendant 18 mois (N = 898) ; l’autre groupe a reçu des injections de placebo (N = 897). Le critère de jugement principal était le score CDR-SB (Clinical Dementia Rating-Sum of Boxes), s’échelonnant de 0 (pas de déclin cognitif) à 18 (démence sévère). Parmi les critères secondaires figuraient la charge amyloïde mesurée en tomographie par TEP-scan, le score sur l’échelle ADAS-Cog14 (14-item Alzheimer’s Disease Assessment Scale-Cognitive Subscale) et les événements indésirables.Le score CDR-SB, de 3,2 à l’inclusion, était à 18 mois de 1,21 dans le groupe traité avec le lécanémab et de 1,66 dans le groupe placebo (avec donc une différence de -0,45 ; p < 0,001).Une analyse portant sur 698 patients (354 du groupe traité, 344 du groupe placebo) a indiqué une charge amyloïde significativement réduite dans le cerveau des patients traités. De plus, ceux-ci ont montré une meilleure diminution du score ADAS-cog14 que le groupe placebo (-1,44 ; p < 0,001).Les événements indésirables liés à la perfusion étaient plus fréquents dans le groupe traité (26,4 % des patients traités versus 7,4 % du groupe placebo), de même que les événements indésirables graves (14 % vs 11,3 %).Ce traitement pourrait donc maintenir les patients plus longtemps à un stade précoce de la maladie, mais une modification de 0,45 point sur le score CDR a-t-elle vraiment une signification clinique ? D’autant qu’il faut prendre en compte le risque d’effets indésirables potentiellement graves associés à ce traitement.Les auteurs en déduisent que, malgré ces résultats encourageants, le lécanémab doit faire l’objet d’essais à plus long terme pour confirmer son efficacité et sa sécurité. Il a toutefois reçu le 6 janvier 2023 une AMM de la FDA, via un processus d’autorisation accéléré.
Références
N Engl J Med 2023;388(1):9-21. Van Dyck CH, Swanson CJ, Aisen P, et al. Lecanemab in early Alzheimer’s disease. PMID : 36449413