Une femme de 36 ans, mère de 3 enfants et dont le mari militaire est en mission à l’étranger, consulte pour angoisse et sensation de palpitations avec parfois des douleurs rétrosternales. La symptomatologie évolue par crises, cédant spontanément. Elle a déjà consulté son médecin traitant à deux reprises pour les mêmes symptômes. Elle n’a pas d’antécédent particulier, notamment familial. Elle est sous pilule œstroprogestative et fume un paquet de cigarettes par jour. Son IMC est à 22,3. Elle ne décrit pas de symptôme le jour de l’examen. Les bruits du cœur sont réguliers, sans souffle. Elle est légèrement tachycarde, avec une bonne tolérance clinique. La pression artérielle, normale, est identique aux deux bras. L’auscultation pulmonaire est libre et symétrique.
L’électrocardiogramme (ECG) fait le diagnostic (figure). Le rythme est régulier à 110 batt/min, l’axe est normal, les QRS sont fins. On ne note pas de trouble de la repolarisation. En revanche, on relève un PR court sans onde delta, mais avec une onde P’ négative en V1, V2, V3, V4, V5 DII, DIII, aVR, aVF. C’est une onde P’ rétrograde sans préexcitation.
Il s’agit donc d’une maladie de Coumel ou rythme réciproque chronique.
L’ECG est bien évidemment un examen paraclinique indispensable dans ce contexte. En effet, même si le syndrome coronaire aigu paraît peu probable, la triade pilule œstroprogestative, tabac et âge supérieur à 35 ans doit alerter. En outre, la symptomatologie cardiaque est récidivante. La maladie de Coumel est une tachycardie jonctionnelle par réentrée entre le nœud atrioventriculaire (NAV) et une voie accessoire qui ne conduit qu’en rétrograde et de façon lente et décrémentielle (ralentie lorsque la fréquence s’accélère, de la même façon que le NAV). C’est un diagnostic différentiel du syndrome de Wolff-Parkinson-White : dans la tachycardie de Coumel, il n’y a pas de préexcitation, donc pas d’onde delta. Ce trouble du rythme est classiquement congénital et peut persister chez l’adulte. Chez notre patiente, cette voie de conduction rétrograde était déjà visible sur un ECG une dizaine d’années auparavant (visite de médecine du travail). Elle était alors asymptomatique.

Quel traitement ?

Comme le syndrome de Wolff-Parkinson-White, la tachycardie de Coumel se traite par ablation de la voie de conduction rétrograde. L’intervention est complexe pour les cardiologues interventionnels, car la voie est d’accès difficile.
Pour en savoir plus
Brembilla-Perrot B. Tachycardies jonctionnelles. Société française de médecine d’urgence, congrès 2014. Disponible sur https://bit.ly/3zLoxPi
Leclercq JF. De bien curieuses extrasystoles. Recommandations Cœur, diabète et métabolisme. Cordiam, avril 2016. Disponible sur https://bit.ly/3xRoTm3
Taboulet P. Tachycardie atrioventriculaire 5. permanente. e-cardiogram, 21 novembre 2021. Disponible sur https://bit.ly/2Shdj4r

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