Pourquoi la « maladie des Vikings » est-elle beaucoup plus fréquente chez les Européens du Nord que chez les personnes d’origine africaine ? La faute serait à Néandertal, selon une étude parue mi-juin dans Molecular Biology and Evolution.

Touchant entre 3,5 % et 11 % de la population générale française, la maladie de Dupuytren peut se révéler très handicapante, car elle entraîne une flexion progressive et irréductible de certains doigts. L’origine de cette maladie multifactorielle est mal comprise. Toutefois, un terrain génétique semble très prégnant : une étude danoise portant sur des jumeaux a noté en 2015 une héritabilité de la maladie de 80 %. Le risque génétique se traduit également par une prévalence de la maladie de Dupuytren très variable suivant les populations, allant d’environ 0,13 % chez les personnes d’origine africaine à près de 30 % des Norvégiens de plus de 60 ans !

En remarquant la faible prévalence de la maladie de Dupuytren dans les populations d’origine africaine, des généticiens ont cherché à déterminer si certains variants génétiques liés à cette affection étaient d’origine néandertalienne, puisque 1 à 2 % du génome des Européens provient de Néandertal, contre 0,3 % en moyenne du génome des Africains. Pour effectuer cette méta-analyse, les auteurs ont analysé trois banques de données génomiques comprenant des variants génétiques de 7 871 malades et 645 880 contrôles sains.

Cette analyse, parue en juin dans Molecular Biology and Evolution, a permis d’identifier 61 mutations génétiques significativement associées à la maladie de Dupuytren. Parmi ces mutations, trois ont pu être attribuées à Néandertal, car correspondant au génome de référence de ce dernier et pas à celui d’Homo sapiens. Parmi ces trois mutations, deux comptaient parmi les trois mutations les plus fortement associées à la maladie de Dupuytren. Les trois mutations néandertaliennes identifiées comptent pour 8,4 % de l’héritabilité génétique de la maladie expliquée par les 61 variants génétiques identifiés par les chercheurs.

La mutation « néandertalienne » la plus liée à la maladie de Dupuytren, associée à une augmentation de 80 % du risque de développer cette pathologie, est une mutation du gène EPDR1 sur le chromosome 7. Ce gène code pour une protéine lysosomale potentiellement impliquée dans la contractibilité des myofibroblastes. Sa mutation néandertalienne entraîne la synthèse d’une protéine tronquée. Cependant, les chercheurs indiquent que la compréhension précise du mécanisme physiopathologique sous-jacent à ce variant à risque, ainsi qu’aux deux autres variants néandertaliens identifiés, nécessite plus de recherches.

Pour en savoir plus
Ågren R, Patil S, Zhou X, et al. Major Genetic Risk Factors for Dupuytren’s Disease Are Inherited From Neandertals.  Mol Biol Evol 2023;40(6):msad130.

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