Mme G., 57 ans, consulte pour « une boule douloureuse sous le pied ». Cette tuméfaction est apparue de façon progressive au cours des deux derniers mois, mais la douleur se majore depuis une semaine, limitant la marche. Aucun traumatisme ou inflammation locale récente n’est évoqué par la patiente.
L’examen clinique met en évidence une masse au niveau de la face plantaire du pied gauche, dure, fixée sur le plan profond, de 15 mm de diamètre (fig. 1). Il n’existe aucun signe d’inflammation ni déficit sensitivomoteur. Le pied controlatéral est indemne.
L’échographie objective une lésion arrondie sans caractère suspect (fig. 2). 

La maladie de Ledderhose, ou fibromatose plantaire, correspond à une atteinte fibreuse de l’aponévrose plantaire appartenant à un groupe de maladies de type fibromatose superficielle.

La fibromatose superficielle comprend la fibromatose plantaire (maladie de Ledderhose), palmaire (maladie de Dupuytren), pénienne (maladie de Lapeyronie) et des coussinets de jointure.

Au cours de la maladie de Ledderhose, l’aponévrose plantaire s’épaissit et des nodules fibreux se forment. Des portions de l’aponévrose plantaire peuvent être détruites et remplacées par ces fibromes résultant d’anomalies dans le métabolisme du collagène.

Cette maladie a une légère prédominance masculine. L’âge moyen de début est d’environ 40 ans, mais elle peut survenir à tous les âges, et les formes pédiatriques ne sont pas rares. Chez l’enfant, les filles sont plus touchées, avec une forte prédisposition génétique (70 % des cas). Les causes exactes de la maladie restent inconnues à ce jour. 

Le diagnostic est avant tout clinique : l’examen  peut mettre en évidence des nodules variables en nombre et en taille. Contrairement à la maladie de Dupuytren, les orteils ne sont pas rétractés et la peau ne s’invagine pas. L’atteinte peut être uni- ou bilatérale, le patient rapportant le plus souvent une sensation de corps étranger au niveau de la voûte plantaire, une gêne ou des douleurs à la marche ou en position debout. Chez les enfants, des coussinets sont retrouvés au niveau des phalanges. 

Le dépistage des différents facteurs de risque doit être systématiquement effectué : 

  • prédisposition génétique (30 à 50 % des cas) ;
  • diabète ;
  • alcoolisme chronique ;
  • certains médicaments ;
  • fractures ou interventions chirurgicales au niveau du pied ;
  • traumatisme ou microtraumatismes répétés ;
  • algodystrophie.

La maladie de Dupuytren associée doit aussi être systématiquement dépistée. 

Des examens complémentaires (échographie, voire IRM, pour déterminer la localisation, le nombre et la forme des nodules) sont prescrits en cas de doute diagnostique ou  avant un traitement chirurgical.

La prise en charge est initiée en cas de douleurs ou de gêne à la marche ; sont alors proposés :

  • des orthèses plantaires de confort pour décharger les zones d’appui et détendre l’aponévrose plantaire ;
  • des corticoïdes locaux ou en infiltration pour réduire les douleurs ;
  • l’imiquimod pour réduire la taille des nodules.

Le traitement de première intention doit toujours être médical, avec la possibilité d’utiliser des produits en application locale, voire en infiltration après une éventuelle fragilisation du nodule à l’aiguille. En cas d’échec, une chirurgie est possible, avec des résultats, en matière de risque de récidive, d’autant meilleurs que l’aponévrotomie est étendue. 

Pour en savoir plus
Borderie P. Pathologies non inflammatoires de l’aponévrose plantaire. Rev Rhum Monogr 2014;81:147-52.
Portier A. Frison Roche A. Talalgie sous ou rétro-calcanéenne. Rev Prat Med Gen 2019;1027(33):669.

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