Compte tenu des liens étroits entre maladie thromboembolique veineuse (MTEV) et cancers, la découverte d’une thrombose veineuse peut servir de signe d’alerte pour rechercher un cancer occulte, à un stade précoce. Chez quels patients faut-il effectuer cette recherche ? À quel moment et de quelle façon ? Quel impact sur la mortalité ?
Lors d’une MTEV non provoquée, un cancer apparaît chez 5 % des patients au cours de la première année ; cette fréquence augmente chez les patients plus âgés. En ce qui concerne les thromboses veineuses superficielles (TVS), il ne semble pas y avoir de risque de cancer en cas de premier épisode isolé ; en revanche, en cas de TVS récidivante, il est significatif.
Chez quels patients rechercher un cancer ?
Les patients qui ont une MTEV – thrombose veineuse profonde ou embolie pulmonaire – sans facteur de risque connu et considérée comme « non provoquée » ont un risque accru de thrombose associée au cancer.
Cette association est maximale au cours des 6 premiers mois, puis diminue jusqu’à 2 ans après l’épisode de thrombose. Après 2 ans, le risque rejoint celui de la population générale : il n’est donc pas utile de rechercher un cancer au-delà de ce délai.
Comment ?
Il faut rechercher à l’interrogatoire les facteurs de risque de cancer : âge, exposition à des toxiques, risque personnel ou familial de cancer.
L’examen clinique recherche une perte de poids, une altération de l’état général, des signes évocateurs (épisode d’hématurie chez un patient fumeur par exemple), une modification de la voix, une toux chronique, un nodule mammaire, la présence de sang dans les selles, des adénopathies ou un syndrome tumoral.
La réalisation des dépistage organisés, selon les recommandations en vigueur (frottis chez la femme et dosage du PSA chez l’homme) doit être vérifiée.
Des examens complémentaires sont-ils bénéfiques ?
Quant aux autres examens biologiques ou d’imagerie (radiographie de thorax, scanner abdominal, échographie abdominale, fibroscopie gastroduodénale et colonoscopie, dosage de marqueurs tumoraux…), la bonne stratégie est encore discutée et ne fait pas actuellement consensus, les études ayant montré des résultats controversés. Des essais sont en cours pour évaluer si un examen plus complet (comme le TEP-scan) dans une population ciblée pourrait améliorer le dépistage et surtout le pronostic des patients.
En pratique, que faire ?
En cas de MTEV non provoquée de diagnostic récent, il faut rechercher un cancer par un interrogatoire et un examen clinique soigneux, prescrire un bilan biologique minimal et mettre à jour les dépistages recommandés (tableau ci-dessous).
Ces recommandations s’appliquent pour tout type de MTEV, les thromboses au cours du cancer étant souvent récidivantes, bilatérales, de site inhabituel et multisites.
D’après : Sevestre MA. Quand et comment rechercher un cancer en cas de maladie thromboembolique veineuse ?Rev Prat 2022;72(3);267-9.
Cinzia Nobile, La Revue du Praticien