En pleines négociations conventionnelles entre les syndicats des médecins libéraux et l’Assurance maladie, cette dernière a publié des rapports sur l’évolution de la démographie des médecins généralistes libéraux et de leur activité, pointant des aspects positifs sur l’attractivité de la profession. Mais la pénurie médicale persiste, avec toutes les difficultés qu’elle engendre.

Ces rapports reposent sur les données collectées pour le site « Data professionnels de santé libéraux ».

Des primo-installations plus nombreuses et précoces

Certes, le nombre de médecins généralistes libéraux a baissé de 3,5 % sur les 10 dernières année et leur densité a connu un déclin plus marqué (77 MG pour 100 000 habitants en 2021 contre 85 pour 100 000 habitants en 2010), mais il y a eu, en 2022, 70 % primo-installations de plus par rapport à 2012 (2 357 MG primo-installés comptabilisés en janvier 2023 contre 1 369 en janvier 2013). Cette donnée remet en question la désaffection dont souffrirait cette spécialité.

De plus, aujourd’hui les généralistes s’installent plus tôt qu’auparavant : 35 ans en moyenne en 2023 contre 37 ans en 2011. Le délai moyen d’installation après l’obtention de la thèse est ainsi passé de 5,9 ans en 2011 à 3,8 ans en 2023 (le délai médian restant à 2 ans). « Cela va à l’encontre de toutes les idées reçues sur le fait que les jeunes ne s’installent pas et font des remplacements de plus en plus longtemps  », a déclaré le Dr Agnès Giannotti (présidente du syndicat MG France), interviewée par Les Échos .

Au total, sur les plus de 99 000 médecins généralistes comptabilisés par la Drees au 1er janvier 2023, un peu plus de la moitié exercent en libéral (52 149) ; 66 % ont une activité libérale exclusive ou mixte – une proportion qui a baissé par rapport à 2012 (68 %) mais qui est stable depuis 2017.

Concernant les caractéristiques démographiques, il y a une prolongation de l’activité en fin de carrière, avec un âge moyen de départ à la retraite ayant augmenté de 2 ans depuis 2011 (un peu plus de 68 ans en 2022 contre un peu moins de 66 ans en 2011) et, pour les plus jeunes générations, une féminisation importante de la profession (v. figure).

Quelles évolutions dans la pratique ?

Les médecins généralistes voient davantage de patients aujourd’hui qu’il y a dix ans : le nombre de patients en file active par médecin (patients uniques vus au moins une fois dans l’année), qui se situe en 2022 à 1 700 en moyenne, a augmenté de 5 % par rapport à 2016. Le nombre de « patients MT » adultes (patients dont le médecin en question est le médecin traitant) est passé de 919 par médecin en 2019 à 997 en 2022, soit une hausse de 8,5 % de la patientèle « médecin traitant ».

En revanche, le nombre d’actes cliniques réalisés en moyenne par un médecin a baissé de 3 %. Cela suggère que, si les médecins voient davantage de patients, ils les voient toutefois moins souvent. Le Dr Patricia Lefébure (présidente de la Fédération des médecins de France) et le Dr Franck Devulder (président de la Confédération des syndicats médicaux français) expliquent en effet que ce phénomène correspond à une adaptation des pratiques à la pénurie médicale : « on fait des ordonnances pour plus longtemps, on revoit les gens moins souvent […], on peut espacer les consultations et travailler en lien plus étroit avec d’autres professions de santé  ». La diminution des actes cliniques réalisés concerne en particulier les jeunes médecins généralistes : le nombre d’actes par médecin est en moyenne de 4 656 pour ceux installés entre 2016 et 2019 contre 5 252 pour ceux installés entre 1982 - 2001 (soit environ 600 actes en moins en moyenne).

Pour en savoir plus
Assurance Maladie. Dynamique de démographie des médecins généralistes libéraux. Nouvelles installations et cessations d’activité.  30 novembre 2022.
Assurance maladie. Activité des médecins généralistes 2016-2022.  17 novembre 2023.
Assurance maladie.  Négociations conventionnelles : ressources.  27 novembre 2023.

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