Les méduses sont apparues sur Terre il y a 650 millions d’années et ont longtemps été considérées comme des zoophytes (ou plante-animal). Linné, dans son ouvrage Systema Naturae (1735), les nomme ainsi en raison des tentacules qui évoquent les serpents couvrant la tête de Méduse, une des trois gorgones de la mythologie grecque. En 1710, Réaumur les appelle la « gelée de mer », d’où vient le terme anglo-saxon de jelly fish. Leur taille est variable, la plus grande étant la méduse de Nomura (longueur du corps : 2 m ; des tentacules : 35 m ; poids : 200 kg).
Les méduses sont des cnidaires, animaux gélatineux dépourvus de squelette, de cerveau et de poumon, mais possédant néanmoins des structures sensorielles très développées. Leur propulsion est assurée par des contractions musculaires, et elles se laissent porter par les courants. Elles sont formées d’une ombrelle et de tentacules. Leur corps est composé de 95 à 98 % d’eau ; le reste comprend de la gélatine, du collagène, des protéines et des glucides. Sur les 1 500 espèces connues, une quinzaine seulement sont consommées en Asie (surtout au Japon : 13 tonnes par an !). La surpêche des poissons prédateurs (thons, harengs, anchois) favorise leur prolifération, ce qui explique qu’on en voit de plus en plus sur nos côtes.
Les méduses piquent leurs proies et injectent du venin via les millions de nématocystes implantés sur les tentacules. Ce venin est assez puissant car les piqûres de 200 000 nématocystes tuent rapidement un rat de 200 g !
Chez l’homme, le contact avec les tentacules provoque des décharges électriques et des sensations de brûlures accompagnées de paresthésies et d’un érythème local, suivant les traces des tentacules en « coups de fouet ». Au maximum, les sujets allergiques peuvent avoir des réactions importantes à type de crampes musculaires, vomissements, hypertension artérielle, œdème aigu du poumon. Chaque année, les méduses tuent 10 à 30 fois plus de personnes que les requins ! En général, les phénomènes réactionnels régressent généralement en quelques heures ou quelques jours, en laissant toutefois une cicatrice hyperchromique, voire une chéloïde, qui persiste plusieurs années.
Le traitement consiste à rincer la zone touchée, puis à la désinfecter. Si nécessaire, il faut examiner la zone atteinte et extraire les éventuels fragments de tentacules. Des histaminiques, des corticoïdes et des dérivés morphiniques sont parfois utiles.
Patrice Bourée, professeur au Collège de médecine, institut Alfred-Fournier, 75014 Paris.
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