Un nouveau vaccin associé à l’immunothérapie a montré une nette amélioration de la survie sans récidive chez des patients atteints de mélanome au stade avancé, selon une étude randomisée de phase II dont les résultats ont été présentés lors du congrès de l’American Association for Cancer Research (AACR). Une approche qui pourrait révolutionner le pronostic d’autres cancers comme celui du pancréas.

En cours de développement depuis les années 2010, les vaccins contre le cancer immunisant contre des antigènes « personnalisés » en fonction de la tumeur du patient, ou néoantigènes, ont montré de premiers résultats prometteurs contre les tumeurs solides lors de petits essais. Leur principe ? Au lieu de développer un vaccin ciblant des antigènes tumoraux génériques, non spécifiques et peu efficaces pour empêcher la prolifération des cellules cancéreuses, il s’agit de développer un vaccin adapté aux néoantigènes de la tumeur de chaque patient – une prouesse aujourd’hui à portée d’éprouvette, grâce à la diminution drastique des coûts du séquençage ADN et du génie génétique. Un essai randomisé de phase II vient de montrer de premiers résultats encourageants de cette approche, encore non publiés.

Présentés au congrès annuel de l’AACR en avril, ces résultats préliminaires concernent l’essai randomisé KEYNOTE-942. Dans cette étude conduite par Merck et sponsorisée par Moderna, des patients atteints de mélanomes reséqués de stade III ou IV ont été assignés aléatoirement à deux groupes. Dans le premier (N = 107 personnes), les patients ont été traités toutes les 3 semaines par immunothérapie (pembrolizumab) en combinaison avec un vaccin à ARNm développé par ces deux laboratoires et permettant de cibler jusqu’à 34 néoantigènes par patient. Dans le deuxième groupe, les patients ont seulement été traités par pembrolizumab toutes les 3 semaines.

Après 18 mois, la survie sans récidive atteignait 78,6 % dans le bras immunothérapie + vaccin contre seulement 62,2 % dans le bras immunothérapie seule. Selon le communiqué de l’AACR, publié le 16 avril, les événements indésirables graves étaient comparables entre les deux bras. 

« Pour la première fois, l’addition d’un vaccin dans un essai clinique randomisé semble augmenter le bénéfice de l’immunothérapie. Cette nouvelle stratégie semble donc apporter un bénéfice clinique », conclut Jeffrey Weber, principal investigateur de l’étude. Ce dernier reconnaît toutefois comme limite de son étude sa faible puissance statistique, en attendant un prochain essai de phase III qui devrait bientôt commencer.

Cette approche novatrice est également en cours d’évaluation dans d’autres cancers, et notamment dans les adénocarcinomes du pancréas. Une première publication est parue en juin 2022 : dans cet essai de phase I, 8 des 16 patients opérés puis traités avec un vaccin ciblant les néoantigènes des leurs cancers pancréatiques avaient des réponses immunes T spécifiques et ne montraient aucun signe de récidive 2 ans et demi après traitement.