Le trouble de stress post-traumatique résulte de l’exposition à un événement extrêmement stressant. Il s’est inscrit tout particulièrement dans un contexte psychiatrique et militaire. Il reste une pathologie contemporaine largement débattue. Les recherches des dernières décennies et la révision récente des critères diagnostiques du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM- IV/5 - 1994/2013) ont conduit de nombreux chercheurs et cliniciens à considérer ce trouble comme une « pathologie de la mémoire ». Après l’exposition à un événement traumatique, le trouble de stress post-traumatique est caractérisé par quatre critères cliniques : les intrusions traumatiques, le syndrome d’évitement, l’altération négative de l’humeur et une hyperactivité neurovégétative. Il se traduit par la présence simultanée d’une hypermnésie des éléments centraux et émotionnels de l’événement, par une fragmentation des souvenirs périphériques et contextuels, rendus incohérents par leur manque d’intégration autobiographique. Ces atteintes mnésiques sont liées à une atteinte neuro-anatomique de l’hippocampe, de l’amygdale, du cortex préfrontal. La symptomatologie traumatique est définie par des atteintes mnésiques caractéristiques, marquées par un manque de cohérence narrative et une fragmentation des souvenirs rappelés. Elle fait intervenir l’intrication entre la mémoire individuelle et la mémoire collective : un événement historique retentit sur la mémoire individuelle, la mémoire partagée et la mémoire culturelle aboutissant à une mémoire collective. La prise en charge immédiate est importante ainsi que la réactivation du souvenir traumatique dans un contexte bienveillant dégradant la charge émotionnelle vers l’autobiographie.
Une présentation des considérations actuelles de la mémoire traumatique développée dans le cadre du trouble de stress post-traumatique fait l’objet des études REMEMBER et ESPA-13 Novembre (conséquences des attentats du Stade de France, du Bataclan et des restaurants du quartier). La discussion porte autour de deux éléments : la fragmentation et l’incohérence du souvenir traumatique mémorisé, et la récupération tardive des souvenirs « réprimés » du traumatisme initial.Francis Eustache, Neuropsychologie et imagerie de la mémoire humaine, GIP Cyceron, Caen
24 novembre 2020