Jusqu’à présent recommandée dès 2 mois chez les personnes à risque élevé de contracter une infection invasive à méningocoques B et dans des situations spécifiques (foyers de cas, épidémie, hyperendémie localisée), la vaccination contre les méningocoques B est désormais préconisée par la HAS pour tous les nourrissons âgés de 2 mois et plus. Toutefois, les recommandations prophylactiques autour d’un cas restent inchangées. Que faut-il savoir en pratique ?
Les infections invasives à méningocoques (IMM) sont des infections causées par Neisseria meningitidis, transmissibles par sécrétions rhinopharyngées, graves et qui peuvent être rapidement fatales. En France, le sérogroupe B est responsable de 70 % de ces infections chez les enfants de moins de 5 ans (une incidence 10 à 20 fois supérieure à celle observée en population générale). Si le taux de déclarations de ces infections a connu une baisse constante depuis 2006, et s’est stabilisé ensuite depuis 2013 (en 2019 : 0,36 cas pour 100 000 habitants ; 88 cas et 3 décès ont été enregistrés chez les moins de 5 ans), la létalité est quant à elle de 9 à 12 %. Les séquelles sont, en outre, présentes dans 6 % des cas.
Suivant l’examen de ces données et la consultation publique organisée début 2021, la HAS vient de recommander la vaccination de tous les nourrissons avec le vaccin protéique Bexsero selon le schéma de l’AMM : 2 doses plus une dose de rappel (M3, M5 et M12).
Cette recommandation généralisée vise à favoriser une protection jusqu’à l’âge de 4 ans (selon les données disponibles) et en particulier à lever la barrière financière, source d’inégalités d’accès à ce vaccin. Toutefois, le remboursement dans ces nouvelles indications n’est pas encore en place ; en attendant, le vaccin est toujours remboursé dans les indications actuelles :
– sujets à risque de contracter l’infection :
. personnels des laboratoires de recherche travaillant sur le méningocoque ;
. personnes ayant un déficit en fraction terminale du complément ou qui reçoivent un traitement anti-C5, notamment par eculizumab ou ravulizumab (une surveillance post-vaccinale s’impose, du fait de la survenue possible d’une hémolyse) ;
. personnes ayant un déficit en properdine ;
. personnes ayant une asplénie anatomique ou fonctionnelle ;
. personnes ayant reçu une greffe de cellules souches hématopoïétiques ;
. entourage familial des personnes à risque élevé d’IIM ;
. enfants de plus de 2 ans, adolescents et adultes ayant un risque continu d’exposition à une infection méningococcique (injection de rappel tous les 5 ans).
– lorsqu’il y a des grappes de cas définies par la survenue d’au moins 2 cas d’IIM B :
. dans une même collectivité ou groupe social ;
. dans un délai ≤ à 4 semaines ;
. et survenus et rattachables à des souches identiques couvertes par le vaccin Bexsero ou ne pouvant être différenciées.
– situations épidémiques :
. définies par les critères d’alerte épidémique ;
. et liées à une souche couverte par le vaccin Bexsero.
Pour rappel, le second vaccin disponible, Trumemba, dispose d’une AMM pour les sujets âgés de 10 ans et plus, et n’est pas interchangeable avec Bexsero.
Finalement, la HAS rappelle que les recommandations prophylactiques autour d’un cas – qui restent le moyen le plus efficace de prévention de cas secondaires – restent inchangées malgré cette préconisation de vaccination généralisée.
Définition de « sujet contact »
Personne ayant été exposée directement aux sécrétions rhinopharyngées d’une personne atteinte dans les 10 jours précédant son hospitalisation :
– vivant ou gardée sous le même toit que le cas index pendant la période de contagiosité ;
– ayant réalisé une manœuvre de type « bouche-à-bouche » au cas index ;
– ou ayant eu un contact en face-à-face à moins de 1 m.
La période de contagiosité du cas index se termine à la 1ère injection parentérale de ceftriaxone ou d’un autre antibiotique efficace sur le portage.
Outre la transmission par voie aérogène, il existe une possibilité (rare) de transmission par voie sexuelle.
Quelle antibioprophylaxie ?
Pour les sujets contacts, elle doit être réalisée dans les plus brefs délais, dans les 24 à 48 heures suivant le diagnostic (tableaux 1 et 2).
Elle n’a pas d’intérêt au-delà de 10 jours après le dernier contact avec le cas index.
À noter : la rifampicine peut colorer en rouge l’urine, la salive, les larmes et les lentilles de contact.
Pour en savoir plus :
HAS. Stratégie de vaccination pour la prévention des infections invasives à méningocoques : le sérogroupe B et la place de Bexsero. 22 juin 2021
Parize P. Infections invasives à méningocoques : traiter l’entourage proche.Rev Prat Med Gen 2019;33(1025);561-2.