Les symptômes vasomoteurs de la (péri)ménopause touchent jusqu’à 80 % des femmes. Le THM n’étant pas adapté à toutes les patientes, des alternatives non hormonales sont en cours d’évaluation. L’élinzanétant – antagoniste sélectif du récepteur NK3 – a montré une efficacité sur les bouffées de chaleur et les troubles du sommeil dans deux études randomisées multicentriques parues dans le JAMA.

Le traitement hormonal de la ménopause, efficace contre ces symptômes, n’est pas adapté à toute toutes les femmes : certaines ont des contre-indications (antécédents de cancers hormonodépendants, de maladie thromboembolique…), tandis que d’autres ne souhaitent pas prendre un traitement hormonal. Des mesures non pharmacologiques telles que l’acupuncture, le yoga et l’hypnose ont fait la preuve d’une certaine efficacité, mais moindre – d’où l’intérêt de la recherche d’autres traitements non hormonaux.

Parmi eux : les médicaments contenant des antagonistes sélectifs non hormonaux des récepteurs de la neurokinine. Puisque certains neurones dans l’hypothalamus – centre de contrôle de la thermorégulation – sont stimulés par des neuropeptides agissant au niveau de ces récepteurs (NK- 1, NK- 3…), l’action antagoniste de ces médicaments vise à substituer l’effet inhibiteur qu’ont les estrogènes sur ce mécanisme avant la ménopause.

Un médicament appartenant à cette classe, le fézolinétant, a déjà reçu l’AMM européenne en 2023, ayant montré une réduction significative des symptômes dans des essais randomisés, ainsi qu’une bonne tolérance (mais une surveillance hépatique est préconisée pendant le traitement). Un autre médicament, l’élinzanétant, antagoniste des récepteurs NK- 3 et NK- 1, vient d’être évalué dans deux études de phase III multicentriques dont les résultats viennent d’être publiés.

Une réduction significative de la fréquence et la sévérité des symptômes

Près de 800 femmes en période de ménopause (âge moyen : 54,6 ans) ont été recrutées aux États-Unis, au Canada, en Israël et dans plusieurs pays européens pour ces deux essais randomisés et contrôlés par placebo à double insu (OASIS 1 et 2). Elles devaient avoir des symptômes vasomoteurs modérés à sévères (c’est-à-dire des bouffées de chaleur avec transpiration pouvant aller jusqu’à causer un arrêt des activités quotidiennes).

Elles ont été aléatoirement réparties selon un ratio 1 :1 pour recevoir soit de l’élinzanétant par voie orale 120 mg une fois par jour pendant 26 semaines, soit un placebo pendant 12 semaines qui était suivi, pour les 14 semaines restantes, du traitement par élinzanétant à la même dose.

L’évolution de la fréquence et de la sévérité des symptômes entre l’inclusion et les semaines 4 puis 12 était le critère de jugement primaire. Les symptômes étaient autodéclarés par les patientes grâce à journal électronique qu’elles remplissaient deux fois par jour  ; les scores allaient de 0 à 180 pour la fréquence et de 0 à 3 pour la sévérité. Les critères secondaires comprenaient les changements dans les scores de qualité de sommeil et de qualité de vie (auto-évalués également). Environ 80 % des patientes ont complété le traitement.

À l’inclusion :

  • les scores reflétant la fréquence des symptômes étaient, en moyenne, de 13,4 et 14,7 dans les groupes élinzanétant (respectivement OASIS 1 et 2), et de 14,3 et 16,2 dans les groupes placebo ;
  • les scores de sévérité étaient respectivement de 2,6 et 2,5 (élinzanétant), et de 2,5 et 2,5 (placebo).
 

Après 4 semaines de traitement, l’élinzanétant avait significativement réduit :

  • la fréquence des symptômes vasomoteurs : - 3,3 points par rapport au placebo dans OASIS 1 (IC95 % : - 4,5 à - 2,1) et - 3,1 points dans OASIS 2 (IC95 % : - 4,4 à - 1,7) ;
  • et leur sévérité : respectivement - 0,3 point et - 0,2 point par rapport au placebo (IC95 % : - 0,4 à - 0,2 ; et IC95 % : - 0,3 à - 0,1).
 

À 12 semaines, les différences entre les deux groupes étaient aussi considérées significatives pour ces deux critères : - 3,2 points pour la fréquence des symptômes dans les deux essais et - 0,4 et - 0,3 pour la sévérité dans OASIS 1 et 2 respectivement.

Le pourcentage des patientes répondant au traitement (réduction de plus de 50 % de la fréquence des symptômes) était de 62 %- 63 % dans les groupes traités par élinzanétant à la semaine 4, contre environ 30 % dans les groupes placebo. À la semaine 12, ces pourcentages étaient respectivement 71 %- 75 % et 42 %- 48 %.

Enfin, les améliorations de la qualité de vie et de sommeil étaient aussi significativement plus importantes dans les groupes traités que dans les groupes placebo.

Quant au profil de sécurité :

  • des effets indésirables, majoritairement légers à modérés, ont été rapportés par 44 %- 51 % des patientes traitées par élinzanétant et 38 %- 49 % de celles prenant un placebo ;
  • les EI présumés en lien avec le traitement ont concerné environ 20 % des patientes traitées contre 9 % et 14 % des patientes sous placebo ; les plus fréquents étaient les céphalées et la fatigue, souvent d’intensité légère (aucun cas grave) ;
  • aucun cas de lésion hépatique (plus précisément, d’élévation des transaminases compatibles avec une lésion) n’a été détecté pendant l’étude.
 

Les auteurs en ont conclu que l’élinzanétant est bien toléré et efficace pour traiter les symptômes vasomoteurs modérés à sévères de la ménopause.

Le laboratoire menant ces essais a annoncé avoir déposé une demande d’AMM pour ce médicament aux États-Unis et en Europe à la suite de ces publications.

Pour en savoir plus
Pinkerton JV, Simon JA, Joffe H. Elinzanetant for the Treatment of Vasomotor Symptoms Associated With Menopause.  JAMA 2024;332(16):1343-54.

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