MICI : nouvelles recos nutritionnelles

Un régime alimentaire mal équilibré fait partie des facteurs de risque modifiables de survenue d’une MICI (d’autres facteurs modifiables étant, par exemple, le tabagisme et l’utilisation d’antibiotiques).

Pour prévenir l’apparition de MICI, les experts recommandent donc de suivre une alimentation :

• riche en fruits, légumes et acides gras oméga 3 ;
• pauvre en acides gras oméga 6 ;
• excluant la consommation d’aliments ultratransformés et d’émulsifiants alimentaires comme la carboxyméthylcellulose : des études pilotes suggèrent en effet que ces produits sont associés à un risque accru de MICI, probablement en raison de leur effet pro-inflammatoire.

Ces recommandations sont issues du consensus d’experts ; le niveau de preuve est encore faible.

L’allaitement maternel est préconisé pour diminuer le risque de MICI de l’enfant, avec un effet d’autant plus important que la durée est prolongée (recommandation de grade B).

Une approche nutritionnelle individuelle est recommandée, avec un suivi par un(e) diététicien(ne) dans le cadre d’une approche multidisciplinaire. En effet, il n’existe à l’heure actuelle aucun régime spécifique aux MICI qui soit à recommander systématiquement et capable d’améliorer la rémission durant les poussées de la maladie.

En phase de poussée :

• une consommation protéique augmentée par rapport à celle préconisée pour la population générale est recommandée : 1,2 à 1,5 g/kg/jour chez l’adulte ;
• la consommation énergétique doit, en revanche, être similaire à celle de la population générale : 30 à 35 kcal/kg/jour.

En phase de rémission, une alimentation équilibrée et la plus diversifiée possible est préconisée (les besoins protéiques sont les mêmes que ceux de la population générale : environ 1 g/kg/jour chez l’adulte). Les régimes restrictifs sont à éviter car ils entraînent un risque de carences.

La pratique d’une activité physique d’endurance est recommandée à tous les patients atteints de MICI. En cas de masse musculaire et/ou de fonction musculaire diminuée, adjoindre une activité physique contre résistance (musculation).

Les patients en situation d’obésité ne doivent entreprendre de perdre du poids qu’en phase de rémission stable.

Suivre le statut des micronutriments au moins une fois par an, y compris en phase de rémission, et prendre en charge toute carence.

Complémenter en fer tout patient ayant une anémie.

Dépister régulièrement la dénutrition et la traiter. Non seulement les patients souffrant de MICI sont à risque accru de dénutrition (adoption prolongée de régimes d’exclusion, malabsorption…), surtout en phase de poussée ou en cas de maladie résistante au traitement médical, mais la dénutrition est elle-même associée à une aggravation de la maladie.

Pour la première fois, un chapitre entier des recos de l’ESPEN est consacré à la modulation du microbiote… avec toutefois des recommandations « négatives » pour la plupart, en l’absence de données suffisantes.

Ni la prise de probiotiques ni celle de prébiotiques n’est ainsi préconisée, que ce soit en phase de rémission ou lors des poussées, à l’exception de certains probiotiques qui peuvent être envisagés comme un traitement alternatif lors des poussées de la rectocolite hémorragique en cas d’intolérance aux dérivés des 5 -amino-salicylés.

Enfin, pour la transplantation fécale, les experts ne se prononcent ni pour ni contre son utilisation, en raison de l’insuffisance actuelle des données.