Si plusieurs études ont déjà suggéré une association entre migraine avec aura et risque cardiovasculaire, le niveau de risque n’est pas établi. Le sur-risque serait-il supérieur à celui posé par des facteurs tels que l’obésité, l’HTA, l’hypercholestérolémie ? Retour sur les résultats d’une étude de cohorte ayant suivi 28 000 femmes sur plus de 20 ans (sans antécédent cardiovasculaire à l’entrée).

 

Publiée dans le JAMA, cette analyse a inclus 27 858 femmes aux États-Unis – des professionnelles de santé âgées de 45 ans et plus et sans antécédent d’événement cardiovasculaire –, suivies pendant 22,6 années. Parmi elles, 1 435 (5,2 %) avaient des migraines avec aura et 26 423 (94,8 %) n’en avaient pas (7,8 % avaient des migraines sans aura et 87 % n’avaient pas reporté de migraine dans l’année précédant le début de l’étude).

Sur la durée de suivi, 1 666 événements cardiovasculaires majeurs (premier infarctus du myocarde, accident vasculaire cérébral, mort à la suite d’un événement cardiovasculaire) sont survenus au total. Le taux d’incidence ajusté de ces derniers était de 3,36 sur 1 000 personnes-années dans le groupe « migraine avec aura », contre 2,11 sur 1 000 personnes-années dans le groupe de patientes sans migraines ou avec migraines sans aura – après avoir contrôlé pour d’autres facteurs de risque cardiovasculaire ainsi que d’autres variables telles que l’âge, le niveau de consommation d’alcool et d’activité physique, certains traitements médicamenteux, etc.

De plus, il était aussi significativement plus haut dans le premier groupe par rapport à d’autres facteurs de risque cardiovasculaire : obésité, triglycérides élevés et faible taux de HDL-cholestérol (respectivement : 2,29 ; 2,67 ; 2,63). En revanche, la migraine avec aura n’était pas associée à une augmentation du risque d’événement cardiovasculaire, comparée à l’hypertension artérielle (3,78), à un taux élevé de cholestérol (2,85) et à des antécédents familiaux d’infarctus du myocarde (2,71). Ce risque était, en outre, inférieur à celui des femmes ayant un diabète (5,76) ou qui fumaient dans la période de suivi (4,29).

Bien que l’importance clinique de ces résultats et leur généralisation à l’ensemble de la population restent à éclaircir (cette étude n’ayant pas pris en compte les potentielles évolutions des facteurs de risque au cours de la période de suivi, ni l’information sur la prise en charge de la migraine et des autres facteurs de risque étudiés), la migraine avec aura semble, dans cette population particulière de femmes professionnelles de santé âgées de plus de 45 ans, être un facteur de risque vasculaire aussi important que l’HTA, l’hypercholestérolémie ou des antécédents familiaux. Il est donc très important de le prendre en considération lors de la prise en charge des patientes...

Laura Martin Agudelo, La Revue du Praticien

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Lanteri-Minet M. Anti-CGRP : l’avenir de la prophylaxie antimigraineuse ? Rev Prat Med Gen 2019;33(1024);516-7.

Roos C. Item 97. Migraine, névralgie du trijumeau et algies de la face. Rev Prat 2018;68(9);e339-350.