L 'hypertension artérielle (HTA) est la maladie chronique la plus fréquente en France. D’après Santé publique France,1 un adulte sur trois serait hypertendu, mais beaucoup l’ignorent en raison de l’installation sournoise de cette affection, dénommée le « tueur silencieux » par l’OMS.
Dans l’étude Esteban 2014-2016,seule une personne sur deux avait connaissance de son HTA, alors que 84 % d’entre elles avaient eu au moins une mesure de leur pression artérielle au cours de l’année précédente... De plus, 50 % des patients traités ne sont pas contrôlés.1, 2 Seul un tiers seraient observants...
Pourtant, l’hypertension artérielle reste l’une des principales causes de complications cardiovasculaires, cérébrovasculaires et neurodégénératives. Elle est même la première étiologie évitable des AVC.
Sa prise en charge incombe aux généralistes. Une enquête téléphonique réalisée à l’initiative du Collège de médecine générale3 auprès d’un millier de confrères en témoigne. Moins de 1 % des praticiens interrogés pensent que le diagnostic d’HTA devrait être posé par un cardiologue.
Bien que déclarative, cette étude confirme aussi que la très grande majorité des MG suivent les recommandations de bonne pratique de la HAS.4 Lorsque les chiffres de pression artérielle sont trop élevés, ceux-ci sont contrôlés plusieurs fois, soit au cours de la même consultation, soit lors de séances rapprochées. En revanche, l’auto­mesure tensionnelle (AMT) et la mesure ambulatoire (MAPA), souvent proposées (85 % des répondeurs), ne sont pas toujours réalisées (72 % des cas) en raison des difficultés matérielles rencontrées.
Pourtant, elles permettraient – surtout la MAPA – d’étayer le diagnostic et de gommer les effets « blouse blanche » ou « HTA masquée ». De son côté, l’AMT faciliterait certainement la connaissance et la compréhension du diagnostic, pouvant ainsi améliorer l’observance ultérieure.
Dans la majorité des cas, les conseils hygiénodiététiques précèdent les prescriptions médicamenteuses, conformément aux recommandations. Mais une majorité de confrères regrettent, faute de temps suffisant, de ne pas mieux accompagner leurs patients hypertendus : expliquer cette maladie, ses enjeux et ses risques et plus généralement la prévention (alimentation, poids, tabac, alcool, sédentarité…). Ils souhaiteraient aussi plus de formation, d’informations, en particulier sur les médicaments, et une meilleure structuration de leurs logiciels métier pour faciliter le suivi. Comme pour toutes les pathologies chroniques, une offre de soins pluriprofessionnelle de type Asalée apporterait une véritable plus-value à la qualité de la prise en charge.
L’HTA reste un problème de santé publique. Trop d’hypertendus ignorent qu'ils sont malades, et cela risque de s’aggraver. En effet, il faut s’attendre à une augmentation de sa prévalence en France parallèlement à celles du surpoids et de la sédentarité. Des campagnes de sensibilisation du grand public – comme celles de la SFHTA et de la FFC sur la prévention cardiovasculaire – sont les bienvenues…
références
1. Perrine AL, Lecoffre C, Blacher J, Olié V. L’hypertension artérielle en France : prévalence, traitement et contrôle en 2015 et évolutions depuis 2006. BEH 2018 (n° 10):170-9. https://bit.ly/2wZhk2n
2. Ménard J. Hypertension artérielle : le besoin d’un second souffle. Rev Prat 2019:69:1069-104.
3. Grave G, Gautier A, Gane J, Gabet A, Lacoin F, Olié V. Prévention, dépistage et prise en charge de l’HTA en France, le point de vue des médecins généralistes, France, 2019. BEH 2020 (n° 5):115-23. https://bit.ly/3co4kn1
4. HAS. Fiche Mémo : prise en charge de l’hypertension artérielle de l’adulte. Septembre 2016.
https://bit.ly/2VAmUCI