Philippe Artières et Nicolas Henckes, respectivement directeur et chargé de recherche au CNRS, publient un recueil de lettres d’un psychiatre, le bien nommé Dr H.P., installé dans le Nord-Ouest de la France au milieu du XXe siècle. Le médecin répond à ses confrères qui lui ont adressé des patients. Les formules sont datées (« C’est un débile mental ») et interpellent souvent, laissant deviner l’amusement, l’ennui, l’agacement voire le mépris ou la suffisance du praticien… misogynie et homophobie n’étant jamais bien loin.
Outre le témoignage humain d’une époque, cet ouvrage est aussi une formidable évocation des soins proposés en psychiatrie dans les années 1950, ère de la sectorisation et de la psychothérapie institutionnelle : psych-analyse et -othérapie (réservées à ceux qui en ont les moyens financiers et les capacités intellectuelles : « en raison de l’insuffisance de son développement intellectuel, inutile de songer à une psychothérapie quelconque »), lobotomie, pneumothérapie cérébrale (« Une chose à essayer, facile et sans danger : soustraire par PL 20 cm3 de liquide et injecter par la même aiguille 40 cm3 d’air. Cela marche parfois. »), électrochocs, prescriptions médicamenteuses hasardeuses (« Il faut [pour ce patient] des médicaments qui aient un goût étrange ou une présentation bizarre. Je pense tout à coup aux pilules de bleu de méthylène »), repos, éloignement familial, voire aveu d’impuissance. Rassuré, on note néanmoins le souci du psychiatre de ne pas méconnaître une pathologie somatique sous-jacente et le suggérer souvent, mais avec égard, à ses correspondants.
Une lecture aussi édifiante que réjouissante !
Outre le témoignage humain d’une époque, cet ouvrage est aussi une formidable évocation des soins proposés en psychiatrie dans les années 1950, ère de la sectorisation et de la psychothérapie institutionnelle : psych-analyse et -othérapie (réservées à ceux qui en ont les moyens financiers et les capacités intellectuelles : « en raison de l’insuffisance de son développement intellectuel, inutile de songer à une psychothérapie quelconque »), lobotomie, pneumothérapie cérébrale (« Une chose à essayer, facile et sans danger : soustraire par PL 20 cm3 de liquide et injecter par la même aiguille 40 cm3 d’air. Cela marche parfois. »), électrochocs, prescriptions médicamenteuses hasardeuses (« Il faut [pour ce patient] des médicaments qui aient un goût étrange ou une présentation bizarre. Je pense tout à coup aux pilules de bleu de méthylène »), repos, éloignement familial, voire aveu d’impuissance. Rassuré, on note néanmoins le souci du psychiatre de ne pas méconnaître une pathologie somatique sous-jacente et le suggérer souvent, mais avec égard, à ses correspondants.
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