La mort subite du sportif touche surtout l’homme d’âge moyen pratiquant une activité physique de loisir. Les stratégies mises en place pour sa prévention (dépistage, éducation des témoins au massage cardiaque, déploiement de défibrillateurs) n’ont jamais été évaluées. Pour la première fois, une équipe française a montré des résultats spectaculaires sur la survie post-arrêt cardiaque.

 

Plusieurs stratégies ont été mises en œuvre pour lutter contre la mort subite. D’une part, l’éducation des témoins aux gestes qui sauvent et le déploiement de défibrillateurs – permettant d’augmenter le taux de massage cardiaque et de défibrillation réalisés par les témoins – visent à améliorer la survie post-arrêt cardiaque. D’autre part, le dépistage systématique des sportifs a pour but de diminuer son incidence. L’impact de ces stratégies sur la mort subite liée au sport n’avait jamais été évalué scientifiquement.

Des équipes de l’hôpital européen Georges-Pompidou (AP-HP), de l’Inserm et de l’Université de Paris ont étudié l’évolution du nombre d’arrêts cardiaques liés au sport, de leur prise en charge et de leur pronostic en Île-de-France, sur 6 périodes successives de 2 ans, allant de 2005 à 2018. Les résultats de ces travaux viennent d’être publiés dans le Journal of the American College of Cardiology.

Parmi les 377 cas d’arrêt cardiaque liés au sport observés au total, seuls 5,3 % sont survenus chez des athlètes professionnels jeunes, tandis que 94,7 % concernaient des personnes d’âge moyen pratiquant un sport de loisir (la quasi-totalité étaient des hommes – 94,7 % au début de la période et 95,2 % à la fin – âgés en moyenne d’entre 47 et 51 ans).

En comparant les 2 dernières années de l’étude versus les 2 premières, les chercheurs ont trouvé que l’incidence des arrêts cardiaques est restée stable (6,24 pour 1 million sur les 2 premières années et 7,00 pour 1 million pour les 2 dernières). Cependant le taux de survie des victimes a été multiplié par 3. En cause : l’amélioration spectaculaire de la pratique de la réanimation initiale réalisée par le témoin, avec une multiplication par 3 du taux de massages cardiaques (34,9 % entre 2005 et 2007 contre 94,7 % entre 2016 et 2018) et par près de 20 du taux d’utilisation du défibrillateur automatique externe (1,6 % contre 28,8 %). Au total, le taux de survie atteignait 66,7 % à la fin de la période, contre 23,8 % au début.

« Aujourd’hui, en Île-de-France, 2 victimes d’arrêts cardiaques liés au sport sur 3 survivent, comparé à moins de 1 arrêt cardiaque sur 10 en dehors de l’activité sportive », commente le Pr Xavier Jouven, co-auteur de l’étude. Cette amélioration spectaculaire du pronostic grâce à un progrès de la stratégie de prise en charge initiale devrait encourager des efforts similaires pour atteindre des survies comparables lorsque l’arrêt cardiaque ne survient pas dans un contexte sportif : « [ces résultats donnent] de grands espoirs sur la faisabilité de l’amélioration du pronostic de l’arrêt cardiaque extrahospitalier », conclut le Pr Jouven.

Selon les auteurs, la stabilité de l’incidence des arrêts cardiaques liés au sport sur la période d’étude suggère, en revanche, une faible efficacité des stratégies de dépistage actuelles, ce qui devrait également inciter à les réviser.

Laura Martin Agudelo, La Revue du Praticien

Pour en savoir plus :

Université de Paris. Arrêt cardiaque lié au sport : amélioration spectaculaire de la survie durant la dernière décennie en Île-de-France. 27 janvier 2022.

À lire aussi :

Mort subite du sportif : comment la prévenir ?  Rev Prat (en ligne) 14 juin 2021.