L’expansion fulgurante du moustique tigre (Aedes albopictus) en France métropolitaine depuis les années 2000 impose une surveillance attentive car cette espèce peut transmettre diverses maladies (dengue, chikungunya…). Quels sont les départements concernés ? Quels produits sont efficaces contre les piqûres ? Quelles mesures pour lutter contre sa prolifération ?

 

Originaire des forêts tropicales d’Asie du Sud-Est, le moustique tigre (Aedes albopictus) est implanté en France métropolitaine depuis 2004. Vecteur d’arbovirus comme ceux responsables de la dengue, du chikungunya ou du Zika, c’est l’une des espèces les plus invasives au monde : son expansion à plus de 100 pays sur les 5 continents – due au commerce international de pneus notamment – est fulgurante depuis quelques années ; une fois installé dans une commune ou département, il est pratiquement impossible de s’en débarrasser, car il est très anthropophile.

En France, il est implanté aujourd’hui dans les territoires d’outre-mer et 64 départements métropolitains, notamment dans le sud-est du pays et en Corse (départements colonisés à plus de 40 %, v. carte ci-dessous).

Chaque année, entre 100 et 300 cas de dengue sont diagnostiqués en France métropolitaine ; si la plupart sont importés des territoires d’outre-mer, une trentaine de cas autochtones ont été recensés dans le sud du pays depuis 2014.

Figure 1

Comment éviter les piqûres ?

Caractérisé par ses rayures blanches et noires, ce moustique est essentiellement urbain et pique habituellement le jour, avec un pic d’activité en début et fin de journée. Il est silencieux, de petite taille (inférieure à une pièce de 1 centime d’euro), noir et blanc, et dispose d’un appareil piqueur, long appendice en prolongement de la tête – à ne pas confondre donc avec d’autres espèces qui peuvent lui ressembler.

Pour se protéger des piqûres, il est notamment recommandé de porter des vêtements légers, clairs, amples et couvrants (manches longues, pantalons et chaussures fermées) et d’appliquer des répulsifs, en particulier sur les parties non couvertes (v. tableau ci-dessous).

Dans les habitations, la climatisation diminue les risques de piqûres. Des insecticides en bombes ou en diffuseurs et les raquettes électriques, ainsi que les serpentins fumigènes à l’extérieur et dans les vérandas peuvent être utilisés en mesure d’appoint.

Tableau 1

Parmi les nombreux répulsifs actuellement en vente, les substances actives recommandées pour se prémunir des piqûres de moustiques sont le DEET (N,N-diéthyl-m-toluamide), l’IR3535 (N-acétyl-N-butyl-β-alaninate d’éthyle), l’icaridine (carboxylate de sec-butyl 2-(2-hydroxyéthyl)pipéridine-1) ou KBR3023 et l’huile d’Eucalyptus citriodora, hydratée, cyclisée (produit naturel, le dérivé de synthèse étant le PMD (para-menthane-3,8 diol)) (v. tableau ci-dessous).

Tableau 2

Comment lutter contre sa prolifération ?

L’Anses recommande de :

– détruire ses lieux de ponte (tout réservoir d’eau, vases, fûts, bidons, vieux pneus, etc.) : vider ou supprimer les coupelles sous les pots de fleurs, ou les remplir de sable pour éviter l’eau stagnante ; mettre à l’abri de la pluie les seaux et récipients divers ; recouvrir les bidons de récupération d’eau avec un moustiquaire ; introduire des poissons dans les bassins d’agrément afin qu’ils mangent les larves ;

– éliminer ses lieux de repos (végétation) : élaguer les arbres, débroussailler les haies et les herbes hautes, éviter le stockage de débris végétaux ;

– favoriser le développement de ses prédateurs : populations d’oiseaux insectivores (hirondelles…), de chauves-souris insectivores (rendement pouvant dépasser les 500 moustiques par nuit), sans oublier les libellules insectivores aux stades larvaires et adultes.

En outre, il est possible de contribuer à la surveillance du moustique tigre en signalant sa présence sur le site dédié : https://signalement-moustique.anses.fr/signalement_albopictus/signalements. Photos à l’appui, le site guide l’usager dans son identification.

LMA, La Revue du Praticien

Source des tableaux : Santé publique France. Recommandations sanitaires pour les voyageurs, 2021 (à l’attention des professionnels de santé).  BEH Hors-série, 1er juin 2021.

À lire aussi :

Espindola Gomez R, Epelboin Y, Melzani A, et al. La dengue, à nouveau d'actualité !  Rev Prat Med Gen 2019;33(1032):884-6.

Javelle É, Simon F. Chikungunya : risque avéré d’épidémie en France.  Rev Prat Med Gen 2019;33(1016):166-7.

Dossier – Arboviroses, dossier élaboré sous les conseils du Pr Olivier Bouchaud.  Rev Prat 2020;70(3):311-41.