Surveillance saisonnière des arboviroses
Du 1er au 12 mai 2023, 11 cas importés de dengue ont été diagnostiqués dans des départements avec une implantation documentée d’Aedes albopictus (moustique tigre) en France métropolitaine : Grand-Est, Île-de-France, Nouvelle-Aquitaine, Occitanie, Provence-Alpes-Côte d’Azur, Pays de la Loire. Pour rappel, début 2023, 71 départements sont colonisés par ce moustique (contre 67 en 2022), sur les 96 départements métropolitains (v. ci-après, et figure ci-contre). Ces cas importés de dengue provenaient de Martinique et Guadeloupe, du Brésil, du Mexique, de Côte d’Ivoire, d’Indonésie et de Thaïlande.
Pour le moment, aucun cas importé de chikungunya ni de Zika n’a été identifié.
Aucun cas autochtone de dengue, chikungunya ou de Zika n’a été détecté au 5 mai 2023.
Des foyers de dengue sont actuellement actifs en Martinique et en Guadeloupe ; depuis mars 2023, ces foyers ont été à l’origine de 31 cas importés de dengue en métropole, identifiés grâce à la déclaration obligatoire. L’OMS a récemment signalé, en effet, une recrudescence de cas de dengue et chikungunya en Amérique latine.
Moustique tigre : de plus en plus présent en France
Pour le territoire métropolitain, une cartographie dédiée, disponibles sur le site du ministère de la Santé, permet de suivre l’évolution des zones d’installation du moustique Aedes albopictus année après année. Celle diffusée pour l’année 2023, qui inclut la saison de surveillance 2022, permet de constater que 4 départements supplémentaires ont connu l’installation du moustique tigre pendant la saison 2022 : l’Allier, l’Ille-et-Vilaine, le Loir-et-Cher et la Haute-Loire. Cela porte à 71 le nombre de départements colonisés par ce moustique.
Dans un contexte de changements climatiques et environnementaux, le risque d’importation de maladies infectieuses et d’installation sur notre territoire de vecteurs de maladie (comme le moustique tigre) est toujours plus important, rappelle la DGS. Aujourd’hui, l’essentiel des maladies infectieuses émergentes est en effet issu du monde animal et le changement climatique accentue cette tendance (hausse des températures, incendies, déforestation, urbanisation, migrations, etc.). Dans un avis datant d’avril 2023, le Comité de veille et d’anticipation des risques sanitaires (COVARS) avait également souligné qu’il faut renforcer les capacités de réponses face au risque sanitaire que représentent les arboviroses, en métropole comme en outre-mer.
Conseils aux voyageurs
Pour les voyageurs se rendant en zone d’endémie du chikungunya, de la dengue et du virus Zika, Santé publique France a édité un dépliant avec les principales recommandations de prévention (téléchargeable ici), notamment :
- Porter des vêtements couvrants et amples
- Appliquer des produits antimoustiques sur la peau découverte
- Dormir sous une moustiquaire imprégnée d’insecticide pour tissus
- Utiliser des insecticides à l’intérieur (diffuseurs électriques) des habitations et à l’extérieur (serpentins)
- Brancher la climatisation si possible (les moustiques n’aiment pas les endroits frais)
Au retour du voyage :
- Consulter un médecin en cas de : douleurs articulaires, douleurs musculaires, maux de tête, éruption cutanée avec ou sans fièvre, conjonctivite
- Si l’on est contaminé : éviter de se faire piquer (si un moustique de type Aedes sain pique une personne contaminé, il existe un risque de diffusion)
Conseils aux professionnels de santé
Les autorités sanitaires rappellent qu’il faut signaler à l’ARS tout cas de dengue, de chikungunya ou du virus Zika, tout comme les cas de virus du Nil Occidental (maladies à déclaration obligatoire).
Ce signalement permet aux ARS de mettre rapidement en œuvre des mesures de gestion autour des cas.
Ainsi, pour éviter la mise en place d’un cycle de transmission autochtone de ces maladies, une enquête est réalisée autour de chaque cas humain recensé dans un département où le moustique tigre est installé. Si le moustique est effectivement présent autour du domicile du malade, des traitements insecticides peuvent être réalisés par des opérateurs de démoustication habilités par l’ARS.
Enfin, de façon générale, les autorités soulignent que c’est la somme de mesures individuelles et collectives qui permet de diminuer la transmission : ainsi, il est important de rappeler l’importance d’autres mesures préventives, notamment la lutte contre les gîtes larvaires (suppression des eaux stagnantes à l’intérieur et autour des habitats (conseils à retrouver sur le site de l’Anses). Le moustique tigre est essentiellement urbain, et une fois installé dans une commune ou un département, il est pratiquement impossible de s’en débarrasser.
Ministère de la Santé. Cartes de présence du moustique tigre (Aedes albopictus) en France métropolitaine. 21 avril 2023.
Anses. Le moustique tigre. 24 avril 2023.