Une patiente de 54 ans ayant un antécédent de spondylarthrite axiale et périphérique secondaire à une maladie de Crohn décrit depuis trois semaines une douleur cervicale irradiant selon un trajet radiculaire C5 le long de la face antéro-externe de l’épaule droite, à type de brûlure sans déficit moteur. S’y associent une sensation fébrile, une hyperesthésie et une asthénie généralisée.
L’examen trouve une raideur cervicale associée à une hyperesthésie dans le territoire de C5. La force musculaire segmentaire est cotée 5/5 et les réflexes ostéotendineux des membres supérieurs sont présents et symétriques. Un avis dermatologique confirme le caractère herpétiforme de l’éruption maculovésiculeuse croûteuse associée (
La névralgie cervicobrachiale (NCB) C5 droite aiguë fait donc suite à une infection par le zona.
La patiente est mise sous traitement antalgique de palier 2. La prégabaline associée au traitement antiviral permet une bonne évolution clinique.
La névralgie cervicobrachiale (NCB) associe une douleur cervicale inconstante et une douleur de topographie radiculaire dans l’un ou les deux membres supérieurs. On distingue les névralgies cervicobrachiales communes et les névralgies cervicobrachiales symptomatiques plus rares (inflammatoires, infectieuses, tumorales).
Les NCB traduisent la souffrance d’une des racines nerveuses du plexus brachial : racine cervicale (C5, C6, C7, C8), ou plus rarement la première racine dorsale (D1).1
Les deux causes principales de la NCB commune sont l’arthrose et la hernie discale.1 Le rachis cervical ayant des mouvements plus prononcés et les vertèbres cervicales étant très mobiles, il est fréquent d’observer des disques intervertébraux détériorés dès l’âge de 30 ans avec une arthrose. Mais il existe également des NCB d’origine purement discale, qui traduisent une compression de la racine nerveuse par une hernie molle.
Les NCB symptomatiques recouvrent les lésions apparues après un traumatisme cervical (fractures, luxation), lors d’une infection du disque intervertébral (spondylodiscite infectieuse), une affection rhumatismale inflammatoire ou métabolique, en cas de tumeur, qu’elle soit bénigne ou maligne. Cette entité rare (moins de 5 % des cas) ne doit pas être négligée en présence de signes d’alerte (douleurs, déficit moteur, antécédents de cancer, de chirurgie…).
Les NCB symptomatiques peuvent être classées selon leur origine rachidienne (post-traumatique [fractures des corps vertébraux, des apophyses articulaires postérieures], infectieuse [spondylodiscites à germes banals, mal de Pott cervical], inflammatoire [spondylarthrite ankylosante, rhumatisme psoriasique], tumeurs malignes [métastases, maladie de Kahler, maladie de Hodgkin, tumeurs osseuses primitives] ou bénignes [ostéome ostéoïde, ostéoblastome, kyste anévrismal] et métabolique [spondylodiscite des hémodialysés, de la chondrocalcinose, de l’ochronose, voire de l’hémochromatose]) ou neurologique (syringomyélies douloureuses, rares tumeurs intramédullaires, méningiomes, neurinomes, méningoradiculites [zona, maladie de Lyme]).
Les NCB comportent deux types de douleur, nociceptive et neuropathique.
Le zona est une infection habituellement bénigne, mais peut être invalidante par ses complications, en particulier les douleurs qui peuvent persister après l’éruption. Il représente une cause rare de NCB. Malgré le caractère aigu et hyperalgique, l’évolution est en général favorable sous traitement médical associant un antalgique et un antiépileptique de deuxième génération au traitement antiviral du zona.
1. Mazières B. Chapitre 8. Cervicalgie et névralgie cervico-brachiale. In : Rhumatologie pour le praticien. Elsevier, 2018, p. 91-104.
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