Quatre ans après l’assassinat de trois enfants de l’école Ozar Hatorah à Toulouse, un pas de plus a été franchi dans l’horreur avec l’attentat perpétré à Nice le 14 juillet 2016. Responsable de 86 morts et de 458 blessés, il a affecté de nombreux enfants : 10 sont morts, le plus jeune avait 4 ans, et beaucoup ont été blessés physiquement, endeuillés (plus d’une centaine) et/ou traumatisés. Le massacre a commencé sur la Promenade des Anglais sous les fenêtres même de l’hôpital pédiatrique dont le service de psychiatrie a immédiatement organisé un dispositif d’accueil et de soins1 avec l’aide des intersecteurs de pédopsychiatrie des Alpes-Maritimes, du Réseau national des cellules d’urgence médico-psychologiques puis de la réserve sanitaire de l’Agence nationale de santé publique. Avec le soutien de la Direction générale de la santé un Centre d’évaluation et de soin du psychotraumatisme pédiatrique a été créé en janvier 2017. Le 19 juillet 2016, plus de 150 enfants et leurs familles avaient déjà été reçus. Une grande partie du travail a consisté à réorganiser le chaos intérieur des victimes et à participer à reconstruire un savoir vivre ensemble après le désordre dans lequel la société niçoise s’est brusquement sentie plongée.
En 2017, le centre a reçu 836 nouveaux cas, réalisé 2 458 consultations et suivi régulièrement 272 bébés, enfants et adolescents. Depuis l’attentat ce sont 2 200 enfants de 0 à 18 ans qui ont été vus, dont 24 bébés de moins de 3 ans (6 nés de femmes qui étaient enceintes la nuit du 14 juillet). L’intensité et la durée de l’exposition associées à la violence extrême et aux deuils sont responsables de manifestations sévères (trouble de stress post-traumatique, autres troubles anxieux, anxiété de séparation, troubles du sommeil sont les plus fréquents). Des enfants qui avaient tenu bon jusque-là ou dont les troubles n’avaient pas été repérés continuent d’affluer. Il y a encore aujourd’hui près de 10 nouveaux petits patients par semaine. Beaucoup d’enfants et de familles ont des difficultés à formuler une demande d’aide, à accéder aux soins et/ou à reconnaître le lien entre une difficulté et l’attentat.
S’articuler avec les dispositifs d’urgence dans les premiers jours, articuler la crise avec la post-crise, rester disponible au long cours, ce sont des défis que la pédopsychiatrie ne pourra relever que si on lui en donne les moyens. À Nice, notre pays a fait l’expérience, pour la première fois, d’un attentat touchant un très grand nombre d’enfants. Les effets de ces interventions et de cette mobilisation intense et prolongée sont lourds pour les équipes soignantes, justifiant la mise en place de dispositifs de formation, de supervision et d’analyse des pratiques. Au niveau national, la pédopsychiatrie, ses sociétés savantes comme la SFPEADA# se mobilisent. Mais en l’absence de littérature scientifique et de recommandations sur cette question, il est nécessaire de prendre appui sur ce drame pour apprendre. L’équipe de Nice met en place des études pour suivre et comprendre l’évolution de ces enfants et l’effet des interventions thérapeutiques. Extraire du chaos et de la souffrance une activité de recherche pour améliorer nos prises en charge, c’est aussi cela la résilience, pour les soignants et les chercheurs que nous sommes.
En 2017, le centre a reçu 836 nouveaux cas, réalisé 2 458 consultations et suivi régulièrement 272 bébés, enfants et adolescents. Depuis l’attentat ce sont 2 200 enfants de 0 à 18 ans qui ont été vus, dont 24 bébés de moins de 3 ans (6 nés de femmes qui étaient enceintes la nuit du 14 juillet). L’intensité et la durée de l’exposition associées à la violence extrême et aux deuils sont responsables de manifestations sévères (trouble de stress post-traumatique, autres troubles anxieux, anxiété de séparation, troubles du sommeil sont les plus fréquents). Des enfants qui avaient tenu bon jusque-là ou dont les troubles n’avaient pas été repérés continuent d’affluer. Il y a encore aujourd’hui près de 10 nouveaux petits patients par semaine. Beaucoup d’enfants et de familles ont des difficultés à formuler une demande d’aide, à accéder aux soins et/ou à reconnaître le lien entre une difficulté et l’attentat.
S’articuler avec les dispositifs d’urgence dans les premiers jours, articuler la crise avec la post-crise, rester disponible au long cours, ce sont des défis que la pédopsychiatrie ne pourra relever que si on lui en donne les moyens. À Nice, notre pays a fait l’expérience, pour la première fois, d’un attentat touchant un très grand nombre d’enfants. Les effets de ces interventions et de cette mobilisation intense et prolongée sont lourds pour les équipes soignantes, justifiant la mise en place de dispositifs de formation, de supervision et d’analyse des pratiques. Au niveau national, la pédopsychiatrie, ses sociétés savantes comme la SFPEADA# se mobilisent. Mais en l’absence de littérature scientifique et de recommandations sur cette question, il est nécessaire de prendre appui sur ce drame pour apprendre. L’équipe de Nice met en place des études pour suivre et comprendre l’évolution de ces enfants et l’effet des interventions thérapeutiques. Extraire du chaos et de la souffrance une activité de recherche pour améliorer nos prises en charge, c’est aussi cela la résilience, pour les soignants et les chercheurs que nous sommes.
# Société française de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent et disciplines associées.
1. Askenazy F, Chauvelin L, Gindt M, Thümmler S. Réponse pédopsychiatrique d’urgence à la suite de l’attentat terroriste du 14 juillet 2016 à Nice, en France. Arch Pediatr 2017;24:1220-7.
1. Askenazy F, Chauvelin L, Gindt M, Thümmler S. Réponse pédopsychiatrique d’urgence à la suite de l’attentat terroriste du 14 juillet 2016 à Nice, en France. Arch Pediatr 2017;24:1220-7.