Durant l’hiver 2023 - 2024, certains pays – dont la France et les États-Unis – ont déployé une campagne d’immunisation des nourrissons contre la bronchiolite à VRS avec le nirsévimab, anticorps monoclonal qui venait d’être approuvé. Aujourd’hui, les États-Unis publient les toutes premières données d’efficacité en vie réelle de cette campagne.

Dans cette étude cas-témoin publiée dans le bulletin épidémiologique hebdomadaire des Centers for Disease Control, le réseau de surveillance national New Vaccine Surveillance Network (NVSN) a été exploité pour évaluer l’efficacité du nirsévimab contre les hospitalisations pour bronchiolite à VRS entre le 1er octobre 2023 et le 29 février 2024. Les données provenaient de 4 villes ayant participé à la surveillance (Houston, Nashville, Pittsburgh, Seattle).

Sur plus de 1 000 bébés éligibles ayant été hospitalisés pour une bronchiolite, 699 ont été inclus, dont près de la moitié (47 %) étaient âgés d’entre 0 et 2 ans. Dans cette cohorte, 58 % avaient une infection à VRS confirmée par PCR (407 « cas ») et 42 % un test négatif (292 « témoins ») ; au total, 8 % avaient reçu une injection de nirsévimab au moins 7 jours avant la survenue des symptômes (le temps écoulé depuis l’injection allait de 7 à 127 jours, avec une durée médiane de 45 jours).

Parmi les cas confirmés de bronchiolite à VRS, 1 % avaient été immunisés avec le nirsévimab. Cette proportion était de 18 % parmi les cas témoins. Ainsi, l’analyse statistique – ajustée pour des variables comme l’âge à l’inclusion, le site d’inclusion et la présence d’une ou plusieurs comorbidités à risque de bronchiolite grave – a estimé que le nirsévimab a eu une efficacité de 90 % contre l’hospitalisation pour bronchiolite à VRS (IC95 % : 75 à 96).

Cette efficacité est supérieure à celle constatée dans l’essai clinique Harmonie de phase III, paru dans le NEJM en décembre 2023 (83 %, mais cette étude avait un suivi plus long, sur 3 mois). Les auteurs du rapport américain soulignent en effet que, en prenant en compte la totalité de la saison de VRS, l’efficacité attendue du nirsévimab devrait être inférieure à leur estimation car les niveaux d’anticorps issus de cette immunisation diminuent avec le temps. Ils soulignent toutefois que dans l’essais clinique Melody, qui testait l’efficacité de la molécule contre l’infection symptomatique nécessitant une prise en charge médicale, le nirsévimab est resté très efficace jusqu’à 150 jours après l’injection – ce qui est cohérent avec sa longue demi-vie de 63 à 73 jours.

Enfin, bien que la surveillance doive se poursuivre pour apporter des résultats plus robustes – notamment avec un suivi plus long et un nombre plus grand d’enfants immunisés –, les auteurs concluent que cette première estimation étaye la recommandation actuelle d’immuniser les nourrissons avec le nirsévimab pour prévenir les hospitalisations dues aux bronchiolites à VRS.

En France, des données préliminaires évoquées par Santé publique France sur près de 250 000 enfants immunisés dans les maternités suggère une efficacité située entre 70 à 80 %, mais les chiffres officiels n’ont pas encore été publiés.