Le Beyfortus (nirsévimab), utilisé à l’automne 2022 dans la première campagne d’immunisation massive contre le VRS, avait montré dans un essai de phase III son efficacité contre les infections, mais les résultats sur les hospitalisations étaient encore attendus. Ils viennent de paraître dans le NEJM.

En septembre 2023, certains pays en Europe (France, Espagne, Allemagne, Luxembourg) et les États-Unis ont organisé des campagnes d’immunisation avec l’anticorps nirsévimab, proposé à tous les nourrissons en prévision de leur première saison épidémique de VRS. Cet anticorps monoclonal avait reçu l’AMM européenne fin 2022, après la publication des résultats de l’essai Melody qui montraient une efficacité de 75 % contre la bronchiolite nécessitant un suivi médical. Toutefois, les résultats de son efficacité sur les hospitalisations n’avaient pas encore été dévoilés. C’est chose faite, avec la publication récente des résultats de l’essai Harmonie dans le NEJM.

Cet essai randomisé pragmatique a été conduit dans 235 centres, en France, en Allemagne et au Royaume-Uni, entre août 2022 et février 2023. Il a inclus 8 058 enfants (âge ≤ 12 mois ; âge médian de 4,5 mois au moment de la randomisation) nés à un âge gestationnel d’au moins 29 semaines – l’âge gestationnel médian était de 39 semaines et 85,2 % des enfants étaient nés à 37 semaines ou plus. Par ailleurs, l’un des critères d’exclusion était l’éligibilité à un traitement prophylactique par palivizumab (réservé aux nourrissons à très haut risque). Les résultats sont donc davantage généralisables que ceux des essais précédents.

Les nourrissons ont été randomisés selon un ratio 1 :1 pour recevoir soit une dose unique de nirsévimab en IM – de 50 mg si poids < 5 kg ou 100 mg si poids ≥ 5 kg – soit aucune intervention. Le critère principal de jugement était l’hospitalisation pour bronchiolite causée par le VRS. La gravité de la bronchiolite (saturation en oxygène < 90 % avec besoin supplémentaire d’oxygène) était un critère secondaire de jugement. C’était la première saison de VRS de ces enfants.

Résultats : 11 nourrissons dans le groupe nirsévimab (0,3 %) ont été hospitalisés pour une bronchiolite à VRS, contre 60 dans le groupe contrôle (1,5 %). Cela correspondait à une efficacité du nirsévimab de 83,2 % (IC95 % : 67,8 à 92,0 ; p < 0,001). Pour le critère secondaire, prenant en compte la gravité de la maladie, qui a concerné 5 enfants dans le groupe traité (0,1 %) et 19 dans le groupe contrôle (0,5 %), l’efficacité était évaluée à 75,7 % (IC95 % : 32,8 à 92,9 ; p = 0,004). Les analyses par sous-groupes (âge à l’inclusion ≤ 3 mois, entre 3 et 6 mois et > 6 mois ; poids ; âge gestationnel ; sexe…) ont montré des résultats similaires. Selon l’analyse par pays, l’efficacité du nirsévimab pour prévenir l’hospitalisation était de 89,6 % en France (où ont été recrutés 27 % des participants de l’essai), 74,2 % en Allemagne (22 % des participants de l’essai) et 83,4 % au Royaume-Uni (51 % des participants de l’essai).

Les événements indésirables non graves ont été suivis jusqu’au 31e jour après l’injection ; le suivi était de 12 mois pour les EI d’intérêt particulier (réactions d’hypersensibilité, thrombocytopénie…), ceux ayant nécessité une assistance médicale et les EI graves. Il y a eu, chez les enfants qui ont reçu le nirsévimab, 86 EI considérés comme en lien avec le traitement. Les EI graves ont concerné 1,7 % des enfants du groupe contrôle et 2,2 % du groupe nirsévimab dont 1 cas considéré en lien avec le traitement.

L’essai Harmonie a donc montré que le nirsévimab confère une bonne protection contre l’hospitalisation pour bronchiolite à VRS chez les nourrissons durant leur première saison en contact avec ce virus, dans des conditions proches de celles de la vraie vie.

Délivré uniquement à l'hôpital jusqu'à maintenant, sera-t-il disponible en ville cette année ?

Pour en savoir plus
Drysdale SB, Cathie K, Flamein F. Nirsevimab for Prevention of Hospitalizations Due to RSV in Infants.  N Engl J Med 2023;389:2425-35.

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