De nouveaux opioïdes de synthèse, les nitazènes, circulent actuellement en France sur le marché des drogues illicites. L’ANSM alerte sur leur dangerosité redoutable : plus puissants que d’autres opioïdes, ils entraînent un risque élevé de dépendance et de surdose, même à faible dose. Que faut-il savoir en MG ?

Nitazènes : de quoi s’agit-il ?

Cette nouvelle classe d’opioïdes a une structure chimique commune de type benzimidazole (« dérivés benzimidazolés »). La plupart d’entre eux sont plus puissants que la morphine.

Ces produits se présentent sous forme de poudre, comprimé, liquide, dans des sprays pour instillation nasale ou dans des e-liquides. Ils y sont présents seuls ou associés à d’autres substances psychoactives, parfois à l’insu des usagers. En effet, ils ont été détectés dans des échantillons supposés d’héroïne, de fentanyl, de cocaïne, de kétamine... Ils sont injectés, inhalés ou consommés par voie nasale ou rectale.

Quels sont les dangers ?

Comme pour les autres opioïdes, ces dérivés benzimidazolés peuvent provoquer des surdoses associant des troubles de la conscience, une dépression respiratoire et un myosis (pupille rétrécie). Ces surdoses peuvent survenir brutalement, dans un délai très court après la prise, ou se manifester plusieurs heures après. En raison de leur puissance, elles peuvent entraîner une mise en jeu du pronostic vital.

En Angleterre et en Europe de l’Est, plusieurs dizaines de décès en lien avec des nitazènes ont déjà été rapportés depuis 2023. En France, un premier cluster de cas a été identifié par le réseau d’addictovigilance à partir de début 2023, avec deux décès rapportés.

De manière préventive, il est recommandé pour les usagers et/ou leur entourage d’avoir à disposition un ou plusieurs kits de naloxone, antidote en cas de surdose. Mais attention : la dose nécessaire peut être supérieure à celle administrée pour d’autres opioïdes.

L’usage chronique des nitazènes expose également à un risque de tolérance (nécessité d’augmenter les doses pour obtenir les mêmes effets recherchés) et de dépendance.

Compte tenu de ces risques, les autorités ont décidé l’inscription de ces composés sur la liste des stupéfiants : la production, la vente et l’usage sont interdits à partir du 9 juillet 2024.

Comment suspecter une surdose aux nitazènes ?

Les nitazènes ne sont pas détectables par un dépistage urinaire classique.

De plus, la présence d’héroïne n’exclut pas celle d’un nitazène associé dans le produit consommé.

Il faut y penser devant une surdose supposée aux opioïdes avec négativité des analyses toxicologiques de première intention, ou devant une surdose supposée aux opioïdes avec positivité du dépistage aux opiacés mais résistant à l’administration de doses usuelles de naloxone.

L’ANSM rappelle que tout professionnel de santé qui a connaissance d’un cas grave lié à un abus et/ou une dépendance et/ou un usage détourné d’une substance, plante, produit ayant un effet psychoactif doit le déclarer sans délai sur le portail signalement-sante.gouv.fr .

Comment prendre en charge une personne en surdose d’opioïdes ?

  • Contactez immédiatement un service d’urgence ;
  • En cas de possession de naloxone par la personne ou son entourage, administrez-lui l’antidote en attendant les secours ;
  • Maintenez la personne éveillée jusqu’à l’arrivée des secours.

En cas d’inefficacité et/ou de suspicion d’une surdose aux nitazènes, compte tenu de leur puissance d’action et de l’effet de courte durée de la naloxone, répéter l’administration de naloxone.

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