Le calendrier vaccinal pour l’année 2023 vient d’être publié par le ministère. Nouvelles vaccinations recommandées, mise à disposition de nouveaux vaccins, campagnes en perspective, extension des compétences vaccinales… On vous dit tout !

Vaccination contre les rotavirus

Schémas vaccinaux

Elle est désormais recommandée chez l’ensemble des nourrissons âgés de 6 semaines à 6 mois.

Deux vaccins, vivants et buvables, sont disponibles :

  • Rotarix : schéma à deux doses, à 2 et 3 mois de vie ;
  • Rotateq : schéma à trois doses, à 2, 3 et 4 mois de vie.

Le strict respect de ce calendrier est primordial afin d’assurer la complétude du schéma vaccinal avant l’âge limite (6 mois pour Rotarix et 8 mois pour Rotateq).

Pour ces deux vaccins, la première dose doit être administrée avant l’âge de 16 semaines (mais pas avant 6 semaines), et il faut respecter au moins 4 semaines entre chaque dose. Il est recommandé de réaliser le schéma vaccinal complet avec le même vaccin

Ils peuvent être co-administrés avec les autres vaccins du calendrier du nourrisson, en particulier avant les vaccins injectables prévus lors de la même consultation, pour participer à l’antalgie des piqûres, en complétant par la succion (tétine, index, sein), ces vaccins étant très sucrés. L’administration doit se faire lentement dans le creux de la joue (v. aussi notre fiche pratique).

Chez le nourrisson prématuré, le vaccin peut être administré à la même posologie et selon le même calendrier (1re dose au moins 6 semaines après leur naissance), à condition que la durée de la grossesse ait été de 25 semaines ou plus (pour Rotateq) ou de 27 semaines ou plus (pour Rotarix).

Contre-indications et précautions

Ces vaccins sont contre-indiqués chez les nourrissons ayant des antécédents d’invagination intestinale aiguë (IIA) et chez ceux ayant une malformation congénitale de l’appareil gastro-intestinal pouvant prédisposer à une IIA.

Une information claire sur le risque d’IIA dans les 7 jours suivant la première dose doit être systématiquement et immédiatement délivrée aux parents, en précisant que l’IIA est un phénomène qui peut se produire spontanément, en dehors de toute vaccination contre les rotavirus, mais qu’il existe une légère augmentation de sa fréquence dans la semaine qui suit l’administration de ces vaccins. Elle doit faire expressément mention des signes cliniques évocateurs d’IIA(douleurs abdominales avec pleurs et pâleur, vomissements, rectorragies) et inciter les parents à consulter aux urgences, pour un diagnostic précoce et une prise en charge médicale (la gravité étant souvent liée à une prise en charge tardive).

S’agissant de vaccins vivants, ils ne doivent pas être administrés aux enfants ayant une immunodépression connue ou suspectée (dont une infection par le VIH), en raison du risque de survenue de cas sévères de gastro-entérite aiguë à souche vaccinale de rotavirus. De plus, ces enfants ont un risque de portage pendant plusieurs mois de la souche vaccinale dans les selles. 

D’autres précautions doivent également être prises, notamment des mesures d’hygiène après chaque change, chez les enfants en contact étroit avec des personnes immunodéprimées (patients atteints d’affections malignes ou des patients sous traitement immunosuppresseur…), car le portage de la souche vaccinale peut perdurer pendant quelques semaines avec une possibilité de transmission à des sujets à risque.

La vaccination contre le rotavirus doit être différée chez les nourrissons ayant une diarrhée ou des vomissements, ou une maladie fébrile sévère aiguë (en veillant à ne pas dépasser l’âge limite).

Enfin, le ministère rappelle que ces vaccins ne protègent pas contre les gastro-entérites aiguës dues à d’autres causes que le rotavirus : leur prévention, qui repose sur le maintien des mesures d’hygiène (lavage des mains, nettoyage des surfaces) et l’allaitement maternel, reste donc essentielle, y compris après la vaccination.

Vaccination annuelle contre la grippe saisonnière

Elle peut désormais être proposée aux enfants sans comorbidité âgés de 2 à 17 ans révolus

Le vaccinpar voie intranasale (Fluenz Tetra) est à utiliser préférentiellement dans cette population, selon les recommandations de la HAS. Schéma : une dose de 0,1 mL dans chaque narine ; chez les enfants < 9 ans n’ayant pas été auparavant vaccinés contre la grippe saisonnière, une seconde dose est à administrer après un intervalle d’au moins 4 semaines. 

S’agissant d’un vaccin vivant, il ne doit pas être utilisé chez les immunodéprimés, et il doit être utilisé avec précaution chez ceux en contact étroit avec des personnes immunodéprimées. Reste à savoir s’il sera disponible pour la saison 2023-2024 (pas encore commercialisé aujourd’hui en France).

En cas d’indisponibilité de Fluenz Tetra, les autres vaccins antigrippaux disposant d’une AMM chez l’enfant peuvent être utilisés : 

  • Fluarix Tetra, Vaxigrip Tetra ou Influvac Tetra : à partir de 6 mois, une dose (suivie d’une seconde après 4 semaines pour les < 9 ans non vaccinés auparavant) ; à partir de 9 ans, une dose.
  • Flucelvax : entre 24 mois et 8 ans révolus, une dose (suivie d’une seconde après 4 semaines pour les < 9 ans non vaccinés auparavant) ; à partir de 9 ans, une dose. Mais ce vaccin n’est pas encore commercialisé en France à ce jour.

Vaccination contre les HPV

Dès la rentrée scolaire 2023, la vaccination contre les infections à papillomavirus humains (HPV) sera proposée gratuitement à l’école à tous les élèves de 5e volontaires, comme annoncé par le gouvernement.

Pour rappel, cette vaccination est aujourd’hui recommandée pour toutes les filles et tous les garçons de 11 à 14 ans révolus (schéma vaccinal à deux doses à 6 mois d’intervalle), mais aussi en rattrapage de 15 à 19 ans révolus (avec un schéma à trois doses à M0, M2, M6) et chez les HSH jusqu’à l’âge de 26 ans (même schéma). Toute nouvelle vaccination est à initier avec Gardasil (nonavalent).

Nouveaux vaccins

Le vaccin MenQuadfi, vaccin antiméningococcique tétravalent conjugué à l’anatoxine tétanique, complète l’offre de vaccination contre les infections invasives à méningocoques des sérogroupes A, C, W, Y. Il est indiqué à partir de l’âge de 12 mois. Pour rappel, les recommandations vaccinales concernant les infections invasives à méningocoques, ainsi qu’à Haemophilus influenza de type b, sont susceptibles d’être modifiées en fonction de l’évolution du nombre de cas.

Le vaccin Dengvaxiaa eu une extension de l’indication chez les 6 à 45 ans, à la suite d’une nouvelle AMM en 2021. C’est un vaccin vivant atténué tétravalent indiqué en prévention de la dengue due aux sérotypes 1, 2, 3 et 4 chez les personnes ayant un antécédent d’infection par ce virus et vivant dans des zones d’endémie (les recommandations vaccinales restent inchangées).

Covid-19 et Mpox

Non détaillées dans ce calendrier vaccinal, les vaccinations contre le Covid-19 et le Mpox (variole du singe) peuvent être amenées à évoluer : elles peuvent être consultées régulièrement sur les sites internet du ministère de la Santé et de la HAS.

Concernant le Covid, la HAS recommande actuellement une campagne vaccinale couplée à celle contre la grippe saisonnière à l’automne chez les personnes à risque de forme grave (une dose supplémentaire au printemps est recommandée pour les publics particulièrement fragiles).

Extension des compétences vaccinales

Après l’extension des compétences vaccinales intervenues dans le calendrier 2022 (infirmiers, pharmaciens, sages-femmes pour certains vaccins), la loi de financement de la Sécurité Sociale pour 2023 a encore étendu ces compétences en matière de prescription et d’administration des vaccins :

  • La prescription, l’administration et le remboursement de vaccins sont ouverts aux pharmaciens d’officine, pharmacies à usage intérieur, infirmiers et laboratoires de biologie médicale.
  • L’administration de vaccins est ouverte aux étudiants de 3e cycle de médecine.
  • Les sages-femmes peuvent désormais vacciner l’ensemble de la population.

Les conditions d’application de ces nouvelles compétences (formation, traçabilité…), ainsi que la liste des vaccins et le public cible pour chacune de ces professions de santé, seront précisés par des textes réglementaires qui seront publiés dans le courant de l’année 2023.

Rappel sur la vaccination contre la varicelle

Compte tenu de l’épidémie de varicelle qui sévit dans certaines régions actuellement, les recommandations sur la vaccination en post-exposition sont ici rappelées : elle est recommandée dans les 3 jours suivant un contact avec un cas de varicelle ou de zona pour toute personne immunocompétente de plus de 12 ans (à l’exclusion des femmes enceintes), sans antécédents de varicelle ou de vaccination contre la varicelle.

Le schéma comprend deux injections séparées de 4 à 8 semaines (Varivax) ou de 6 à 10 semaines (Varilrix). Les personnes à risque de varicelle grave ayant une contre-indication à la vaccination (immunodéprimés, femmes enceintes) doivent bénéficier d’une prophylaxie par l’administration d’immunoglobulines spécifiques.

Encadre

Bilan des 11 vaccinations obligatoires chez les enfants depuis 2018

Le calendrier vaccinal comporte également le troisième bilan annuel des obligations vaccinales : celui-ci montre, grâce à l’analyse des certificats de santé du 24e mois, une progression des couvertures vaccinales à 2 ans chez les enfants nés en 2018 par rapport à ceux nés en 2017 :

  • Pour le vaccin pentavalent, 3 doses (DTP, coqueluche, Haemophilus influenzae de type b), elle est passée à 96,4 % pour les enfants de 24 mois nés en 2018, par rapport à ceux nés en 2017 (95,4 %), au même âge.
  • Pour le vaccin contre l’hépatite B, 3 doses : 95,2 %, contre 91,8 %.
  • Pour le vaccin contre le pneumocoque, 3 doses : 95 % contre 93,1 %.
  • Pour le vaccin ROR, 2 doses : 90,4 % contre 86,3 %.

Ce bilan rapporte également une augmentation de l’adhésion à la vaccination en général (82,5 % en 2021).

Pour en savoir plus
Ministère de la Santé et de la Prévention. Le calendrier des vaccinations. 12 avril 2023.

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