Compte tenu de la recrudescence des infections invasives à méningocoques, la HAS redéfinit la stratégie vaccinale, à la fois chez les nourrissons et les adolescents. Le Collège de la médecine générale s’interroge néanmoins sur la pertinence d’introduire une vaccination obligatoire par le tétravalent à 6 mois et propose qu’une concertation soit organisée sur ce point.

Le 7 mars 2024 la HAS a émis des nouvelles recommandations sur la stratégie de vaccination contre les infections invasives à méningocoques ACWY. Elle recommande la vaccination tétravalente pour tous les nourrissons, en remplacement de la vaccination méningococcique dirigée contre le sérogroupe C, avec 2 doses (6 mois et rappel à 12 mois), et pour tous les adolescents entre 11 et 14 ans ainsi qu’un rattrapage chez les 15 - 24 ans.

Le calendrier vaccinal 2024 introduit l’objectif de cette vaccination tout en faisant cohabiter la vaccination obligatoire à 5 mois par le vaccin antiméningocoque C. Toutefois, le calendrier vaccinal précise que « dans l’attente de différentes étapes réglementaire, ce nouveau schéma n’est pas encore applicable car non remboursé ».

Même si le Collège de la médecine générale est globalement favorable à ces recommandations, il s’interroge sur la pertinence d’introduire une vaccination obligatoire par le tétravalent à 6 mois et propose qu’une concertation soit organisée sur ce point.

Les arguments mis en avant sont les suivants :

  • Cette vaccination à 6 mois ne semble plus totalement justifiée pour le sérotype C dont l’incidence est actuellement très faible (5 cas de d’IIM C tout âge confondu en 2023).
  • Pour les sérotypes W et Y :
  • La mise en place efficace d’une vaccination par un tétravalent à l’âge de 12 mois (vaccination obligatoire), chez les 11 - 14 ans et en rattrapage jusqu’à 24 ans devrait permettre la mise en place rapide d’une immunité de groupe et une protection des plus jeunes.
  • Un rendez-vous vaccinal supplémentaire à 6 mois dans un calendrier bien chargé représente une contrainte pour les parents et les soignants.
  • Si cette décision était prise, la France serait le seul pays d’Europe, en dehors de Malte, à recommander 2 doses de vaccins tétravalents dans la première année de vie.
  • L’ajout d’une dose vaccinale obligatoire à 6 mois nécessite de prévoir une cotation spécifique COD avec prise en charge à 100 %.
  • Décider de cette vaccination obligatoire à 6 mois implique que le rapport bénéfice/risque et le rapport coût/efficacité soient décisifs. Or, le rapport de la HAS ne contienne pas d’étude médico-économique réalisée en France (à savoir : le coût d’une dose de Nimenrix à 6 mois correspondrait à environ 33 millions d’euros/an : 41,23 € X 800 000).